Tigre et loup, où est la proie ? [pv] ST

Les Mains Sanglantes Messages : 28

[Lieu : La Montagne]

*Enfin chez moi*

Au pied de la montagne, une jeune fille observait le chemin face à elle. Son regard froid observait attentivement le paysage. La terre était humide, des traces de pas fraîchement imprimées trahissaient le passage d'un groupe de trois hommes ou pour être exacte de deux hommes et d'une femme. Une bouteille vide avait été abandonnée, un bracelet avait été perdu ; ces personnes étaient venues en montagne se divertir. Elles devaient certainement être à moitié ivres si ce n'est complètement. La jeune fille s'amusa à calculer les chances de survies de ces intrus. Un vague rictus déforma ses traits alors qu'elle estimait qu'ils devaient être déjà morts. Cependant, s'il y avait une infime chance qu'ils soient encore en vie, ces malheureux auraient toutes les raisons du monde de le regretter puisque Les Mains Sanglantes sauraient les retrouver.

*Après tout, ils sont sur mon territoire.*
Une lueur de folie brilla dans le regard obscur de la jeune enfant qui se mit à avancer d'un pas souple et léger sur le chemin. Celui-ci était large et présentait un alentours accueillant. Le chant des oiseaux étaient envoûtants et les rayons encore faibles du soleil perçaient à travers les feuillages, créant de chaleureux halos de lumières. Une atmosphère agréable se dégageait de ce lieu mais les apparences ne trompaient nullement la demoiselle. Celle-ci savait qu'à chaque tournant, qu'à chaque coin d'ombre guettait la mort. Elle savait aussi qu'elle en était actuellement le messager principal.

Un sourire froid apparut sur ses lèvres alors que dans son esprit raisonnaient les rumeurs du peuple. Les Reihô éliminaient les êtres qui erraient sur leur montagne ? Ayumi en rit intérieurement. Cette rumeur était fausse, les Reihô n'avaient aucune raison de se souiller les mains car leur territoire était merveilleusement protégé par toutes les étranges créatures qu'elle y abritait : animaux, Nushi et la plus récente : Ayumi, simple mortelle.

Cette dernière avait fait de la montagne sa demeure un an après la mort de ses parents, mais cela faisait quatre mois qu'elle n'y était pas revenue, errant sur le droit chemin. A présent, elle allait pouvoir retrouver son domicile qui n'était rien d'autre qu'une petite grotte, située derrière une magnifique cascade. Le lieu était humide, bruyant mais elle le trouvait agréable et confortable. De plus sa condition ne lui permettait pas de jouer les difficiles alors elle se contentait de ce qu'elle trouvait et elle estimait être plutôt bien tombée. Ce lieu avait pour avantage d'être caché par la chute d'eau qui au passage masquait son odeur, vis à vis de ses prédateurs potentiels, c'était parfait ; vis à vis de ses proies aussi.
La cascade avait un autre avantage : elle n'était pas très éloignée du pied de la montagne. Il ne devait y avoir en ligne droite que deux heures de marche permettant ainsi à la jeune fille de rejoindre aisément les terres peuplées desquelles elle ne tenait pas à s'éloigner de trop. De plus Ayumi s'était refusée de monter plus haut sur ce territoire sacré car, bien qu'elle ne sache pas où était exactement leur demeure qu'elle estimait au sommet étant donné que c'était certainement le point le plus difficile d'accès de la montagne, elle tenait à rester loin des Reihô ; tout en étant suffisamment proche d'eux.
Cette demeure et son caractère qui la faisait constamment bouger lui permettait d'être à un emplacement stratégique. De son point de vue tout était à portée de main que ce soient les proies de la ville ou les seigneurs de la montagne. Elle avait tout pour elle. A chaque fois qu'elle y pensait, elle en était fière. Elle était fière d'avoir réussi à survivre par elle-même, d'avoir trouvé un foyer agréable, d'être forte et indépendante... contrairement aux autres misérables.

La jeune fille marchait paisiblement en forêt.
Dix minutes auparavant elle avait d'un bond atterri sur une branche basse afin de quitter le chemin sans laisser a priori de trace sur la direction qu'elle avait pu prendre. Elle s'était déplacée sur une centaine de mètres, d'arbres en arbres puis avait retrouvé la terre ferme et avait tranquillement poursuivit son chemin.
Son ouïe était attiré par des petits bruits, une branche qui craque, des feuilles qui se froissent, des sons aussi bien produits par le vent que par des animaux qui erraient par ici. Elle ne s'y attardait pas, elle s'avançait. Son odorat était par moment chatouillé par une étrange odeur, familière, apporté par le vent. Elle appréciait cet instant. La nature était calme et elle rentrait chez elle tandis que le soleil se levait. L'aube était une heure magique et parfois surprenante. La jeune fille avait souvent fait des rencontres inattendues à cette heure-ci de la journée. Ce n'était pas toujours agréable mais parfois cela lui faisait des bons moments, divertissants.

Ayumi finit par arriver à une zone à peine plus dégagée de la forêt qu'elle nommait le départ. A cet endroit, elle s'arrêta. Son regard parcourut l'horizon puis s'éleva vers le ciel. La lumière lui fatiguait déjà les yeux mais le jour était encore bien jeune, elle pouvait atteindre son modeste logis sans se soucier du soleil. Son regard s'abaissa pour observer à nouveau le lieu puis s'approchant de la pierre centrale, elle souffla :

_ Cela fait longtemps, n'est ce pas ?

Elle ferma un instant les yeux, caressant du bout des doigts la garde de son sabre. Shieien était agité. Il l'avait été tout au long du chemin. Il l'était depuis le droit chemin. Elle l'était aussi.
Ils avaient senti sa présence.

_ Les vielles pattes du loup sont-elles toujours bonnes ?
Ayumi se tourna vers le chemin d'où elle était arrivée. Son regard perça l'horizon et dans un battement de cils, elle disparue.

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[Post précèdent]

Mise à prix, voila qui était quelque chose de rare. Il y avait des puissants qui, sans doute à cause de leur garde souvent proportionnelle à leur fortune, pensait être à l’abri de la colère de quelqu'un de déterminé... Des têtes allaient tombées, et pas seulement celles des trois fous qu'un inconscient avait engagé. Ainsi quelqu'un en voulait à la tête de cette chère petite Ayumi (si toute fois petite lui convenait...). Le fait qu'elle ait pu se mettre quelqu'un à dos était dans un sens tout à fait envisageable pour ne pas dire normal, mais de la à ce que quelqu'un passe à l'acte... Cet acte de témérité serait sans doute lourd de conséquence et connaissant la perle qui en était la cible, Azhdar se doutait que le massacre ne s'arrête qu'au simple protagoniste du litige. Sans doute que la famille y passerait aussi et si "les mains sanglantes" était en forme les serviteurs aussi, peut être même les animaux domestiques. La garde elle, il était inutiles de préciser son sort...

Azhdar revint au problème (enfin au contre temps, Ayumi ne s'entravait jamais de problèmes, elle était trop entière pour ça) le plus proche. Trois assassins d'élites, ils se faisaient passer pour des pochtrons mais son flair de loup était catégorique, ils n'étaient pas imbibés, l'odeur d'alcool n'était pas mélanger à leur haleine, ils en avaient au plus sur les vêtements. En soi, le fait que cela soit des assassins d'élite n'était pas un problème, Ayumi en avait vu d'autre, quand à lui il n'interviendrait pas, après tout cette histoire ne le con cernait pas et il n'y avait rien de plus mal poli à ses yeux que d'intervenir dans un combat auquel on est pas convié comme un cheveu sur la soupe. Maintenant si Ayumi lui faisait la demande c'était autre chose, seulement la aussi la connaissant cela risquait d'être peu probable, à moins qu'il ne constitue le plat de résistance. De ce qu'il savait il avait toujours été impossible de les départager, peut être essayerai-elle de mettre fin à cela aujourd'hui.

En ce qui le concernait lui, il prétextera de l’avertir, faussement bien sur, pour revoir une vieille amie. Sans rire, il voyait déjà d’ici la scène qui allait se passer, il lui annoncerait un truc qu’elle saurait déjà, elle, d’humeur massacrante répondrait par un hochement de tête dans le meilleur des cas. Il se poserait ensuite et assisterait, tout frais payé ou presque à un joyeux carnage dont le temps ne dépendrait que du niveau des assassins. Etant donné que ces derniers constituaient l’élite cela prendrait bien cinq ou six bonnes minutes, cinq si elle était expéditive, six si elle était d’humeur joviale…

Azhdar n’était plus très loin, il le savait parce que Morkaï vibrait dans son dos et surtout parce qu’une odeur forte de sang inondait les parages. Ayumi était en mouvement, il se devait donc de la rattraper pour pouvoir tailler la bavette un petit peu entre deux ou trois éviscérations. Ce n’était pas la première fois qu’il devait la coursée, à chaque fois, c’était loin d’être une promenade de santé, pourtant à ce jour il n’avait jamais perdu sa trace et ce n’est pas aujourd’hui que cela commencerait ! La symphonie des tendons et des muscles qui se contractent entama directement avec de grandes embardées lyriques car il parti prestement. Il sauta de branche en branche, passait par le sol de temps en temps mais sans bruit et avec une agilité sans égale avant de retourner un peu plus haut. Il fini par l’apercevoir peu de temps après et la rattrapa progressivement. Il attendit d’être à sa hauteur et commença simplement :

« Toujours en quête d’un apéritif digne de ce nom ma grande ? »

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Il la suivait. Il était derrière elle. Il se rapprochait. Il la rattrapait. Elle l'admirait.
Il avait cette agile capacité à se déplacer à une allure plus que soutenue sans émettre le moindre son. Il savait faire du terrain son ami, du vent son allié. Il était un prédateur accompli, un être parfaitement habitué à la forêt donc un adversaire redoutable en ce milieu. Elle le savait. Elle l'avait affronté. Elle n'en était pas ressortie indemne, lui non plus d'ailleurs.
Ayumi sentait la présence de cet être se faire de plus en plus forte. Shieien était de plus en plus agité. Elle ne comprenait pas pourquoi il en était ainsi. Elle avait naïvement liée cela à l'excitation parce qu'elle savait qu'avec lui les combats étaient... doux. A moins que ce ne fut parce qu'il était une des rares personnes qu'elle considérait comme un réel adversaire ? Sans doute était-ce le cas puisqu'il n'y avait en ce monde que très peu de personne que la jeune fille avait rencontré et qui avait su gagner son respect.

Derrière elle. Il était juste derrière elle. Il arriva à sa hauteur. Elle ne tourna pas la tête. Elle gardait le regard fixé droit devant. Elle continuait de courir, le rythme toujours soutenue, elle n'avait pas l'intention de ralentir. En revanche accélérer, peut-être. Son oreille entendit les paroles qu'il avait prononcé. Elle eut un sourire froid. Elle ne lui fournit aucune réponse mais accentua la poussée, augmentant le rythme de la course. Elle savait qu'elle ne réussirait pas à le distancer, c'est qu'il courrait vite le bougre ! Elle n'oubliaient pas qu'il avait tout de même réussi à la rattraper malgré la brève avance qu'elle avait eu sur lui. Ayumi ne se faisait aucune illusion mais elle ne voulait pas que ce soit trop facile. Le point d'arrivée était encore suffisamment loin pour qu'elle puisse arriver la première ou au pire en même temps que lui, ce qui en soit était bien plus que probable. Peut-être même arriverait-il avant elle ? Cette pensée fut immédiatement mise à l'écart. Il était certes rapide mais elle aussi. Elle pouvait aussi bien courir que lui, il le savait.

D'un coup Ayumi freina. Ses chausses s'enfoncèrent légèrement dans la terre boueuse, elle manqua de perdre l'équilibre seulement l'expérience et l'agilité firent qu'elle sut le garder.
Ayumi restait immobile, ses sens aux aguets. Elle huma l'air tandis que son regard scannait les alentours. Un sourire ironique s'installa en coin de lèvres. Elle souffla à l'attention de son vieil ami :

_ Pourquoi quérir quand il vient à moi ?
Certes, elle en aurait mis du temps pour répondre mais elle n'avait d'abord pas eu l'intention de le faire seulement les circonstances venaient de lui en donner une raison. En effet, un fort parfum avait chatouillé son odorat et un léger froissement son ouïe. Ils n'étaient plus seuls.

Ayumi caressa du bout des doigts la garde de Shieien, ce dernier lui réclamait du sang. Elle cherchait à l'apaiser, à le faire patienter. Bientôt, lui soufflait-elle intérieurement, bientôt il pourrait goûter à ce précieux liquide. Elle aussi. Sa gorge se serrait, elle avait soif. Oui, elle avait de nouveau soif de sang.

*Ils auraient mieux fait de trouver la mort plus tôt.*
La jeune fille tourna lentement la tête vers son compagnon. Elle l'observa de son éternel regard de glace de la tête aux pieds et des pieds à la tête avant de demander simplement :

_ Azdhar, voulez vous trinquez avec moi ?

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Elle forçait l'allure, un sourire léger se dessina sur le visage d'Azhdar; la jeune fille était une personne entière et c'est sans doute cela qu'il aimait chez elle, elle était vrai et simple, c'était rare de nos jours... Le jeu qui s'amorçait peu à peu était bien connu, Ayumi n'eu pas besoin d'en énoncer les conditions et le challenge commença naturellement.

Ayumi n'avait pas changée, il se dégageait de cette femme la même aura, une espèce de mélange entre une beauté parfaite et une tueuse de sang froid, une sorte de fruit défendu en quelque sorte. Les années et surtout son environnement n'avait rien altérer chez cette jeune femme décidément hors du commun. Azhdar décida de forcer le pas lui aussi, ne serait-ce que pour rester à distance raisonnable. Il poussait d'avantage sur ces appuis et cela faillit lui couter une chute à marquer dans les annales quand Ayumi décida de terminer la marche. Il se rétablit dans une figure aussi improbable qu'acrobatique mais tint le coup tout de même et alla se percher à distance raisonnable.

Ils étaient là, tout comme lui, la jeune femme les avaient senti. Ainsi elle lui proposait d'être de la partie, mais Azhdar connaissait le penchant d'Ayumi pour la gourmandise et il répondit, avec tout la politesse due à une amie de longue date qu'il n'interviendrait que s'il était attaqué pour se mettre hors de porté et laisser la jeune femme au centre des attentions.

Azhdar resta perché et attendit le début des hostilités. Deux des trois assassins ne tardèrent pas à se montrer et se préoccupèrent directement des "mains sanglantes". Azhdar ne se faisait pas de soucis, la jeune femme ne risquait rien, il se préoccupa donc plus du troisième des assassins qui en avait visiblement après sa modeste personne. Le jeune homme poussa un long soupir avant du parer un coup de sabre vicieux qui lui était destiné: l'assassin venait de se montrer... Alors qu’Ayumi avait eu les deux hommes, lui, avait eu le droit à la femme, c’est à croire que l’on se trouvait dans une séance de rencontre. Il para un second coup qu’il coinça entre ses doigts et il brisa la lame d’une geste vif et sec. Il toisa avec mépris cette intrépide et fit un bond puissant pour se sortir de la zone d’action de cette tueuse. Il lui fit comprendre clairement que leur groupe ne devait pas dépenser inutilement des forces si ils voulaient avoir ne serait-ce qu’une once de début d’esquiche de tentative d’approche de chance contre Ayumi les « mains sanglantes ». Il jeta un rapide coup d’œil vers son amie, tout se déroulait sans accros, un vrai chef d’orchestre qui respectait chaque mesure de cet opéra.

Il se re-concentra sur la tueuse qui n’en démordait pas et soupira encore, visiblement elle ne le lâcherait pas. Il se dit que parfois les gens devait savoir quelles étaient leurs priorités et surtout, il devait savoir quand ils étaient perdus ; Ayumi jouait avec eux mais pour combien de temps encore… Azhdar continua donc sur une série d’esquive et de fuites. Sur une de celle-ci il rattérrit une première fois à coté d’Ayumi :

« Ils sont chiant… »

Il repartit dans une autre série d’embardées avant de se recroiser une nouvelle fois la jeune femme :

« Peu de gens on le courage de mettre ta tête à prix, va falloir creuser l’affaire après… »

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Deux hommes, une femme, le compte y était. Ayumi fut légèrement déçue de la réponse négative de son compagnon mais elle en saisissait le fond. Il était bien généreux de lui laisser ces trois têtes, elle le remercia d'un discret salut puis elle se détourna de lui, ses adversaires venaient de se présenter.
Sa main serrée sur la garde de son sabre, elle était partagée entre deux actions : dégainer ou ne pas dégainer ? Shieien réclamait du sang, il voulait sortir de sa cage et dévorer les malheureuses âmes qui osaient avoir l'audace de s'en prendre à sa porteuse, mais si lui n'était pas regardant et facile à satisfaire, Ayumi, elle, se demandait si souiller sa lame pour de tels adversaires était indispensable. Elle ne voulait pas dégainer inutilement et si elle pouvait les tuer sans user de son arme, elle le ferait volontiers, préférant offrir un sang de meilleur qualité à Shieien. Ce dernier ne le comprenait pas ainsi. Il voulait prendre part au festivité, et elle devait l'avouer, elle aimait sentir le contact de son sabre entre ses mains. Elle ne se sentait complète qu'avec lui, un combat sans lui semblait dénué de sens. Après tout, il était une part d'elle-même et puis... elle devait oublier ses principes qui ne lui servaient à rien.

La jeune fille d'un geste de toute beauté libéra sa lame de son fourreau. Le chant de son sabre la berça doucement. Shieien était heureux, il respirait enfin. L'air libre lui était agréable, le sang aussi... Il n'aurait fallu que d'un geste, un seul, pour briser l'arme de son adversaire et lui infliger une plaie. Elle ne l'avait pas faite mortelle, ce n'était qu'une simple entaille, telle une mise en garde. Du torse de son adversaire coulait un filet de sang, la coupure était suffisamment proche du cou pour lui faire comprendre une chose : il était en vie parce qu'elle l'avait voulu.
La demoiselle regarda l'homme droit dans les yeux. Celui-ci ne recula pas mais elle put y lire une certaine hésitation. Elle eut un rictus en coin de lèvres, songeant qu'avec ce genre de comportement cet homme n'était définitivement pas prêt à lui faire face. Il était venu au moins une décennie trop tôt ; pourtant il était bien plus âgé qu'elle.
Ayumi fit volt face,sa lame para sans effort le coup porté par son second adversaire, celui-ci était resté légèrement en retrait mais semblait à présent bien décidé à l'affronter. Elle l'observa un instant, attendant un mouvement, ce fut le premier qui l'effectua. Il profitait d'une ouverture qu'il avait cru bonne, pas de chance, la demoiselle sut l'esquiver, s'arrangeant même pour que ses adversaires se blessent entre eux. C'était bien plus amusant ainsi.

Guidée par la voix de Shieien, Ayumi fut prise d'une folle envie de jouer avec les assassins. Si le combat n'avait tenu qu'à elle, il serait déjà terminé. Elle se serait contentée de deux coup de sabre, deux têtes qui tombent, point. Seulement, sa seconde nature faisait qu'elle avait besoin de faire soumettre un peu ses adversaires, elle voulait faire ressortir toute la faiblesse qu'il y avait en eux. Ainsi, elle fit un pari avec elle-même, lequel des deux hommes lui implorerait pitié en premier ? Elle allait s'amuser. Elle allait leur infliger une blessure après une blessure, juste pour voir qui allait céder, juste pour savoir lequel avait le plus d'esprit combatif.

Les minutes s'écoulèrent, Azhdar durant son jeu était venu lui parler deux fois, la première pour se plaindre, la deuxième pour parler. Si elle s'était contentée d'un hochement de tête pour la première fois, elle avait usé de paroles pour la seconde :
_ Si cela les amuse, laissons-les faire.
Simple et clair. Ayumi n'était pas inquiète de la mise à prix de sa tête. Bien qu'elle en était partiellement ennuyée car cela signifiait pour elle qu'elle aurait des êtres avides de gloire et de richesse à ses trousses, elle en était aussi ravie. Cela lui permettrait d'éviter de longues heures d'ennui. Elle qui détestait s'ennuyer, c'était parfait. De plus elle pourrait toujours perfectionner ses techniques sur ses misérables. En bref, les mises à prix l'arrangeaient : les seigneurs allaient dépenser pour des assassins compétents et elle, elle allait progresser. Cette pensée la faisait bien rire mais l'heure n'était actuellement pas aux rires... d'ailleurs quand avait-elle ri pour la dernière fois ? La jeune fille ne chercha pas de réponse, préférant se concentrer sur son combat.

Son regard glacé posé sur ses deux opposants. Elle ressentit au fond d'elle une certaine satisfaction. Ses deux opposants commençaient à être bien entamés et elle avait fait du beau travail.
Étrangement, le corps des deux hommes portait le même nombre de plaies mais le plus surprenant était certainement le fait que ces plaies étaient parfaitement identiques. La demoiselle avait parfaitement maîtrisé ses coups, perfectionnant son contrôle et sa précision. Elle n'avait pas voulu fournir d'excuses au perdant. Celui des deux hommes qui cédaient en premier était le plus faible, il ne pourrait que le reconnaître mais le ferait-il ? Elle en doutait.

Lentement, la jeune fille porta une de ses mains à ses lèvres. Sa langue alla en recueillir délicatement le sang. Il était doux. Elle se lécha tranquillement le dos de la main, nettoyant sa chair blanche de cette souillure rouge.

NON!
Trop tard. Sa lame venait de transpercer le crâne d'un de ses adversaires. Le regard mort de celui-ci la frôla. Elle dégagea Shieien.
Ayumi ne regarda nullement le corps s'effondrer au sol, ni ne prêta-t-elle attention à la main qui caressa sa cheville. Une lueur de haine brilla dans ses deux ébènes. Elle posa son regard dans celui du survivant. Elle venait d'abréger la souffrance d'un de ses opposants. Elle ne ferait pas la même erreur avec le second. Une légère atmosphère qui lui était caractéristique se fit ressentir autours de la demoiselle alors qu'elle se mit en garde, la pointe dans son dos (waki no kamae). Elle s'élança, sa vitesse était telle qu'elle savait parfaitement que ce malheureux serait incapable de la suivre.

Ayumi ne s'immobilisa qu'un instant plus tard, la pointe de Shieien logé dans le creux de la gorge de son adversaire. Elle le regardait droit dans les yeux et elle porta indifférente sa main à ses lèvres, en lapant paisiblement le sang. L'opposant, effondré à terre était dans l'impossibilité de se mouvoir. Elle lui avait coupé tous les ligaments.

_Dites moi, qui serait assez fou pour vouloir ma tête?
Finalement, elle était peut-être intéressée de le savoir.

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Voir ses deux compagnons réduit à presque rien en aussi peu de temps porta sérieusement atteinte à la tueuse qui commençait à voir le doute s'immiscer peu à peu dans sa motivation. Certes, ils faisaient partis de l'élite, mais la ils avaient eu la malchance de tomber sur plus vilain qu'eux, cela arrivait toujours un jour quand on vivait de la sorte. Azhdar regardait tout les stades qui se succédaient dans les yeux de son ennemie, le doute, la crainte puis la peur pour finir par le désespoir; décidément Ayumi avait fait les choses en grand. Quand il se fut assuré que toute volonté de combattre s'était éteinte chez la tueuse il alla retrouver Ayumi qui était entrain de finir avec le second de ses jouets.

"Lui ne parlera plus, tu l'as trop amoché pour cela, en revanche la demoiselle la bas devrait répondre à tes attentes..."

Un frisson d'effroi parcouru la tueuse qui tremblait à présent comme une feuille morte, elle était aussi inoffensive qu'un nouveau né, on pouvait presque voir des larmes coulées le long de ses joues, à croire qu'elle avait vu le diable en personne; fallait dire qu'avec Ayumi on en était pas si loin.

« Je me demande ce que tu as pu faire pour en arriver là, d’habitude tu es plutôt dans le genre discrète, aujourd’hui, je vois que tu t’es constitué un petit fan club tout à fait sympathique… »

L’univers que c’était créé la jeune fille était très particulier, au final, son monde était dangereux, au moins autant qu’elle et seul quelqu’un de sa trempe pouvait espérer y survivre. Azhdar observait la jeune femme procédé, d’un sang froid, pour ne pas dire glacial et d’une détermination à toute épreuve. En combat c’était un avantage indéniable, cependant aussi loin que remonte ses souvenirs, il ne l’avait jamais vu vraiment sourire ; c’était dommage, surtout pour une aussi jolie fille… Ayumi faisait partit de ses fleurs qui se nourrissent de sang et du bruit des combats, on était loin des archétypes plein de douceur et de poésie, même si il fallait reconnaitre que dans un bon massacre, elle faisait un bourreau à vous faire tourner (ou tomber) la tête. Azhdar sourit à cette pensée, il imaginait un prétendant éventuel, pour lui le chemin serait long et difficile. Décidément, on en faisait plus des comme elle, heureusement d’ailleurs.

Malgré son indifférence, Ayumi semblait néanmoins préoccupée par cette histoire. Ce n’était pas très surprenant, seul un fou ne s’en serait soucier. Il fallait prendre le mal à la racine avant que cette mauvaise herbe ne se développe de trop ; De cela, Ayumi devait très certainement en avoir conscience. Beaucoup de choses allaient se passer suite à cet événement. Azhdar sortit doucement de ses pensées :

« Alors ou tu en es ? Tu as fini, ci ne n’est pas le cas fait vite car elle va nous péter une durite tellement tu fous la trouille… Ensuite faudrait savoir ce que tu envisage de faire et si tu veux de moi comme compagnon pour te sortir (encore) de ce guêpier… »

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*Trop amoché ?*
Ayumi regarda sa victime. Il n'était pas si abîmé au point de ne plus pouvoir parler tout de même ? Elle ne s'en rendait pas compte mais le silence de l'homme et même son absence de cris ou de plaintes semblaient confirmer les dires de son compagnon.
*Je trouvai aussi qu'il était bien silencieux...*
Un léger rire de toute cruauté s'éleva de sa gorge alors qu'elle souffla :
_Vous avez raison.

Son regard se porta lentement sur la jeune femme présente. Celle-ci était grande, élancée, plutôt jolie mais tout à fait excitante. Ayumi se lécha d'un coup de langue sensuellement prédateur les lèvres. L'agneau tremblait de peur, elle l'a mettait en appétit. Captivée par cette nouvelle proie, la sanglante s'en approcha d'un pas lent. A peine avait-elle eu le temps de faire deux pas qu'un faible gémissement se fit entendre derrière elle. La jeune fille tourna la tête vers la source de ce son. Elle la regarda en coin et esquissa un sourire froid. Elle lui susurra :
_ Ne vous en faites pas, je reviendrai.
Puis, elle s'en alla à l'encontre de ce dernier jouet. Étrangement l'élite ne bougeait pas. Elle restait immobile, tremblante. Était-elle à ce point terrifiée ? Pourtant, étant une tueuse de haut niveau, elle devait avoir l'habitude de faire face à des créatures monstrueuses, non ? Quoi que les tueurs n'étaient pas des êtres particulièrement utilisés sur Tochi mis à part pour des cas très rares, comme des Utsuwa incontrôlables, des serviteurs en fugues, ou des dangers comme elle. Pour Ayumi, ces assassins n'étaient nullement prêts, certes ils auraient pu abattre n'importe quels Jinmin réticents mais pour une personne de son échelle, ils étaient loin d'avoir la force physique et mentale suffisante. A moins qu'elle fusse le cas particulier ? Cela n'avait aucune espèce d'importance.

Arrivée auprès de la jeune femme, Ayumi lui sourit et dans la même seconde elle se retrouva derrière elle, sa main sur sa nuque. Elle l'envoya voler sans ménagement contre un arbre. La tueuse eut à peine le temps d'en heurter le tronc que la sanguinaire l'épingla dessus grâce à Shieien. Suspendue à quelques centimètres au dessus du sol, l'arme plantée dans la clavicule, la demoiselle devait certainement souffrir.
Les Mains Sanglantes l'observait sans émotion. Elle écoutait également les paroles prononcées par son ami. Un fan club, qu'il disait... Comme quoi, elle avait plutôt bien réussi son coup finalement même si cela aura mis un peu plus de temps qu'elle ne l'avait pensé.
_ Je m'ennuyai alors j'ai laissé quelques proies m'échapper.

Ayumi s'approcha de sa nouvelle poupée, Michi en main. Son poignet effectuait un mouvement simple, dépliant et repliant le tessen avec lequel elle avait la douce intention de torturer la demoiselle afin qu'elle lui avoue ce qu'elle voulait savoir mais aussi pour le simple plaisir de l'entendre hurler. Elle posa le bord de son arme contre la gorge de sa proie et regarda celle-ci droit dans les yeux. La malheureuse victime affichait un semblant de sourire moqueur, déchiré par la douleur et la peur : elle avait envie de se moquer de son bourreau qui afin de la menacer se tenait sur la pointe des pieds, le bras levé, mais elle n'en avait pas la force.
La sanglante descendit doucement son arme, elle usa du tranchant pour entailler la chair de la tueuse jusqu'au niveau du nombril. Là, elle s'en approcha pour recueillir du bout de la langue le sang avant de murmurer :

_ Je peux abréger toutes vos souffrances si vous me donner un nom : celui de votre employeur. Et je peux...
Ayumi porta sa main sur Shieien, elle le tient par la lame qu'elle fit tourner légèrement de gauche à droite puis de haut en bas avant d'effectuer un mouvement circulaire.
_ ... les prolonger durant des jours si vous refusez de coopérer.
Un faible gémissement se fit à nouveau entendre de derrière elle. Son second jouet semblait confirmer ses dires. La jeune fille lança son éventail qui alla dans un envol magnifique trancher la gorge de ce malheureux avant de revenir se loger dans sa main. Elle essuya les quelques gouttes de sang.
_ J'attends.
Son regard se porta sur sa victime et la voix d'Azhdar se fit entendre. Le jeune homme semblait s'impatienter mais elle l'ignora, se concentrant uniquement sur sa poupée dont elle coupait, par ennui, les longs cheveux avant de la dépingler de l'arbre. La jeune femme tomba comme un sac mais ne put pas se relever : une lame était logée au dessus de sa gorge. Ayumi lui saisit délicatement le menton entre le pouce et l'index. Elle la força à relever la tête puis à la regarder dans les yeux tandis qu'elle enfonçait les ongles de son autre main dans le poignet sous clef de la tueuse. Elle lui fit clairement comprendre par son regard de glace qu'elle n'allait pas s'en tirer aussi facilement.
Ayumi attendait une réponse, elle l'aurait. Elle l'eut.
La tête roula à quelques mètres du corps ...
Ayumi se releva. Elle essuya sa lame sur son bras avant de la ranger d'un geste parfait dans son fourreau. Elle porta son regard sur Azhdar.

- Pensez vous qu'il connaisse le visage des tueurs qu'il a employé ?
La jeune fille avait envie de se divertir. Ce désir devait lui venir de son côté Akuyô car elle ressentait aussi l'envie de rentrer chez elle, de prendre un bon bain et de laisser cette affaire couler. Une telle situation se réglerait bien d'elle-même avec le temps, pensait-elle, et du temps, elle en avait.
Ayumi d'une part ne se souciait guère de ce mal ou ne serait ce qu'un peu vis à vis des troubles que cela pouvait apporter à son paisible quotidien mais d'autre part, elle s'en souciait parce qu'elle voulait en faire quelque chose : actuellement un jeu.

Si elle avait posé une telle question à son ami, c'était pour une unique raison : elle voulait l'envoyer là bas. Il annoncerait à l'employeur que la mission était accomplie, elle lui prêterait Michi en preuve s'il le fallait, et pendant qu'il raconterait le récit de ses exploits (que l'homme réclamerait sûrement pour mieux se réjouir de sa victoire) elle ferait le ménage parmi les serviteurs. Une fois ceci fait, elle rentrerait dans la salle, et elle se réjouirait de voir la tête qu'il ferait en la voyant.
Seulement, si l'homme connaissait le visage de ses tueurs alors ce projet tombait à l'eau. Mais la sanglante n'en serait pas plus affectée que cela. Il y avait toujours d'autres manières de se divertir et elle avait le don de les trouver très rapidement. Malheureusement elle s'en désintéressait aussi très vite.

_ Je me demande combien de Jinmin sont à son service...
S'ils étaient nombreux, peut-être le duo pourrait-il se défier à nouveau : qui des deux faisaient le ménage le plus rapidement ?

*Ou tout simplement se rendre à l'homme...*
Ayumi était accroupie auprès du corps de sa seconde victime, elle plongea le bout de ses doigts dans une plaie et soupira, dégoûtée. Elle n'aurait pas du le tuer, son sang était déjà froid, elle n'en avait plus envie. Dans un sens, cela l'arrangeait...

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Le grandiose et la mise en scène était des armes très efficace pour manipuler la population et quand il s’agissait d’instaurer la peur il fallait reconnaitre qu’Ayumi excellait à tous points de vue. Même si elle n’avait clairement pas dit ses intentions pour le moment son plan se dessinait peu à peu dans l’esprit d’Azhdar, après toutes ces années il commençait à comprendre L’esprit de la jeune femme, ce qui relevait de l’exploit, en tout humilité bien sur… Azhdar reporta son attention sur les trois victimes et en dépit des nombreuses blessures infligées à ces derniers elle avait fait un travail propre qui forçait le respect par sa minutie, en clair elle était en très grande forme… Azhdar revint à la question d’Ayumi, et cette dernière ne tarda pas à lui donner les quelques précisions qu’il attendait.

Ainsi un nushi avait une dent contre elle, sur ce coup là elle avait fait fort ; peut qu’en forçant un peu plus elle aurait pu remonter plus haut dans l’échelle mais ce n’était tout de même pas si mal et si il la provoquait elle était capable d’aller mettre un boxon pas possible chez les supérieurs de cette île juste pour lui prouver qu’elle avait raison. Ainsi elle comptait l’utiliser comme avant-garde, ne sachant pas vraiment à quoi sans tenir, c’était risqué mais il se dit qu’il avait besoin lui aussi d’un peu d’exercice et puis il ne laisserait pas Ayumi lui damner le pion toute la journée, Morkaï aussi réclamait du sang ! Azhdar pris le tensen avec un sourire énigmatique qui en disait long et se mit en route a allure soutenue proposant implicitement de relancer le jeu de tout à l’heure qui s’était malencontreusement terminé.

Malheureusement pour lui, Ayumi était quelqu’un de très attachant (pour ne pas dire collant), ils étaient à peu de chose près à égalité en nombre de victoire et à chaque fois cela s’était jouer à rien ou presque… Il ne fit pas attention a son arrivé quand il s’arrêta devant la demeure du noble qui somme toute était fort imposante.

« Et bin, les richesses atterrissent vraiment quelque part… Bon je me mets en route, comme convenu mais attention je te préviens, si tu commence sans moi j’égorge l’autre ahuri comme un cochon… »

Azhdar se mit en route et se donna la peine d’escalader le mur, les assassins ne prenaient jamais les portes, même quand ils étaient chez eux, c’était en quelque sorte leur marque de fabrique. Avant de poursuivre d’avantage, il prit le tensen et s’entailla avec en quelques point pour faire « plus vrai que nature ». Les décharges massives d’hormones qui en résultaient le dopaient considérablement bien que cela n’était poussé même pas à un centième des capacités et, maintenant qu’il s’était refait une « beauté » il était prêt à passer à l’action.

Dans un style japonais typique, la maison offrait au jeune loup un terrain de chasse favorable, il y avait fort à parier que la chambre du maitre se trouvait près de la fontaine et du bassin, la ou il y avait des fameuses carpes koï qui n’avait pas de prix. C’est d’ailleurs en les voyant, bien grasses, qu’il se promit de rentabiliser le voyage en les chassant jusqu'à la dernière pour son diner, c’était un fait, il détestait travailler gratis…

Il se manifesta discrètement au maître des lieux et ne tarda pas à lui annoncer la fausse bonne nouvelle. Le stratagème avait l’air de marcher et son argumentation trouva plus de poids quand il présenta le précieux éventail. L’homme en question ne semblait pas vraiment surpris de constater un taux de perte aussi élevé, c’était d’autant plus affligeant quand on savait dans quelle ignorance il se trouvait. Il paraissait même s’en réjouir, selon lui s’était des payes à donner en moins… Par la suite Azhdar du inventer un des plus gros bobards de sa vie pour raconter comment il avait défait héroïquement au péril de sa vie la tueuse sanguinaire. Il colla le plus à la réalité conscient qu’un bon mensonge est une vérité à quelques détails près, l’homme en face ingurgitait tout et ponctuait ses accès de joie en forçant sur une bouteille de saké qu’il avait à porter de main. Il fallut bien reconnaitre que le moment était jouissif car le benêt lui mangeait littéralement dans la main, s’auto satisfaisant au passage de cette décision soi disant digne des plus grands.

Puis l’homme se raidit totalement pour s’enfoncer ou presque dans ses épaules et Azhdar était sur que si la possibilité de disparaitre sous les tatamis lui était donné, il l’aurait saisit sans aucune hésitation. Azhdar soupira et chercha la confirmation visuelle de ce qu’il savait déjà :

« Ayumi, enfin… J’arrive au moment critique de mon récit tu pouvais attendre encore un peu… »

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A l'extérieure de la grande demeure, Ayumi observait son compagnon grimper la façade et se faufiler au sein de la propriété. Elle jeta un coup d'oeil à la porte principale.
Bien qu'ils étaient cachés par de hauts arbres, la jeune fille remarquait aisément que les gardes étaient inattentifs. Elle aurait apprécié passer par cette entrée, faire sa grande venue mais elle préférait également restée discrète et c'est ainsi qu'elle prit le même chemin que le jeune homme. Celui-ci s'était déplacé, sans doute avait-il déjà rejoint la chambre du maître des lieux, annonçant fièrement sa mort et se vantant par un récit merveilleusement cousu qui saurait plaire à l'employeur.
La demoiselle décida de faire, pendant ce temps, le tour de la propriété. Une petite reconnaissance du terrain s'imposait pour la suite des évènements.

Marchant tranquillement à l'ombre des jardins, la jeune fille découvrait les alentours de la demeure. Elle songeait que cela faisait un bon logis et qu'il devait être agréable d'y vivre mais l'idée d'être à proximité de la ville ainsi que celle du confort lui était désagréable. Elle préférait sa petite grotte humide. En revanche, l'idée d'exterminer tous les membres et le service de cette maisonnée, lui était doux. La question de leur effectif lui restait à l'esprit. Elle décida d'entrer dans les appartements.

Ayumi laissait son regard glisser sur les moindres recoins de la demeure. Elle se demandait s'il lui était possible d'emporter quelques babioles qui lui seraient utiles plus tard, lorsqu'elle devrait faire chanter quelques serviteurs ou charmer quelques seigneurs mais sa réflexion n'eut aucune réponse, peu désireuse de s'attarder sur le sujet ni de s'encombrer d'objet dont la nécessité était des moindres.
La petite visite lui permit de découvrir de grandes pièces fortement décorer, souvent d'un mauvais goût d'ailleurs, cela en disait long sur la personnalité du propriétaire, elle devait être tombée sur un être imbu de lui-même : elle prenait à témoin les nombreux tableaux représentants le même homme et quasi présents dans toutes les pièces. C'est d'ailleurs grâce à des portraits de famille que la demoiselle put savoir combien de membres comportaient cette maisonnée : une femme, deux filles, trois garçons, ainsi qu'une tante ou une grand-mère. Elle n'aurait su le dire exactement mais ceci n'avait pas la moindre importance. Ce qui avait de la valeur à ses yeux était le fait de savoir qu'ils étaient huit en tout ; et encore, même cette information n'était pas capitale, elle aurait pu très bien faire sans car qu'il soit huit ou plus, elle saurait venir à bout d'eux (même s'ils étaient des Nushi, cela ne compliquait qu'un peu -beaucoup- la tâche).

La jeune fille poursuivait son observation jusqu'à ce qu'elle tomba nez à nez avec un homme. Celui-ci bien que surpris se mit en garde et s'apprêtait à donner l'alerte malheureusement il fut pris de court. Sa tête roula tranquillement au sol tandis qu'Ayumi plongea sa main dans la plaie. Elle posa deux doigts au mur et commença à tracer quelques lettres de sang. Un sourire froid se dessina sur ses lèvres alors qu'elle apposait l'empreinte de sa main pour signer le message laissé à l'attention de la maisonnée, notamment des serviteurs. Ce message était clair et concis, composé de seulement deux mots : Aucun survivant.
Difficile de faire plus simple, n'est ce pas ?

La sanglante disparue au tournant. Elle ne doutait pas un seul instant que sa petite intention serait vite découverte : le couloir dans lequel elle l'avait laissée semblait être très utilisé. Il ne faudrait tout au plus que cinq à dix minutes avant que l'alerte ne soit donnée. Elle avait donc encore assez de temps pour poursuivre et éventuellement terminer sa visite.
Ayumi ouvrit une porte. Celle-ci donnait sur une petite court intérieure. Une autre porte, à panneaux coulissants, se trouvait au fond, elle décida de s'y rendre....

Le regard de l'homme était jouissif. Cette figure ridicule tentait vainement de disparaître, surprise mais surtout terrorisée de découvrir face à elle une personne qu'elle pensait morte et enterrée, ou en tout cas bel et bien morte. La jeune fille savoura ce moment. Elle appréciait cette sensation de puissance. Elle aimait voir un être prétendu fort s'aplatir devant elle. La pensée que ce grand seigneur jouait les puissants avec ses serviteurs ne fit que renforcer sa satisfaction mais elle était énervée. Au fond d'elle-même, elle était énervée. Elle ne comprenait pas comment un faible pouvait être au contrôle.
*Les Jinmin sont vraiment des créatures méprisables.*
Ces humains qui se soumettaient à ce grossier personnage, ne méritaient vraiment pas de vivre mais l'envie de les tuer failli lui manquer à cet instant. Une part d'elle-même songeait qu'il serait plus drôle de les laisser souffrir entre les mains d'un seigneur. Peut-être ne devrait-elle pas abréger leur souffrance en leur apportant la mort ? Cette idée fut écartée. Elle désirait voir le sang couler.

Ayumi porta son regard sur Azhdar. Celui-ci était assis, tranquille. Elle repéra posé devant lui, Michi. Le seigneur n'y avait apparemment pas touché.

_ Je serais ravie d'entendre la fin de votre récit. Allez-y poursuivez, souffla-t-elle son regard à nouveau poser sur la malheureuse figure qui tentait vainement d'appeler sa garde. Celle-ci ne devait en effet pas tarder mais si elle se présentait ce ne serait certainement pas parce qu'elle aurait été alertée par les hurlements de leur seigneur dont la voix était étouffée par la peur.

*Certains Nushi ne valent guère mieux que des Ningyô.*

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Terminer l'histoire n'avait plus de sens désormais si ce n'était de faire monter le seigneur des lieux en pression, toutefois, Azhdar n'en fit rien sous peine de provoquer involontairement une attaque cardiaque de ce dernier. Il se releva calmement, prit le tessen avec lui et le rendit à sa propriétaire. Son visage se transforma radicalement il il devint aussi froid qu'un glacier.

"On fait comme convenu..."

Il se retourna vers le nushi et lui dit d'un voix sombre et sans pitié:

"Appelle la garde, ou je laisse à Ayumi le soin de te montrer pourquoi on la surnomme " les mains sanglantes...""

L'appel de désespoir fut d'abord un petit cris pathétique et étouffé par la peur mais au bout de plusieurs tentatives il fut suffisamment convaincant pour qu'une alerte soit donnée. Les cris puis les lumières remplirent la maison et chacun d'eux pouvait se localiser précisément dans la maison. Azhdar regarda Ayumi d'un oeil froid qui se révélait d'une grande complicité dans ce genre de moments:

"Ils s'assurent qu'on soit bien au courant de leur présence, faut dire que vue l'efficacité on avait des doutes..."

Quand la garnison arriva enfin, le chef entreprit de prendre la parole au nom de ses hommes, cela lui fut fatal. Azhdar utilisa le cherche coeur et amena le présomptueux jusqu'à lui. Là, il plongea la main droite dans sa cage thoracique avec un coup d'une violence inouïe et plongea l'autre après. Il écarta les côtes , rompant le squelette au niveau du sternum ce qui produit un craquement sinistre qui mélangé au cris donnait un aperçu de l'enfer à venir. Quand il eut terminé le coeur de sa victime continuait de battre, il trouva cela provoquant et l'arracha sur le champs.

Il jeta l'organe par terre. Cela avait jeté un froid sur la scène. Azhdar regarda Ayumi:

"Je doute que ce sang soit du gout de Shieien... Alors, je te propose de continuer à mains nues... t'en pense quoi?"

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D'un léger signe de tête, Ayumi remercia Azhdar puis elle récupéra son arme qu'elle rangea immédiatement à sa ceinture d'une telle manière qu'elle pourrait, en cas de nécessité future, le dégainer fort rapidement. Son regard se leva vers son compagnon, celui-ci avait trouvé toute la beauté des neiges d'hiver : froid et pourtant sublime. Ou du moins pour la jeune fille car d'autres n'étaient pas du même avis, et la majorité de ces autres se trouvaient actuellement six pieds sous terre. Il est vrai que lorsque le loup observait d'un regard de glace sa proie, celle-ci avait toutes les raisons de trembler. Ayumi n'était pas une proie, elle ne pouvait donc qu'apprécier.

Le jeune homme se retourna vers le malheureux Nushi, celui-ci tremblait effectivement. Une odeur fort désagréable et aisément identifiable emplit la pièce, dégoûtant la demoiselle. Celle-ci n'arrivait toujours pas à comprendre comment un gros lourdaud de ce genre pouvait prétendre diriger des masses d'homme. Le tort étant sur ces hommes qui se laissaient gouverner, s'ils n'avaient pas aussi peur de la mort, ils vivraient libres comme le duo présent. Pourtant la sanglante estimait qu'il fallait des gens comme eux. Les fondements de Tochi étaient basés sur les craintes, la soumission des Jinmin, si ces derniers venaient à changer, cette utopie s'effondrerait et cela, elle ne le supporterait pas. Ce monde était parfait, fait pour elle, personne n'avait le droit de le changer si ce n'est elle. Alors aussi vrai qu'elle méprisait les Jinmin pour leurs faiblesses, elle espérait bien qu'ils le resteraient toujours. Et puis au pire des cas, elle saurait leur faire retrouver leurs peurs...

Un vague cris de désespoir la tira de ses pensées. Elle observait le Nushi, celui-ci était enfin parvenu à donner l'alerte. Elle pensa que ce n'était pas trop tôt. Les gardes allaient se précipiter ici, certains ayant été prévenus bien avant de l'intrusion par le petit message laissé sur un mur et d'autres tout juste réveillés par l'appel de leur seigneur. Ayumi eut un sourire ironique en coin de lèvres lorsqu'elle entendit les paroles de son ami. Elle était tout à fait d'accord : le service était à revoir.
Ce Nushi était décidément bien mal protégé, à moins qu'il ne fut guère aimé ? Cette éventualité était possible cependant le Serment des Utsuwa laissait deviner que les guerriers étaient bien piètres puisque aimé ou non, si le seigneur mourrait, les Utsuwa qui lui étaient liés aussi.

Ayumi se lécha les lèvres au spectacle que lui offrit Azhdar. Son sang 'noble' bouillait, excité par ce nouveau divertissement. En revanche, son sang de Seii avait plutôt tendance à être dégoûté d'une telle barbarie. Dans sa division, la jeune fille n'avait qu'une envie, tuer tous ces misérables afin de ne plus entendre ses deux natures s'affronter. Elle posa la main sur Shieien, celui-ci vibrait, impatient de recueillir son lot de sang mais avant qu'elle ne dégaina, son compagnon lui fit une proposition. Elle la prit un instant en considération.

Son regard se posa sur le palpitant qui gisait au sol puis sur le corps entre les mains du jeune homme. Décidément, il ne faisait pas les choses à moitié. Quand il se décidait de tuer, il pouvait réellement être redoutable. Elle eut un frisson d'excitation et dans un sublime sourire empreint de folie, elle souffla de son ton glacé :

_ Je vous suis.

Sa main relâcha Shieien. Elle fit lentement craquer ses doigts. Son regard sans pitié et haineux se posa sur le Nushi. Elle le voulait vivant. Elle l'aurait après qu'ils eurent fait le ménage. La situation d'un point de vue extérieur paraissait à l'avantage de la maisonnée. Encerclé, le duo se retrouvait au coeur de la pièce, leurs mouvements allaient être relativement limités. Le regard réjouit du maître des lieux, éveilla la colère chez la jeune fille, une colère qui la rendait redoutable car lorsqu'elle ressentait une telle émotion elle n'avait qu'un désir : s'amuser.
Si le seigneur pensait être en état de prendre ces deux assassins de haut, s'il pensait qu'il était fort avec sa garnison, s'il pensait pouvoir réduire à néant deux prédateurs de leur souche, il se trompait. Et ils le lui prouveraient.
Ayumi s'empara dans un mouvement vif de l'homme le plus proche par la gorge et d'un seul mouvement elle lui brisa la nuque. Celui-ci avait eu la chance de mourir vite, sans souffrance. Il n'en serait pas de même pour les autres.

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Cela faisait déjà deux hommes qui tombaient sans que les hostilités aient vraiment commencées. Azhdar se souvint d'un dicton qui disait "Tue une personne pour en avertir mille". Ayumi et lui avait doublé la dose histoire d'être bien sûr! Un petit doute le prit un petit peu après, non pas à cause de la situation mais simplement pour le fait que si il ne tuait pas assez vite Ayumi lui choperait toutes les friandises car quand il s'agissait de donner la mort, elle était la référence...

Azhdar se mit en mouvement et prit une pose animale qui lui convenait tout à fait et paraissait presque plus naturelle qu'une pose plus classique. Il parcourut d'un oeil de glace la situation et entreprit de partir vers la garnison en premier, cette dernière ne faisant pas le moindre geste. Il sauta en plein milieu et n'eut aucun mal à éviter les coups venant, tellement ces derniers étaient d'une lenteur affligeante. Il eut une petite pensée pour Ayumi qui devait faire un massacre pour tuer l'ennui... Lui il s'était donné une règle un peu spéciale, il déboitait quelques articulations et brisait quelques os avant de terminer ses proies, juste pour faire durer le plaisir.

Au bout de quelques minutes, Azhdar ne marchait plus sur le sol tellement ce dernier était jonché de cadavres, et la garde affluait toujours. Si cela continuait il allait y rester, non pas à cause d'une mort honorable mais parce qu'ils finiraient enterrés vivant sous les corps, ça serait dommage... Un coup d'instinct lui fit accrocher le nushi qui tentait de fuir, il le ramena au centre du carnage et lui lança un ou deux de ces gardes dessus histoire qu'il se tienne un peu tranquille avant qu'Ayumi ne négocie en personne avec ce dernier.

Quand il devint difficile d'avancer à cause de l'encombrement, l'afflux cessa; d'ailleurs, les gardes avaient perdus la majeur partie de leur motivation et certains commençaient d'ailleurs à déserter l’endroit. Enfin un beau challenge, il allait leur courir après…

« Je te laisse terminer ici ma grande, je vais faire en sorte qu’aucun ne sorte… Tiens bien tes comptes, j’en suis déjà à 64 moi… »

Azhdar sortit comme une ombre et s’éleva dans les airs où il fit des ravages avec le « cherche cœur ». Il préleva le précieux organe chez chacun des individus comme dédommagement pour son déplacement. Cette attaque faisait des ravages, elle était précise, ultime, silencieuse… tout ce qui lui fallait. Il s’amusait à aller d’un bout à l’autre de la résidence et pas une fois il ne mit pied à terre ou sur un quelconque support.

Une fois qu’il se fut assurer de n’avoir oublié personne, il retourna voir sa collègue qui semblait terminer aussi.

« Je termine sur un tit score de 82 et toi ? »

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Tandis que les hostilités commençaient la jeune fille observait. Elle observait attentivement son ami se mettre en garde. Ce dernier prenait une posture plus animale. Toute la sauvagerie de cet homme se trahissait dans cette position. Il n'y avait pas à dire, il était réellement un prédateur, rien de plus magnifique si ce n'est le sang. La demoiselle se lécha discrètement les lèvres, l'odeur sucré du sang emplissait la pièce et réveillait ses sens. Elle aimait cette odeur qui la mettait en appétit. Cela lui venait de son maudit sang d'Akuyô. Tandis que son ventre grognait et que son compagnon avait déjà commencé à faire le ménage, son regard balaya les alentours. Il y avait une chose qui lui paraissait étrange, pourquoi personne ne s'était-il lancé sur elle ? D'ailleurs Azhdar avait du chercher la garde qui tardait à passer à l'attaque. La protection était décidément très mauvaise en ce lieu, ce Nushi ne devait pas valoir grand chose. C'était réellement une vermine, il n'y avait pas plus méprisable.

Ayumi serra maintes fois les poings, elle se demandait combien d'hommes il y avait au festin. Une garde d'un Nushi moyen devait se composer d'une centaine de guerriers, celui-ci avait assez de fortune pour engager trois assassins d'élites, il devait donc avoir une garde plus puissante. La maisonnée devait donc posséder près de deux cents soldats, notamment que l'homme avait plusieurs enfants et une femme. Sous peu que les guerriers des autres membres de la famille venaient se mélanger, Ayumi et Azhdar avaient de quoi s'occuper pendant un long moment, ou du moins de manière très intense.

Les mains trempées de sang, la jeune fille passait son temps à les essuyer sur les vêtements de ces victimes. Ces dernières portaient l'empreinte de toutes sa cruauté. En effet, si la demoiselle savait faire du travail propre, notamment avec Shieien, elle savait aussi se montrer particulièrement barbare à tel point qu'il lui arrivait parfois de se demander si elle n'était pas une descendante d'un Daraku plutôt que d'un Akuyô.
La sanglante n'accordait aucun regard sur les corps tombés, elle aurait le temps de contempler son travail plus tard, pour le moment elle avait un jeu en court et elle n'avait pas particulièrement envie de le perdre... Jusqu'à ce qu'elle se lassa de faire la course contre la montre. Pourquoi chercher à tuer un maximum de ces vulgaires créatures alors qu'elle pouvait en tuer un grand nombre en s'attardant sur chacune d'entre elle ? De plus elle constatait qu'Azhdar lui prenait son temps, également. Décidément, ils avaient un peu trop l'habitude de jouer ensemble.

Ce fut à l'aide de Michi que la demoiselle décida de s'amuser. Les Utsuwa de cette demeure étaient largement trop faibles, la plupart d'entre eux n'avaient du effectuer que des Kyôgi de bas étage, ce qui revenait à dire qu'ils n'avaient aucun intérêt. Elle ne voyait donc nullement l'utilité de sortir son précieux sabre pour leur prendre le dernier souffle. Le tessen suffisait et la précision de ce dernier allait lui permettre une chose, elle allait faire comme pour le second assassin de la montagne, celui qu'elle avait laissé vivre le temps de torturer la demoiselle. C'était bien plus amusant d'avoir des guerriers complètement paralysés qui se lamentaient, gisant à terre, suppliant pour qu'elle leur donna la mort.
Son sang de Nushi était décidément très encombrant...

Les minutes s'écoulèrent et Ayumi finit par se lasser. Fort heureusement il ne restait plus grand monde à éliminer. Elle décida de se tourner vers le seigneur. Celui-ci était à moitié enterré vivant par les cadavres de ses gardes. La moindre des choses étaient de dire qu'il avait été ainsi protégé ! Elle vint s'accroupir auprès de lui, et plongea son regard glacé dans le sien, apeuré.

_ Vous êtes donc le fou qui ose m'envoyer des assassins...
Elle l'attrapa par le col de son vêtement et le déterra de sous son tombeau humain. De sa petite taille elle ne pouvait pas réellement le soulever du sol, et lui donner une impression de grande dominante mais son regard suffirait et puis l'impression... Elle devait avoir suffisamment été claire par son entrée.

_ La prochaine fois, je serais moins clémente.

Après tout, elle n'avait pas touché à la famille.

Ayumi tourna la tête pour accueillir son ami. Ce dernier lui donnait son score, elle eut un doute. Combien ? Elle haussa les épaules.

_ Ils m'ennuyaient, j'ai oublié.
Puis après une brève réflexion elle ajouta :
_ Moins que vous en tout cas.
En effet, elle devait tourner vers les soixante dix ou un chiffre de ce genre là.
La jeune fille jeta un dernier regard sur le misérable Nushi, lui laisser la vie était vraiment faire preuve de bonté mais si elle le tuait maintenant, elle risquait de perdre biens des divertissements futurs, autant dire que c'était un mal pour un bien.

Elle lâcha l'homme et s'éloigna, rejoignant Azhdar qui se tenait vers la porte de sortie. Avant de quitter la pièce, elle laissa sa voix souffler ceci :
_ Ne m'obligez pas à revenir.

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Ce qu'il vit par la suite était tout à fait inhabituel, Ayumi avait laissé quelqu'un de sauf. A première vue cela ne collait pas vraiment avec le caractère impulsif et immédiat du personnage mais si on y regardait de plus près le raisonnement qu'elle devait tenir était du "Ayumi" tout craché. S’il avait tout suivi, Ayumi le gardait en réserve pour plus tard. Elle mettait de coté un petit quelque chose qui fructifierait avec le temps et une fois le moment venu, elle se chargerait de déposséder le nushi de sa nouvelle garde flambant neuve. Malgré tout il se demandait si le système n'était pas limité pour ne pas dire biaisé. Ayumi avait, comme son nom l'indiquait une réputation sanglante et il doutait que la garde se refasse d'un coup, elle avait signé ses crimes... Pour ainsi dire, il se pourrait bien que cette garde ne se reconstitue jamais mais si elle le faisait, il y avait fort à parier que cela soit des combattant plus endurcit et plus capable qui la compose, plus clairement il fallait trouver des fêlés du casque... Concrètement parlant cela pouvait donner du bon comme du mauvais, c'était incertain comme pari mais de toute façon Ayumi n'avait rien à perdre donc autant joué...

Azhdar quand à lui avait bénéficié d'une petite récréation tout à fait plaisante et il aurait même gagné le petit défit qu’ils s’étaient lancés, si toute fois on pouvait accorder de la valeur au résultat, la belle n'ayant pas tenu correctement les comptes. On pouvait dire que la chance lui souriait et pour lui aussi la soirée fut des plus fructueuses. Jugeant qu'il devait avoir une rémunération pour son déplacement, (en tant qu'expert en sécurité il avait montré en partie les faiblesses du système de surveillance^^) il se mit en tête de prendre tout objet de valeur, pas trop gros histoire de se constituer un petit capital glandage juste avant de piller la cuisine. Il ne prit que ce qui pouvait se conserver : viande séchée, pain etc puis, pour son petit festin du soir alla au bassin qu’il s’était promis d’aller visiter. Les carpes Koï étaient toujours là, avec un ou deux cadavres en plus mais cela n’avait pas d’importance… Il sauta à pieds joins dans la marre comme un gamin et entreprit de les pécher les unes après les autres. Ces dernières étaient grosses et grassouillettes, ces poisson valaient très cher et il salivait déjà devant son plat de luxe qui se trouvait encore frétillant juste à coté de lui… Azhdar fit des ravages et ne laissa pas un poisson dans la marre, cependant, il était un convive avertit et par courtoisie laissa les cadavres jugeant qu’il ne fallait pas trop abuser de l’hospitalité du maitre des lieux !

Le jeune homme alla rejoindre Ayumi qui l’attendait déjà depuis quelques temps. Azhdar la gratifia d’un grand sourire et lui montra toutes dents, il jubilait :

« Bof t’en fait pas ma grande, on trouvera mieux la prochaine fois et puis regarde, on est pas venu pour rien ! »

Il exhiba son petit méfait :

« Eh, pas touche, tu en auras mais pas avant ce soir, tu ne sais pas qu’elle mal j’ai eu à délester notre hôte de ce gouffre financier, enfin j’aime rendre service. »

Azhdar rangea son méfait dans un balluchon improvisé avec une tapisserie (autre délit de la soirée) et attacha le tout en bandoulière avant de se signaler comme opérationnel pour le départ.

« Bon ma grande, où veux tu qu’on se tape la cloche, on retourne chez toi ou alors la belle que tu es désires prendre un autre petit bain de sang pour sublimer son teint ? »

Azhdar rigola franchement et fit un clin d’œil à son amie de toujours :

« Aef fait pas cette tête, si on peut plus rigoler… »

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Pendant que Azhdar s'amusait à piller la baraque, la jeune fille en profitait pour fouiller les corps. Son adoration pour les armes étant ce qu'elle était, la gamine ne pouvait pas s'empêcher de récupérer toutes les petites armes qu'elle jugeait potentiellement utiles pour des jours à venir. Il fallait assurer sa sécurité et des êtres comme elle ne faisaient pas de vieux jours sans le minimum syndical : quelques armes de lancée, dagues et couteaux à défaut de pouvoir s'encombrer d'une ou deux lances (les sabres étant hors de question au risque d'éveiller la jalousie de Shieien). Une fois que la demoiselle eut fini sa première récolte, elle chercha son compagnon du regard. Elle trouva ce dernier entrain de patauger dans le bassin, celui-ci avait l'air très satisfait de lui. Elle décida de le laisser faire et, en attendant, elle refit le tour des corps, regardant cette fois-ci pour d'éventuelle protections, bien qu'elle n'envisageait pour le moment pas de les utiliser. Ayumi trouva quelques kote et kyahan qui pourraient toujours lui servir si jamais elle tentait une mission suicide... comme aller déranger les Kôshi par exemple. Cette idée déforma son visage froid en un sourire inquiétant.

Quelques minutes plus tard, le loup revint. Ce dernier avait une mine réjouit et il lui montrait son trésor. Elle se lécha discrètement le coin de lèvres. Quelle bonne idée il avait eu tout de même d'aller pêcher ! L'heure du repas avait sonné. Cependant Azhdar fut formel : pas avant ce soir. Elle le regarda attentivement, pourquoi pas avant ce soir ? Le jour était jeune ! Ils pouvaient très bien manger maintenant ! Mais lorsque le grand avait parlé, la décision était prise. Tant pis, elle patienterait.

Le jeune homme rangea le tout avant de lui demander ce qu'elle voulait qu'ils fassent à présent. La manière dont il posa la question lui valu un superbe regard noir en coin mais une fois qu'il eut rit un coup, elle laissa une sorte de rictus apparaître sur son visage. Il pouvait rigoler, s'il le voulait, mais elle n'était pas certaine de le suivre, au mieux, il obtenait un sourire.

_ Le sang a bien assez coulé.
Elle regarda les alentours. Le sang a son goût ne coulait jamais assez mais de cette manière elle pouvait faire comprendre à son compagnon qu'ils avaient pour le moment assez joué.
_ Rentrons.
Ayumi avait vu assez de faibles pour ce jour. L'image du Nushi paralysé par la peur éveillait en elle son dégoût. Les tueurs soient disant d'élites qui avaient été lancés à ses trousses, et puis tous ces gardes tués... oui, elle avait vu bien assez de misérables. En revanche, si une personne se présentait dans la seconde comme un champion et qu'il parvenait à lui faire changer d'avis, elle était prête à rester mais de champion il n'y en aurait pas alors il était préférable qu'elle rentra chez elle, loin de toute civilisation.

La sanglante se détourna de ce lieu meurtri et elle s'en alla sans un mot, sans un regard de plus. Ici, ce n'était plus que du passé et il n'en tenait qu'au maître des lieux pour qu'elle ne revienne jamais ou bien au contraire, pour qu'elle revienne et termine le travail laissé inachevé par intérêt.

Elle prit le chemin du retour, pressée de retrouver la tranquillité de son chez soi.

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Azhdar eut un sourire qui cachait la dizaine d'années d'expériences qu'il avait du comportement de la jeune fille, cela donnait quelque chose de très énigmatique. Azhdar décida de lui emboiter le pas sur le champ. S’il n'allait pas avec elle, elle allait encore se laisser mourir de faim. Ayumi était un peu trop maigre et pâle à son gout, il se demandait si elle mangeait correctement au moins, mais avec l'emploi du temps aussi chargé de la jeune fille rien n'était moins sur. Au bout d'une petite heure d'un voyage à allure soutenue, ils finirent par arriver dans sa demeure. Azhdar décida de laisser la sanglante en retrait pour le moment et alla préparer le festin.

Azhdar alluma un feu, feu où il fit cuire la moitié des carpes, pour lui, pendant ce temps où il tournait la broche avec un de ses pieds avec une agilité surprenante il préparait les carpes destinées à la Sanglante. Elle, elle les préférait plus frétillants et la cuisson n'était d'après ses souvenirs, par une des ses méthodes culinaire favorite. Azhdar décida d'en faire un bonne portion de sashimi avec un couteau de cuisine qu'il avait "emprunté" un peu plus tôt. Il découpa le poisson en se fiant plus à son flaire et à son toucher qu'à sa vue. Il y mit vraiment beaucoup de coeur, il avait vu son amie faire de gros yeux de gourmande en voyant les carpes, même froide, Ayumi était néanmoins un dame et la gourmandise (de quelque manière que ce soit) était une de ses particularités. Azhdar fit le même sourire, la sanglante ne devait pas savoir qu'il avait remarqué, pire, elle ne devait pas savoir qu'il savait sinon elle risquerait se faire encore violence.

Durant ce temps Azhdar en avait presque oublié son casse croute à lui et la cuisson avait un peu trop duré. C'était moins présentable certes mais il n'allait jeter un tel festin. Il gratta un peu la peau et mangerait cela tel quel. Il prit la broche et la portion de sashimi et alla voir son amie.

« Tu me fais peur, tu vas finir par attraper la mort ici. »

Il déposa sa cuisine à ses pieds et en profita pour lui remettre une mèche de cheveux humides qu’elle avait sur le visage et lui passa la main sur le visage.

« Par mes ancêtres tu es glacée, je ne dirais rien, tu es grande, mais fait gaffe à toi ma grande, bref j’arrête de te materner, mange donc, je suppose que tu dois être morte de faim… »

Azhdar mangea sa portion avec un féroce appétit :

« C’est que je n’ai pas que des mauvaises idées moi, on devrait faire ce genre de courses plus souvent… »

Les Mains Sanglantes Messages : 28

Le chemin du retour se déroula sans un mot. Ayumi prenait les devants, elle sentait son compagnon sur ses talons et elle se permettait d'accélérer la cadence. Ce qui était agréable avec cet homme était qu'elle n'avait pas à se préoccuper de lui. Elle savait qu'elle n'avait pas à se ménager pour lui et qu'elle pouvait l'entraîner dans toutes sortes de galère sans qu'il ne lui arriva malheur. Sans doute était-ce pour ces raisons qu'elle le tolérait et le considérait à présent comme un compagnon. Oui, après toutes ces années, elle était parvenue à l'accepter tel quel et il était bien le seul. La jeune fille n'avait pas d'ami, la définition même de ce mot lui était encore étranger, elle avait des connaissances et encore celles-ci étaient plutôt rares et n'existaient que pour le réseau d'informations. C'est à dire que toutes les personnes que la Sanglante fréquentait étaient des personnes utiles. Elle ne s'encombrait pas de faibles ou de futiles : elle n'avait pas de temps pour eux, sauf lorsqu'elle devait sortir Shieien et encore.... elle venait de se prouver une fois de plus qu'un sang de meilleur qualité était préférable. Ainsi, elle était assez seule. Elle n'avait personne avec qui parler ou partager des moments agréables et bien qu'elle n'en ressentait nullement le besoin, n'appréciant pas du tout parler ni être en compagnie, elle reconnaissait que la présence d'Azhdar pouvait être d'une certaine manière plaisante. Tous les deux, ils s'amusaient bien et puis il ne cherchait pas à la changer, il ne retenait pas sa main quand elle faisait couler le sang au contraire il l'accompagnait.
Si une personne avait su l'apprivoiser ne serait-ce qu'un peu, c'était cet homme, pensait-elle. Vraiment, rien que pour cette raison, Azhdar était digne d'admiration.

Ils arrivèrent à la cascade en moins d'une heure, ce qui prouvait une fois de plus leur énorme potentiel. Ils connaissaient la forêt, mais aussi la montagne et surtout, ils étaient vifs et agiles. Pour ne mettre qu'une heure à rejoindre la demeure de la demoiselle, il fallait monter en ligne droite, ce qui n'était pas une chose aisée car aucun chemin ne se présentait sur cette route, il n'y avait que arbres et obstacles. Tout ce qui permettait à la jeune fille de rester tranquille. Les visites d'étrangers sur son domaine étaient particulièrement rares, et ceux qui se présentaient chez elle, généralement avait mis bien plus que deux heures (temps considéré en ligne droite), il en fallait pour eux au moins quatre s'ils suivaient les chemins et ce à une allure de marche soutenue.

Arrivés, Azhdar abandonna Ayumi. Il lui permettait ainsi de faire sa toilette tranquillement et elle allait pour sur en profiter. S'approchant du point d'eau, elle grimpa sur un rocher assez élevé et plat puis elle observa attentivement les alentours, un léger soupir d'aise s'échappa de sa poitrine. Qu'il était bon d'être chez soi ! Quatre fichus mois qu'elle n'était pas revenue vers ce petit paradis : la vue, l'odeur, le chant, le goût, le toucher de cette magnifique cascade lui avaient manqué. Non, elle n'était pas sentimentale mais chaque guerrier se devait d'avoir un chez soi où il parvenait à trouver la paix intérieure, un hâve de paix, et pour elle s'était ici. Ayumi après avoir attentivement observé les alentours, s'approcha de la chute puis dans un bond, elle passa derrière. Elle grimpa la surface rocheuse et particulièrement glissante avant de se hisser dans sa maisonnée : la grotte creusée. Les lieux étaient tels qu'elle les avait laissés, personne n'était donc passée par ici. Tant mieux, elle n'aurait guère supporté le contraire. La jeune fille alla au fond de la pièce, là, un petit meuble en bois confectionné avec soin reposait. Elle en ouvrit le couvercle et y trouva une tenue de rechange, complète. Elle regarda les vêtements qu'elle portait actuellement. Ceux-ci avaient subit quelques damages, rien de bien grave mais pour elle qui n'aimait pas les tenues négligées -estimant que ce n'était pas digne d'un guerrier- c'était largement suffisant pour lui déplaire. Elle se déshabilla, pliant rapidement et pourtant correctement ses affaires qu'elle déposa au sol. Elle s'en occuperait plus tard. Une fois nue comme un vers, elle se retourna, prit son élan et sauta : elle atterrit dans un magnifique plongeons dans la cascade. L'eau glacée éveilla tout son corps et les petites blessures insignifiantes qui lui avaient été infligées en ce jour se nettoyaient avec plaisir.

La jeune fille resta au fond de l'eau. Elle savoura le silence qu'il pouvait y avoir la dessous, elle se sentait comme coupée du monde, comme immergée vers une autre réalité. La dessous, elle avait l'impression de caresser les rives du Sanzu sachant pertinemment qu'un jour elle devrait y plonger et faire face aux milles tourments qui l'attendaient. Mais ce jour n'était pas encore venu.
Tapant le fond du pied, Ayumi remonta à la surface. Elle lança ses longs cheveux en arrière, découvrant son visage rincé de toute trace de sang. Elle les démêla à l'aide d'un peigne de bois puis estimant qu'elle avait fait assez trempette, elle sortie de l'eau.
La gamine grimpa à nouveau la surface qui menait à son domicile. Là haut, elle essora sa chevelure qu'elle noua avec grand soin par un ruban d'argent. Elle prit un drap dans lequel elle s'enroula afin de se sécher rapidement puis elle s'habilla avec soin. Une fois sa tenue revêtue, une fois les plis et les noeuds faits avec attention et estimés parfaits, Ayumi s'empara de Shieien qu'elle glissa dans son obi puis de Michi qui subit le même sort. Une fois le linge sale rangé, elle sortit laissant une fois de plus sa demeure parfaitement rangée (même s'il n'y avait pas grand chose à faire pour).

Ayumi marcha tranquillement, son regard observait les alentours. L'odeur du feu et des poissons grillés chatouillaient son museau et son petit estomac lui rappela sa faim. Elle y passa outre, sachant pertinemment qu'elle allait bientôt pouvoir combler ce désir grâce aux bonnes intentions de son compagnon. Tandis qu'elle s'asseyait tranquillement vers ce qu'elle nommait le salon -trois pierres plates installées en cercle- elle repéra du coin de l'oeil Azhdar approcher. Étrangement son oeil fut attiré par autre chose... les plats. Elle nota les différentes préparations et eut un sourire intérieur. Décidément, ce jeune homme pensait à tout !

*Il servira bien son élu...*
Une drôle de sensation tirailla la demoiselle à cette pensée. Ce sentiment de manque incompréhensible et pourtant bien expliqué la prit au coeur. Elle détestait cette absence qui n'avait pas lieu d'être et qui pourtant était ; à cause d'une de ses stupides natures. Elle haïssait cette idée de devoir l'assouvir un jour : un élu... un boulet oui que le destin allait lui coller dans les pattes !

Ayumi fut tirée de ses pensées par une drôle de sensation. Elle regarda Azhdar, celui-ci venait de lui ôter une mèche tombée devant l'oeil, ce n'était rien, elle pouvait le tolérer. En revanche le geste qui s'en suivit la plongea dans l'embarras... Bien qu'elle garda son visage fermé à toute expression hormis sa sublime froideur, un léger mouvement de la mâchoire trahit ses pensées : Ayumi serrait les dents, elle retenait un coup. Personne n'avait le droit de la toucher, et même si Azhdar pouvait se permettre quelques familiarités, ce geste était déplacé. Un autre que lui souffrirait déjà moult souffrances mais ce qui la gênait n'était pas le fait qu'elle allait passer outre ce geste, non, c'était le fait qu'elle -et bien qu'elle songeait que cela était tout à fait impossible- avait l'impression d'avoir apprécié ce contact.
Sans doute était-ce un tour de son subconscient infantile ou en tout cas elle préférait penser cela, c'était plus facile à accepter qu'un attachement potentiel à cet homme.

D'un regard noir, Ayumi regarda Azhdar. Celui-ci était entrain de faire son inquiet. Elle le laissa terminer avant de souffler :
_ Je vais bien, mère loup.
Ou l'art de dire qu'elle avait parfaitement noté ce conseil mais qu'il n'y avait strictement aucun soucis à se faire. Elle était assez grande pour se débrouiller toute seule et être un membre indépendant de la meute.

Elle eut un sourire en coin et s'empara rapidement de l'assiette préparer avec amour pour sa petite personne. Depuis quand n'avait-elle pas eu un tel festin ? La dernière fois qu'elle avait du prendre un vrai repas devait remonter à deux jours... faut dire que le sang prenait de la place dans son petit estomac...
Elle dévora avec gourmandise sa part, et acquiesça aux paroles de son compagnon, effectivement ils devraient remettre cela plus souvent, surtout maintenant qu'ils s'étaient retrouvés.

_ En fait, j'aurai une curiosité à vous proposer...
Par curiosité il fallait bien évidemment entendre divertissement à titre informatif en prime.

Ayumi déposa son assiette improvisée -un morceau de bois- vide au sol et se redressa, s'installant plus confortablement sur la pierre mais gardant une attitude correcte. Son regard froid mais plus adoucit qu'à l'ordinaire était ancré dans celui de son compagnon.
_ Désirez vous l'entendre ?

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Azhdar avait bien compris le message, et acquiesça d’un sourire discret. La jeune fille vivait bien sans lui alors il ne devait pas se faire plus de mourront que ça, seulement voila on ne savait jamais et par sécurité il préférait garder un œil sur elle, juste au cas où… En tout cas le fait que la sanglante dévora son repas le réconforta, quand l’appétit va tout va, ou presque ! Visiblement l’effort lui avait donné faim et voir une jeune fille avec un si bon coup de fourchette après un petit exercice faisait toujours plaisir.

Une curiosité ? Cela devait être un jeu, dangereux qui plus est connaissant la personne et techniquement la probabilité qu’il s’en sorte devait être faible, tout pour lui plaire quoi ! Azhdar inclina la tête sur le côté et nota le regard de sa compagne. Ayumi était une belle femme pensa-t-il, si l’on prenait le temps de passer outre son caractère elle devenait une personne fiable sur laquelle on pouvait toujours compter. Elle ne le quittait pas des yeux, heureusement qu’il la connaissait car cela l’aurait mis vraiment mal à l’aise dans le cas contraire et il devait bien avouer que là il n’était pas tout à fait à l’aise non plus. Il n’y avait aucun doute elle était vraiment belle… Il décida de casser l’embarras en se déplaçant et ajouta même une petite touche d’humour :

« Tu vas finir par me faire rougir si tu me dévisages de la sorte, attention je suis un grand sentimental… »

Azhdar fit un large sourire et revint à la proposition qui lui était faite. S’il voulait l’entendre ? bien sur la question ne se posait même pas. Déjà il était curieux et puis il n’était rien contre un bon acte de camaraderie…

« Vas-y Ayumi je t’écoute. »

Il avait prononcé son nom, cela ne lui arrivait pas souvent, souvent il lui donnait des surnoms très familier comme « ma grande » ou encore « princesse ». Azhdar sourit à cette pensée, il aimait prononcer son nom, contrairement au sien qui avait des sonorités dures, celui d'Ayumi était fluide comme un cours d’eau. Un beau prénom pour une charmante jeune fille finalement cela coïncidait.

Une des ronces qu’il avait au poignet se déserra, visiblement il rêvassait suffisamment pour faire descendre le flux de Ki dans ces dernières. Le jeune homme se ressaisit et fit un sourire très énigmatique, serait-il entrain de s’attacher ? D’un point de vue extérieur on pouvait croire que la sanglante était son élue… Qui sait…

Le jeune homme se gratta la tête et alla s’asseoir histoire de discuter plus sérieusement de ce qui allait se passer.

« Alors princesse, qu-est ce que tu prévois ? »

Les Mains Sanglantes Messages : 28

Les yeux dans les yeux. La jeune fille ne réalisait pas qu'elle pouvait mettre son compagnon mal à l'aise, l'idée que cela puisse être probable la dépassait. Ils se connaissaient depuis si longtemps qu'il aurait du depuis tout ce temps être habitué à cette manière qu'elle avait de dévisager une personne. Il aurait du être entraîné à ce combat visuel qu'elle imposait et pourtant il fallait croire que les deux ébènes par leur abîme mettaient dans l'embarras même les plus grands nageurs. Elle constata l'inconfort de son ami mais elle ne le comprit pas tout de suite. Cette lueur qu'elle voyait briller dans ses yeux était donc une lueur de gêne ? Elle ne l'aurait jamais su si elle ne connaissait pas aussi bien ce sentiment. Combien de fois avait-elle jouit à voir ses adversaires chercher à fuir son regard ? Combien de fois avait-elle savouré leur détresse face à elle ? Innombrable. Elle avait toujours adoré éveiller les plus terribles sentiments chez ses proies d'autant plus si celles-ci cherchaient à se débattre. Les vains espoirs étaient si doux à anéantir. Voir cette lueur s'éteindre dans leurs yeux alors qu'elles comprennent petit à petit qu'elles sont perdues, qu'elles ne peuvent plus rien faire si ce n'est se rendre, si ce n'est lutter pour arriver à une fin inéluctable, est délectable. Ayumi devait avouer que même à cet instant là, elle en prenait plaisir. L'embarras d'Azhdar était magnifique, elle n'aurait jamais cru que cela puisse être si agréable, lui, plier ainsi ?
La jeune fille le regarda se lever et lancer à la volée une petite touche d'humour, elle eut un sourire froid en coin de lèvres : délectable.

Ayumi observa le lointain, bien qu'elle avait pris plaisir à voir un Azhdar au fond de soi gêné par un contact visuel trop intense, il y avait quelque chose qui la dérangeait dans cette action. Elle ne comprenait pas pourquoi son compagnon avait pu être -ne serait-ce qu'un peu- mal à l'aise, évidemment bien que curieuse mais très paresseuse à ses heures, la jeune fille ne chercha pas de réponse et elle balaya ses questions dans un coin de son esprit. Elle savait pertinemment que si elle désirait une réponse, elle la trouverait plus tard en y accordant un peu plus d'attention et puis, peut-être, qu'un détail futur l'aiderait à mieux comprendre. Actuellement, elle ne devait pas s'attarder sur ce genre de détails, elle avait un projet à exposer et elle allait le faire.

La demoiselle releva la tête vers son ami, celui-ci venait de prononcer son nom. Elle l'observa attentivement de son oeil épieur puis finalement elle tourna la tête vers la cascade. Elle avait été un peu surprise. Il était si rare qu'il la nomma par son nom. Généralement il la traitait comme une sorte d'enfant avec des surnoms qui laissait supposer une gamine : ma grande... n'était-ce pas là un parfait exemple ? Et il fit pire dans sa phrase suivante : princesse.
Savait-il combien elle détestait ces noms ? Oui, il devait le savoir mais c'était certainement ce qui leur donnait tout leur charme... et puis, elle ne l'avait pas encore tué c'est qu'il pouvait donc se permettre de la nommer ainsi.

Ayumi tourna un instant la tête vers Azhdar. Ce dernier était à nouveau assis et attendait qu'elle s'explique. Elle caressa de son index sa lèvre inférieure, cherchant éventuellement un mot pour débuter sa phrase mais surtout elle prenait son temps, comme toujours. Elle n'avait jamais été pressée et puis réfléchir, c'était quand même mieux avant d'agir. Même si elle ne le faisait pas toujours.
Le chant de la cascade chantait agréablement à son oreille et de temps en temps le crépitement du feu non éteint venait s'accorder à cette symphonie, elle prit une légère inspiration. Ce moment là, cette tranquillité étaient doux.

_ Par une belle nuit sans lune j'errai par deçà la taverne des Daraku. Celle-ci bien agitée attira mon oreille. Vous connaissez ma curiosité naturelle, je ne pus m'empêcher d'approcher pour voir de quoi il en retournait. C'est ainsi que je me trouvai à la fenêtre de l'auberge écoutant attentivement les dires qui animaient ce lieu.

Ayumi marqua une courte pause. Elle n'avait pas pour habitude de parler si longtemps et ces quelques phrases en un temps étaient pour elle un exploit. Même si ce n'était pas la première fois qu'elle exposait ses projets et ses aventures à son ami et que ce ne serait certainement pas la dernière fois, elle avait oublié ce que cela pouvait être éprouvant de parler autant. Après tout, il n'y avait qu'avec lui qu'elle discutait. Pour les autres, elle les torturait. Profitant de cet arrêt pour scruter le visage de son compagnon, elle y chercha l'émotion avant de poursuivre :

_ Ce que j'y découvris m'intéressa car j'y trouvai là un nouveau divertissement et à présent que je vous ai retrouvé ce jeu n'en semble que plus amusant.

Un rictus se dessina sur les lèvres de la demoiselle.

_ Azhdar, les Daraku se sentent insultés. Ils se révoltent et s'offensent qu'un rejeton d'Akuyô les mette à mal par une sorcellerie étrange. Celui-ci âgé d'à peine un siècle s'amuse à souiller leur sang de honte. Imaginez ! Un jeunot efféminé et dont les muscles sont à peine formés achèvent sans transpirer une goutte un géant de leur nom ! Quelle humiliation ! Cependant n'étant guère Daraku, je ne partage pas leur haine et suis intriguée : quelle drôlerie possède-t-il pour venir à bout de ses adversaires ?

Une nouvelle pause. Ayumi se saisit d'une coupe d'eau dans laquelle elle but une gorgée avant de reprendre :

_ J'aimerai mettre à jour sa puissance. Les informations sur cet homme sont rares et d'aucune n'ont pu me révéler ce que je désirai savoir. J'appris néanmoins son nom : Mikazuki Asahi ainsi que celui de son disciple et ami Yozora Tokaru. Ces deux seigneurs sont proches et n'ont à mes yeux qu'un point commun outre leur sang et leur richesse : leur force cachées. Vous comprenez donc que je ne peux laisser passer une telle curiosité inassouvie.

Forcément, il comprenait. Il savait combien Ayumi ne pouvait résister à affronter toute créature qui était dite forte. Elle avait eu -et a toujours- l'ambition de détrôner deux noms vénérés parmi les Utsuwa, et elle comptait s'attaquer à toutes les personnes qui faisaient entendre parler d'elle. Ainsi alors que deux Nushi se distinguaient par des forces étranges, elle ne pouvait décemment tourner le dos à cette affaire. Il lui fallait aller tremper son sabre dans cette histoire. De quelle façon ? Celle-ci se dessinait petit à petit.

_ Azhdar.... de quelle manière pensez vous que ce Mikazuki réagisse si un Daraku -créature qu'il méprise autant que je méprise les faibles- venait à attaquer son cher ami ?

Le regard d'Ayumi se fit insistant dans celui de son compagnon. Un sourire froid, parfumé de sadisme transpirait sur ses lèvres. Elle savait qu'il allait comprendre ce qu'elle voulait. Lui, qui semblait si proche d'un Daraku et dont le visage restait inconnu pour n'être point des terres connues de l'île, était un atout qui devenait capitale pour le projet qu'elle était entrain de mettre en oeuvre. Et il accepterait.
Au cas contraire, elle reviendrait sur son idée de base mais qui lui paraissait moins divertissant.

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Azhdar réfléchit un instant, Ayumi avait un plan derrière la tête, mais contrairement à ce qu'elle faisait d'habitude, celui-ci avait été murement réfléchi, il devait donc être d'une importance capital à ses yeux, sinon elle aurait réagi au coup de sang comme à son habitude. Dans le concept, le plan était simple, il s’agissait ni plus ni moins que de provocations suivies de combats. Si l’objectif était largement à portée, le chemin pour y parvenir semblait bien plus sinueux et Azhdar doutait qu’Ayumi est un daraku sous la main, encore que, cette jeune fille avait de la ressource et cela ne l’aurait guère étonné…

Ainsi, pour pouvoir exécuter son plan il allait falloir ruser, et pour cela il y avait deux options possibles, soit elle rusait du coté des Darakus en faisant vibrer la corde sensible, mais cela demandait de la manipulation et de la diplomatie, et autant qu’il sache ils n'avaient pas ces talents à eux deux. Donc, la solution la plus viable était de faire le coup fourré de l’autre côté et de ruser l’Akuyô. Pour cela il fallait trouver quelqu’un à la stature de daraku ce qui en soit était un vrai défis et de plus il fallait être suffisamment féllé pour joué ce rôle…

Un détail cependant intriguait le jeune homme, Ayumi ne semblait pas perturbée par ce petit détail sur lequel elle comptait faire reposer toute son opération… A moins qu’elle ne l’ai déjà trouvé… Azhdar intercepta son regard et y plongea ses yeux de loup afin d’y sonder son âme. Il ne mit pas très longtemps à comprendre, elle le voyait lui entant que Daraku. Il était vraiment trop bête et aurait du s’en douter un peu, après tout n’avait-il pas les qualités requises ?

Azhdar sourit un bref instant mais cela s’effaça bien vite et un sombre souvenir refit surface. Il se rappelait qu’il n’était pas comme les seï de son clan, il avait toujours eu une mentalité différente et la plupart d’entre eux avait déjà trouvé leur élu à son âge, le reste était mort. Bien souvent il était traité avec un léger manque d’égard dans son clan et plusieurs fois on le traitait de Daraku, ce qui dans un clan de Seï était un affront notable. De plus il y avait un point obscur, il avait été adopté et il n’y avait pas de trace de Cremps chez lui, pour renforcer le mystère, il n’avait pas le droit ne serait-ce que d’évoquer ce nom…

Il devait donc jouer un Daraku, pourquoi pas, si tous les siens le voyait comme cela, cela donnerait plus de substance à son personnage… Il se releva donc doucement et regarda Ayumi avec un Œil glacial et prédateur.

« Allons-y Ayumi, allons fondre sur cette nouvelle proie que le monde sache ce qu’est l’horreur… »

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Il avait accepté. Ayumi eut un rictus de satisfaction. Évidemment qu'il avait accepté, jamais il ne l'aurait laissée s'amuser seule et puis comment pouvait-il laisser filer une occasion de faire couler le sang ? Il était comme elle : toujours en quête d'un divertissement. Cela se voyait dans son regard, il y avait cette petite lueur qui indiquait clairement qu'il était fait pour la prédation. Or, elle venait de lui apporter deux sublimes proies. Oh bien sur elle aurait aimé se les garder rien que pour elle mais du peu qu'elle en avait actuellement entendu par divers lieux, il était préférable qu'elle est un allié afin qu'au moins ils soient deux contre de... quatre. De fait, il ne fallait pas oublier de compter l'Utsuwa personnel de chaque seigneurs. Autant Ayumi ne se faisait pas de soucis vis à vis des Jinmin, eux seraient certainement simple à vaincre mais les Nushi étaient une autre histoire. Bien évidemment elle pouvait en tuer avec sa force et un peu de ruse -quand elle savait en faire preuve- elle l'avait souvent fait mais dans le cas actuel, elle préférait prendre ses précautions. Après tout si les Daraku avaient du mal, quand était-il pour elle ?
Non, elle ne pouvait décemment y aller tête baissée et seule. Il lui fallait ne serait-ce que l'esquisse d'une stratégie et son loup favoris. A présent qu'elle avait les deux, elle pouvait éventuellement peaufiner. La gamine était partagée entre l'idée de le faire et son penchant naturel pour l'improvisation. Le choix lui était difficile car elle n'avait pas énormément d'informations sur ses proies et si les rumeurs étaient vrai : elle venait de signer leur arrêt de mort.

* Ce ne serait pas la première fois, il me semble...*

La jeune fille haussa la tête vers son compagnon. Celui-ci venant de se lever la regardait d'un oeil qu'elle connaissait si bien. Elle eut un froid sourire avant de se redresser puis de se mettre sur ses deux jambes. Son bras trouva naturellement son sabre, elle posa sa main sur la garde de Shieien, celui-ci susurra. A peine le touchait-elle qu'il cherchait déjà à la charmer pour être libéré de ses fers. Elle le caressa du bout des doigts, elle l'apaisait et par la même occasion elle refoulait ses envies de se divertir. La patience était une vertu qu'elle possédait à des heures perdues.

Ayumi observait attentivement son compagnon. Celui-ci aurait certainement besoin de quelques vêtements plus nobles ou en tout cas moins délabrés et peut-être qu'une toilette histoire de le rafraîchir un peu pourrait se montrer utile mais pour le moment ce n'était pas l'important. Les apparences n'étaient qu'un petit détail, d'autant plus du côté des Daraku. Si elle voulait bien le vêtir, cela ne tenait qu'à son sang d'Akuyô. Les héritiers du roi n'étaient certainement pas la branche de la famille la plus difficile à imiter sous peu évidemment d'avoir le coeur bien accroché. Boire un verre ou manger un morceau dans une taverne tout en observant ses frères ou bien les serviteurs de ces derniers se déchiqueter en petits morceaux n'était pas donné à tout le monde. Seulement ce petit là avait un coeur bien accroché...
Pour le transformer il n'y avait pas grand chose à faire, et elle lui faisait confiance pour s'adapter très vite au style de ces Nushi là. Quelques heures d'observation et d'exercices devraient lui suffire, après il ne restait plus qu'à convaincre les autres et là encore... un bon spectacle ou quelques serviteurs devraient faire l'affaire.

Ayumi se demandait de quelle manière ils devaient faire leur entrée. Attaquer ce Yozora semblait une bonne idée mais encore fallait-il une personne pour aller quérir son ami Mikazuki. Dans ce cas là, il était préférable de s'en prendre à lui en pleine ville. Cependant la ville n'était pas un territoire très agréable pour elle et puis cela reviendrait à révéler Azhdar publiquement. Non pas qu'il n'avait pas encore posé quelques troubles mais cette fois-ci avec un tour pareil il serait forcément affiché et retenu. Il n'en avait peut-être pas envie. Non, l'idéal pour eux serait d'attaquer dans un lieu un peu plus reculé, ce qui éviterait à la jeune demoiselle de plonger dans une aveugle tuerie et de perdre le contrôle d'elle-même et en même temps le visage de son compagnon resterait encore globalement ignoré. Mais... à moins de laisser la première proie leur échapper pour rameuter la seconde ?
Ce n'était que des détails qu'ils sauraient à eux deux établir correctement, pour le moment le loup était prêt à partir en chasse et il l'attendait pour.

Ayumi secoua légèrement la tête, détournant au passage son regard afin d'observer n'importe quoi d'autre que son compagnon : peu désireuse de le mettre à nouveau mal à l'aise à force de le détailler trop longuement. Elle en profita pour prendre la parole :

_ J'aimerai recueillir quelques autres informations supplémentaires.
Elle marqua une pause et porta à nouveau son regard sur Azhdar.
_ Agissons de nos côtés pour quelques temps encore, je vous retrouverai quand j'estimerai le moment propice, cela vous convient-il ?

Elle fit un silence mais ayant dans l'idée que de toute façon il ne pouvait pas lui dire non, car elle ne l'aurait pas écouter pour un refus, elle ajouta :

_ Logez chez moi ainsi je saurai où vous trouver et nous pourrions peaufiner d'éventuels détails.

Sous peu qu'ils parviennent à être au même moment à la demeure car ces bêtes là, il fallait l'avouer, ne dormait pas beaucoup et se laissaient généralement tomber de fatigue n'importe où. Ils ne revenaient par chez eux que pour se ravitailler ou se changer. En tout cas, c'était le cas pour la petite demoiselle. Aussi vrai qu'elle appréciait sa demeure, elle n'y était pas souvent. Elle n'était pas faite pour tenir en place.

_ Je vous laisse partir devant, il semblerait que ce corps ait besoin de repos.

En effet, l'énergie ne lui était pas tout à fait revenue en restant assisse à discuter et elle sentait le besoin de s'allonger un peu. Quatre à cinq heures, juste le temps de récupérer ce qu'il fallait. Après tout, elle n'avait pas fait une nuit complète depuis des lustres, et au vu de son projet il était certainement préférable qu'elle soit à peine plus reposée.
S'apprêtant à se détourner afin de rejoindre sa grotte, la jeune fille laissa une petite phrase s'envoler:

_ Laissez moi quelques âmes pour le déjeuner.
Ou l'art de se dire au revoir et porte toi bien...

[FIN]

» Kumiko Ayumi : Vous êtes ma future proie.
» Azhdar, le loup errant