Un rendez-vous étrange... [pv] NA

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[Lieu : Les tavernes]

Le calme de la taverne du "Sommeil valeureux" reflétait l'heure tardive... Voilà bien des heures que la nuit était tombée. Deux ivrognes étaient au comptoir. L'un endormi, ivre-mort, et l'autre balbutiant des choses incompréhensibles. Le tenancier semblait sur le point de s'endormir, car il essuyait le même verre machinalement depuis plus d'une heure...
Un coup de vent fit s'ouvrir la porte de l'établissement, ayant pour effet de réveiller en sursaut l'endormi qui bascula en arrière de son tabouret... Le tenancier et l'autre ivrogne regardèrent en même temps la porte grande ouverte. Le vent s'était mit à souffler fort. Pourtant le ciel était très étoilé et ne comportait pas un seul nuage. Aucune tempête ne semblait devoir s'abattre, mais cette bourrasque rafraîchit un peu la pièce dont la température était assez élevée, donc les trois hommes apprécièrent un instant ce petit cadeau. Le patron dût cependant se diriger vers la porte afin de la refermer.
Un homme de grande taille, fin et dégageant une aura significative entra. Les trois personnes devinrent livides. Elles avaient toutes senti l'aura destructrice et pourtant si calme propre aux Akuyôs... Il resta une seconde à la porte, ses cheveux portés par le vent... Cette seconde sembla durer une éternité aux humains effrayés... Il ne les avait pourtant même pas remarqué. Il courut vers les escaliers, traversant la pièce en un instant, laissant les sous-êtres incrédules et livides, dont deux ont mouillé leur pantalon.
Asahi arriva devant une porte qu'il n'avait pas réussi à ouvrir. Il inséra quelque chose dans la serrure et la porte s'ouvrit. Il entra... Personne... Il s'assied sur une chaise dans la pénombre et attend la personne qui l'avait contactée.

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La forêt était un territoire très agréable pour combattre, notamment pour elle qui aimait appliquer sa technique du Jeu ou l'évolution de celle-ci : la souffrance éternelle. En effet, les nombreuses caches que lui offraient les arbres, les buissons et tout autre élément de ce merveilleux territoire étaient une bénédiction pour sa technique. Cependant, à cette heure actuelle, Ayumi n'était point entrain de l'utiliser.

Les deux créatures se trouvaient dans une petite clairière éclairée par les rayons d'un soleil d'Avril. Face à face, le regard l'un dans l'autre, d'aucun ne voulait prendre l'initiative attendant que l'autre attaque, s'interrogeant sur les pensées qui pouvaient bien trôner dans l'esprit de l'opposant. La moindre faille était une raison d'attaquer seulement des failles il n'y en avait aucune et si jamais une venait à exister les deux combattants pouvaient être certains que cela était un piège. C'est pourquoi ils se tenaient face à face.

L'opposant de la petite était de grande taille, presque deux mètres de haut. Il était imposant, large d'épaule et pas moins de bras, sa qualité était visible à son apparence, il était fort mais il n'était que fort. Sa rapidité était considérablement réduite par son arme massive quand à son agilité... cela Ayumi ne pouvait pas le lui dénier. L'homme était donc fort et agile mais elle prônait sur la vitesse, il s'en était rendu compte. Les premières dix minutes à s'échanger quelques passes avaient permis d'évaluer la situation. Le colosse qui n'était autre qu'un Daraku s'élançait tête basse, et portait des attaques qui lui causaient plus de mal à lui qu'à elle. Réalisant que cela ne lui servait à rien d'attaquer de manière irréfléchie, il s'était calmé et analysait. Sans doute pour la première fois de sa vie était-il entrain de réfléchir et tout cela grâce à elle. Cependant ce qu'il ignorait c'est qu'il avait déjà perdu...

Ayumi lancée comme une flèche dégaina Shieien qui dans un mélodieux chant perça la chair de l'éternel. Celui-ci courbé sous la douleur tenta vainement de porter une attaque, la jeune fille ôta son arme qu'elle présenta sous la gorge de l'héritier.

_ Dites-le, exigea-t-elle d'une voix calme mais ferme.

Elle vit le bras s'élever, il comptait certainement porter une attaque mais c'est dans un bruit sourd que son arme heurta le sol et qu'il grogna :

_ Ok, qu'attends-tu de moi ?

Il ne l'avait pas dit. Il n'avait pas reconnu sa défaite de vive voix cependant son attitude laissait comprendre qu'il n'en pensait pas moins et même si en son fort intérieur Ayumi était particulièrement frustrée de ne pas l'avoir entendu se rendre -notamment son sang d'Akuyô qui appréciait ses petites phrases dans laquelle la soumission et l'humiliation vibraient plaisamment- elle sut accepter cette fin. Elle s'éloigna d'un pas, sur ses gardes, puis elle rangea son arme auparavant essuyée sur le dos de sa main. D'un léger coup de langue elle goûta le sang du Daraku - répugnant.
Elle laissa sa main retomber le long de son corps et regarda ce qui fut son opposant. Selon les closes du contrat, elle pouvait exiger ce qu'elle voulait de lui.

_ A dire vrai, j'ai un petit divertissement à vous proposer....

***

La porte du Sommeil valeureux s'ouvrit à nouveau, laissant entrevoir dans l'encadrement de celle-ci la silhouette massive d'un homme recroquevillé. Celui-ci entra, laissant la porte claquer derrière lui. Il se redressa de toute sa hauteur, sa massue sur son épaule, il observa la salle : mis à part trois pauvres âmes, il n'y avait personne. Et si pour l'apéro il se croquait quelques ivrognes ? Il grogna en guise de salut envers ses personnes mais surtout envers son idée et d'un pas lourd il s'en alla vers les escaliers. Suivant les instructions qu'il avait eu, un certain Asahi devait l'attendre à l'étage.

Arrivé sur le palier au dessus, il jeta un coup d'oeil circulaire, se demandant s'il n'y avait personne d'autres qu'il pourrait éventrer, nulle âme. Il pesta dans sa barbe et fit son entrée pour le moins fracassante. La porte traversa la pièce et dans la poussière de celle-ci notre colosse favoris pénétra dans la pièce. Il s'adossa sur le mur et jeta un regard méprisant à l'homme.

_ Alors c'est toi le salaud d'Akuyô qui fout la merde chez les Daraku ?

Personnellement, je doute qu'Ayumi lui ait demandé de poser une question si mal formulée et impolie mais sans doute dans le fond, était-ce l'idée qu'elle avait eu en tête... ou pas...

***

Une atmosphère glaciale se fit ressentir au rez de chaussée tandis que la porte s'ouvrait pour la troisième fois avec une délicatesse qu'elle n'avait pas encore connu depuis ce début de soirée mouvementé. Là, drapée d'une longue cape noire, une figure fit son apparition. La main à la hanche, la tête haute et le dos droit, rien à dire, cette allure était celle d'un guerrier mais plus précisément d'une guerrière. Le regard lent et froid qui parcourut la place eut tôt fait de glacer le sang des tro... quatre personnes qui étaient présentes. Elle les observa tous un instant, en silence avant de venir s'installer à une table, la plus reculer vis à vis des escaliers mais qui ne comportaient aucune fenêtre à côté, une table entre deux murs.
Ses ébènes se posèrent sur le barman, celui-ci tremblait et semblait mort d'inquiétude. Sans doute se faisait-il du soucis pour son petit établissement qui avec les deux âmes au dessus risquait de subir quelques casses en plus de la porte déjà faite et puis... la présence de cette demoiselle ne le rassurait guère. Il ne savait pourquoi mais ce visage lui était familier, sans doute une cliente qui était déjà venue une fois, tentait-il vainement de se rassurer. Étrangement, il commença à supplier en son fort intérieur pour que la vie lui soit laissée ce soir mais la mort lui caressait déjà la joue.

Ayumi jouait avec Michi, elle se demandait où la conversation pouvait bien en être. Évidemment, elle n'attendait aucun résultat de ce Daraku mais au moins il aurait diverti l'Akuyô.

_ Pensez vous que j'ai le temps de vous désosser avant qu'ils ne redescendent ?

Une lueur de folie brilla dans le regard de la jeune fille tandis que Michi se referma d'un coup sec. Le diable était en ville.

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Asahi attendait depuis plus d'une dizaine de minutes et commençait sérieusement à s'impatienter... Pour se distraire, il regardait avec combien de coups d'une seule de ses billes il pourrait détruire le lit qui se trouvait dans la pièce...
Un seul coup... Décevant... Ce lit fait d'un vieux bois ayant pourtant l'air solide était rongé par les termites... Asahi se demandait si le reste de l'établissement comportait cette anomalie, quand soudain la porte vola au travers de la pièce pour s'écraser et éclater contre un mur près d'Asahi qui ne broncha même pas... Un homme massif à la menaçante massue mastoc se tenait à l'embrasure de la pièce.

"Alors c'est toi le salaud d'Akuyô qui fout la merde chez les Daraku ?"

Asahi soupira... Un Daraku... Ou un serviteur de ces derniers... Cette branche de la famille le répugnait. Comment un sang si pur que celui des Akuyôs pouvait avoir un quelconque lien avec celui-là? Incompréhensible... Asahi se releva, assez doucement, ce que l'homme mit à profit pour se rapprocher de lui très rapidement.

*Rapide...*

"Que me veux-tu, chien?"

L'homme ne prit même pas la peine de répondre et abattit son arme sur Asahi... Ou plutôt sur l'endroit où se trouvait Asahi. Il fracassa une partie du plancher aussi facilement que s'il avait été en sucre. Asahi frappa de sa lame le flanc droit de son assaillant. Une gerbe de sang l'éclaboussa quand son ennemi recula d'un pas pour heurter le mur derrière lui. La blessure, pourtant profonde ne suffisait pas à le blesser de manière importante, mais la vitesse de cet homme frêle pourtant l'avait surpris.

"Les espaces réduits sont à mon avantage! Ma technique y est à l'aise et mon épée peut aisément faire les détours suffisant pour atteindre mon adversaire. Mon agilité et ma rapidité ne te laissent aucune chance, et ton arme imposante et lente t'empêche toute riposte efficace! Inutile de lutter, tu es voué à mourir. A moins que..."

L'homme tenta à nouveau l'effet de surprise, mais sans plus de succès. Asahi s'était servi du mur comme d'un appui pour sauter sur son adversaire. Il trancha la tunique de son adversaire et s'arrêta à quelques millimètres de sa peau. Sa lame ne tremblait pas. Elle était aussi immobile que si elle était figée dans un roc. Une goutte de sueur perla sur le front du mastodonte qui lâcha son arme en signe de soumission. Asahi eût un sourire satisfait. Il sauta des épaules de la montagne qui s'était soumise à lui, ramassa la massue et la jeta au travers du mur juste à côté de la fenêtre. Elle passa au travers avec la même facilité que précédemment et vint s'écraser contre un arbre en contrebas, le fissurant et le faisant pencher légèrement.

"Quelle arme puissante, je n'ai même pas eu à mettre de force dans mon lancer. Et si légère... Je comprend mieux ta vitesse... Vu ta Tunique sur le sol, la puissance de ton arme et la beauté naturelle de ton visage, je déduis que tu es un Daraku. Tu n'es pas ici de ton plein gré... Tu as eu l'air aussi surpris que moi en entrant, bien que ça n'ait duré qu'une fraction de seconde, j'ai vu dans ton regard que tu n'étais pas sûr de la raison de ta présence. On t'a sois manipulé, sois forcé... J'en reviens donc à ce que j'allais dire avant que tu ne me coupes la parole, qui t'a envoyé?"

L'homme incrédule n'en revenait pas... Il avait assisté à la capacité d'analyse d'Asahi... Il ne savait pas quoi faire... Il lui était dangereux de répondre et dangereux de ne pas le faire... Il ne savait pas lequel des deux était le plus fou et le plus fort et ne préférais pas tenter de le savoir... Il vit Asahi rengainer son épée! Voilà sa chance!!! Il sauta sur l'homme mince devant lui et tenta d'asséner un coup de poing. Il sentit une douleur atroce dans son bras, puis plus rien... Il s'affala sur le sol, mort.
Asahi nettoya sa lame avec un drap qui traînait. Il laissa au sol son adversaire au bras et à la tête tranchés et descendit. Il avait remarqué depuis le trou dans le plancher un nouveau client dans la taverne, ou plutôt une nouvelle cliente. Un centième de seconde pendant lequel il l'aperçut suffit à voir son expression de visage et à l'analyser. Elle avait cette noblesse dans le visage. Elle devait être Akuyô ou Utsuwa. Il arriva dans la grande salle, enjamba un des cadavres sans un regard pour les personnes au sol dans un bain de sang et s'approcha d'Ayumi, dont il ne connaissait pas encore le nom...

"Et si nous prenions une table? Celle avec l'éclairage sous la forme d'une bougie me semble idéale, qu'en pensez-vous?"

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Quel ennui ! Non seulement ils ne savaient ni se battre ni se défendre mais en plus ils ne savaient pas hurler ni supplier correctement. La demoiselle, assisse sur le comptoir, observait le spectacle ridicule qui s'étendait à ses pieds. Cette oeuvre aurait pu être belle si le souvenir de l'avoir créée apportait quelques douceurs à son âme déchirée ; or ce n'était guère le cas et Ayumi devait reconnaître qu'elle était énervée, très énervée. Pourquoi avait-elle des jouets si peu divertissants ? Ce n'était pourtant pas compliqué de porter sa voix dans un chant de souffrances et de supplications merveilleux et sans fausse note. Si seulement ils avaient su la supplier, si seulement ils avaient su qu'ils ne fallait pas la supplier... Ces misérables l'avaient rendue folle. Elle sentait encore son sang bouillir tandis qu'à son oreille résonnait ce mot qu'elle haïssait et pourtant qu'elle adorait entendre : pitié.

Lentement la jeune fille se remit à laper le sang qui recouvrait encore ses avant-bras, elle en avait été couverte et ses vêtements étaient malheureusement tâchés ; ce qui constituait une raison de plus pour qu'elle soit en rogne. Son regard glissait sur les courbes de la pièce, quatre têtes décoraient un chandelier, quatre mains un autre, quatre tables étaient ornées d'une main, un verre était empli de globes oculaires, un second de molaires et il y avait même une brochette de coeurs plantée dans le bois du comptoir. Les corps sauvagement mutilés gisaient au sol, ouverts sur leur longueur, les tripes à l'air. Ils parfumaient la pièce d'une désagréable odeur. Certains os avaient été arrachés de leur habitat, parmi eux quatre côtes avaient été utilisées pour épingler au mur un des cadavres dont la peau avait été minutieusement arrachée. Vraiment, le tableau était magnifique, dommage qu'elle ne fut pas d'humeur. Ayumi ne ressentait rien ni fierté, ni plaisir, juste de l'ennui. Elle jeta un coup d'oeil vers le plafond tandis qu'elle essuyait le reste du sang sur un chiffon. Là, deux énormes trous étaient présents mais le calme semblait être revenu. Un doux filet coulait dans une coupe à champagne que la demoiselle s'était amusée à placer. Certes, il n'y avait là rien d'amusant mais il fallait bien qu'elle retarde l'ennui au risque de devenir complètement folle. De plus Shieien ne parvenait pas à se calmer. Elle avait pourtant bien fait couler le sang, certes très peu avec lui mais tout de même il aurait pu être satisfait. Cependant elle savait ce qui éveillait son arme... il y avait du sang d'Akuyô dans le coin. Elle ne saurait dire si cela tenait de son sang de Seii ou bien de Nushi mais la présence d'un héritier apportait généralement une ardente envie de combattre.

L'oreille attirée par le pas d'une âme encore en vie, Ayumi se laissa gracieusement tomber du comptoir. Elle se déplaça sans un regard parmi les cadavres afin de récupérer la coupe presque pleine puis elle revient tranquillement à sa place, juste au moment où l'étranger dont elle connaissait déjà le nom arrivait.

La jeune fille tourna lentement la tête vers le survivant. Elle l'observa de son regard froid. Ses ébènes le détaillèrent calmement de la tête aux pieds. De fait, les rumeurs disaient vrai, ce jeune homme n'était pas bien musclé et légèrement efféminé, elle comprenait la rage des Daraku. Pour eux, cela devait être à la fois excitant de combattre un Akuyô renommé mais également humiliant de perdre face à une telle silhouette. Quel pouvait être son secret ? La curiosité envahissait la demoiselle qui résistait néanmoins à la tentation. Elle ne devait pas l'attaquer, elle n'était pas présente pour l'attaquer mais qui serait là pour l'en empêcher si elle le faisait ? Au pire que risquait-elle ? De mourir ? Cette pensée la fit rire en son fort intérieur, mourir, elle ? Quelle drôle d'idée !

Ayumi plongea son regard dans celui d'Asahi. Elle chercha à lire en lui puis sans détourner les yeux, elle lui tendit la coupe qu'elle tenait par son pied entre le pouce et l'index. Bien évidemment, elle savait ce sang répugnant mais elle ne jugeait pas utile de le lui préciser, tout comme elle n'avait pas jugé utile de préciser au Daraku qu'il allait mourir. Ce n'était que des petits détails qu'ils finiraient par découvrir d'eux-mêmes. Pour l'héritier du roi, cela était fait...
De son autre main, la Sanglante fit un geste en direction de la table indiquée par Asahi, l'invitant ainsi à ouvrir la voie, elle le suivrait, puis délicatement elle reposa sa main sur le comptoir quand à l'autre elle vint trouver la garde de Shieien.

Elle n'était pas venue pour lui parler mais puisque son messager avait été un incapable, elle ne pouvait pas repartir sans un mot. En fait, si, elle le pouvait mais sa curiosité la retenait et puis qu'avait-elle à faire là dehors ? Tuer d'autres misérables ? Elle avait exterminé assez de vermines pour cette heure, autant découvrir un peu à qui elle avait à faire et puis, pourquoi s'était-il adressé à elle ?

*C'était moi ou les fantômes...*
Apparemment l'homme la préférait aux morts.

» Kumiko Ayumi : Vous êtes ma future proie.