Tochi, la Terre Sanglante
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 Livraisons perturbées

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Korlen Yann

Korlen Yann


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MessageSujet: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeSam 1 Mai - 19:09

« La Vache… c’est lourd »
Yann évoluait péniblement au milieu de la foule dense qui emplissait la place du marché, il traînait dans un petit chariot les divers produits et commandes de la semaine, et comme tous les dimanches, il allait au marché les échanger contre des vivres et des matériaux… il faut bien assurer sa survie non?
Cependant, dans cette zone de trop forte affluence, il était confronté à deux défis majeur:
1) ne pas attirer l’attention en bousculant involontairement un personnage plus important, ou plus forts que les autres.
2) réussir à se glisser un chemin quand même, pour parvenir à l’étal de monsieur Varty, un petit marchand de meubles qui faisait des commandes à la famille Korven depuis des générations.
« Pousse toi de là, larve »
« désolé monsieur »
*allez quoi… j’y suis presque…*

« dégage »
« pardon madame »
*mais merde quoi… ils le font exprès?*


Qui se souciait d’un petit Ningyô qui transpirait sur son chariot, on allait quand même pas le laisser passer… au contraire, il savait très bien que s’il essayait de forcer le passage, il serait immédiatement pris pour cible par tous ces Utsuwa-chiens de garde qui se pressaient autour de leurs maîtres comme des rats autour d’un bout de fromage…
Et pourtant, le stand de Varty n’était qu’à une dizaine de mètres, il l’apercevait régulièrement entre deux individus pressés… Il n’était vraiment pas fait pour la foule, il était tellement peinard dans sa clairière, c’aurait été tellement plus simple pour le marchand d’envoyer ses serviteurs les chercher… et il en avait des serviteurs, trois grands hommes, tous guerriers, c’étaient eux qui venaient passer commande, de bons gros abrutis bien hautain… c’étaient pas eux qui allaient venir l’aider, ça non, et pourtant ils le voyaient, ils riaient grassement à chaque fois qu’il s’excusait devant un passant.

*enfoirés… bon j’ai promis à Grasdubide de lui apporter ses babioles pour dix heures… il me reste cinq minutes, il va falloir que je fasse quelque chose… genre tout de suite…*
*…*
*pourquoi c’est toujours dans ces moments là que je me dit que j’ai faim…*
*Grouïk*
*bon quatre minutes et j’ai pas bougé*


Il laissa tomber les bras du chariot et se mis à la recherche d’un quelconque objet qui aurait pu lui servir dans cette situation, il portait sur lui le strict minimum: des bombes fumigènes, lacrymogènes, des grenades, son ninjato collait à la transpiration de son dos, il avait bien ses couteaux de lancer, deux collés à son tibia droit par un lien de cuir, d’autres sous sa veste… il avait aussi deux ou trois petits pièges dans sa sacoche droite, mais ce n’était pas ce qui allait l’aider pour le moment…

*je savait que j’aurais dû prendre plus de trucs… à chaque fois j’oublie…*
*une minute*
*bon…*

Il jeta un regard soutenu à sa ceinture, pris une petite boule noire, et la jeta au sol, instantanément un intense nuage de fumée grise s’étendit sur une quinzaine de mètres
*le quatrième stand*
Et il fonça dans le tas, en tirant sa charrette d’un bras, renversant les individus sur son passage de l’autre
Il entendit la voix du Gros Yakasu, le boucher
*un*
Il écarta une petite silhouette sur sa route, une autre
La voix de la jeune Senri, la fleuriste
*deux*
Encore des passants, des toux, une odeur de fromage
*trois*
Et le bois chaud du stand de meubles se fit sentir sous sa paume.
*Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire putain… tout ça pour des chaises…*

La fumée s’éclaircit, et le visage moqueur de monsieur Varty était juste devant lui
« Ce que j’adore avec toi c’est qu’on est toujours sûr qu’il va y avoir un truc désagréablement étonnant… m’enfin t’es à l’heure, c’est déjà ça! Bienvenue Yann! »
C’était un homme qui avait bien su profiter de sa situation la taille de sa bedaine pouvait en témoigner, un petit marchand qui s’était enrichi, avait gagné sa réputation et qui vendait à présent des meubles parmi les plus réputés de la région, et qui assurai aux Korven leur survie, surtout grâce à sa discrétion.
Il posa sa main sur l’épaule du Ningyô, l’aida à se relever, c’était un des rares personnages pour lesquels Yann avait une utilité, il l’appréciait pour cela à juste titre.

« Bon tu m’as apporté ce que je t’ai commandé j’imagine? »
« Voilà! Tout est dans la charrette monsieur!  J’espère que ça ira! Tu sais, je…»
Une main se posa sur son épaule
*Nan…*
On le fit se retourner vivement, trois gardes du corps étaient là, trois bon gros crétins bourrins, qui le regardaient avec le regard caractéristique du « on va te casser la gueule » , derrière eux se trouvai un petit Akuyô grisonnant, au visage grimaçant qui se tenait le nez, un petit filet de sang en coulait.

Les trois gardes de Varty chuchotaient à l’oreille de ce ridicule petit tyran, l’air satisfait.
« faites lui voir ce qu’on fait aux crétins de son espèce! coupez lui les mains! »
Le grand garde eu la surprise de voir un couteau transpercer son bras, qui retenait le Ningyô, la lame se retira et le Ningyô se mis hors de portée, le kunaï en main
« allez, chope ça et cours, crétin! »
Un petit sac de tissu atterri dans ses bras.
« merci, Grosbide de mon cœur! »
Le Marchand sourit en voyant le jeune homme disparaître dans la foule, le sac sur son épaule, et les trois Utsuwa qui lui collaient au train, l’Akuyô lui jeta un regard noir, il lui sourit et retourna à ses chaises de bois.
« allez les filles! »
Sans le lourd chariot, il était beaucoup plus facile pour ce petit être de se faufiler entre les pans de foule que les poursuivants massifs étaient obligés de bousculer.

« tuez le, merde! »
*je les ai énervés…*

Ils avaient sorti leurs sabres, de grands katanas brillants, bien aiguisés, biens nettoyés… il jeta un regard accusateur au petit kunaï poussiéreux qu’il tenait dans la main, soupira et sauta sur un étal, attrapa une enseigne qui annonçait un cordonnier et se hissa péniblement sur le petit toit. Il se retourna, marcha sur les doigts du grand garde qui se hissait, en profita pour lui montrer qu‘il possédait toujours son majeur droit, et le grand tas de muscle tomba lourdement sur le sol, Yann saisit l’occasion, et le petit couteau alla se planter dans la gorge grasse du soldat.
« enculé! Faut le faire descendre, il est bloqué! »
Les deux gardes restants frappaient violemment les poteaux de bois qui retenaient la toiture de fortune, ils cédèrent, et le Ningyô tomba sur le cadavre, encerclé par les deux gardes, les sabres haut.
« et merde! »
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Kumiko Ayumi
Les Mains Sanglantes
Kumiko Ayumi


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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeSam 1 Mai - 23:26

Le "droit chemin", cette forêt où nulle âme saine n'ose s'aventurer seule, livrée à elle-même, voit en ce jour ses arbres écorchés jusqu'à la sève, certains même bien entamés, menacent de s'effondrer. Son sol recouvert de feuilles déchues trahit aujourd'hui le passage d'une meute nombreuse mais également constituées de membres lourds ou pour le moins imposants. Quand à la pauvre végétation alentours.... elle se noyait dans un liquide pourpre et poisseux qui s'était et s'échappait encore des corps agonisants de créatures un peu trop téméraires. Malheureuses bestioles sur deux pattes qui pensaient qu'un bon fer et des muscles d'aciers suffisaient pour survivre la traversée de cette mer de dangers. Bien évidemment, un sabre ou une épée pouvait aisément mettre un terme à la vie d'une misérable bête, notamment si celle-ci était qualifiée de proie mais un prédateur devenait déjà plus difficile à abattre, au mieux il était possible de le blesser. Ces hommes avaient le mérite d'être parvenus -malgré la perte de tout leur effectif, soit dix têtes- à toucher leur cible.

A l'horizon, un chemin de sang se frayait à travers les branches de buissons et d'arbustes fruitiers. Il s'étendait sur plusieurs mètres avant de disparaître brusquement. Où était passée l'animal meurtri par ces vils chasseurs ? Il n'était pas bien loin... il s'était par instinct mis à l'abri afin de panser ses plaies.

Sous un saule, au bord d'une rivière rougit par son sang, rageait un homme mûr. Dévêtu de sa veste, il lapait le sang qui s'écoulait de ses petites blessures, sa main appuyant de toutes ses forces sur son flanc... ou du moins sur ce qu'il en restait.

_ Ces chiens ! Pour une misérable pâtée, ils étaient prêts à me courser à travers toute l'île!
Fort heureusement pour lui, la forêt avait été son alliée. Il ne la connaissait pas si bien que cela, il ne s'y aventurait que très rarement. De fait il préférait l'éviter, elle empestait le sang mais poursuivit comme il l'avait été, son instinct l'avait poussé dans la forêt. Là devenait un territoire qu'il pouvait aisément dompter s'il n'y rencontrait aucune mauvaise rencontre : ce qui fut le cas. Il réduit au silence avec une aisance déconcertante la troupe d'enragés qu'il avait accroché au derrière, les surprenants grâce aux nombreuses cachettes que lui offrait la forêt. Pourtant, il ne lui fallut qu'une racine, une liane rebelle, et le voici qu'il se trouvait dans un mauvais retournement de situation qui l'aurait certainement fait rire si cela avait été un autre que lui. Dans cette position, il eut seulement un soupir avant de hurler sa douleur. Ses poursuivants n'avaient pas eu pitié de lui et dans cet instant de faiblesse ils l'avaient empalé sur leurs lances bien trop affûtées.

_ En même temps, je n'aurais peut-être pas dû m'attaquer aux maîtres...
Un craquement attira son ouïe et dans la périphérie de son oeil droit, il aperçu une ombre. Celle-ci s'approchait paisiblement, sans un bruit. Elle se dessinait plus nettement et prenait la forme d'une jeune femme.
_ Ola, gente demoiselle ! Hurla-t-il
Il tendit une main à l'extérieur afin d'être visible puis ajouta :
_ Pourriez-vous m'accorder un peu de votre temps ? J'aurais besoin d'assistance.

La demoiselle s'approcha sans un mot, sa tête était baissée, son corps dissimulé sous une cape, elle marchait d'un pas lent. Elle fut pourtant vite à ses côtés. Là, une main le saisit à la gorge et deux ébènes se firent voir.
_ Merci pour ce spectacle.
Un craquement se fit entendre et l'homme s'effondra au sol.

*Et maintenant je suis de mauvaise humeur.*
En effet, à peine s'était-elle endormie sur sa branche, au levé du soleil, que ces abrutis étaient venus la réveiller. Ainsi, après avoir observé cette scène sans un mot, une tuerie qui l'avait mise en appétit, elle était venue éliminer les déchets afin d'être certaine qu'il n'y avait plus âme qui vive pour l'empêcher de dormir. Malheureusement elle tournait sur sa branche, incapable de se recoucher à présent.
C'est ainsi qu'elle se décida à errer.

Où ? Elle ne savait guère, il faisait jour, sa vue ne supporterait pas la lumière mais elle avait besoin de voir de la foule. Pourquoi ? Tout bêtement pour faire un petit repérage. Elle manquait cruellement de jeux, son compagnon de fortune avait disparu, et personne ne savait la divertir, personne n'était assez solide pour y parvenir, c'est pourquoi il lui fallait trouver un nouveau jeu.
Elle connaissait bien un endroit, un seul où la foule était toujours présente et où toute classe se mélangeait. Un endroit qu'elle n'appréciait guère car justement trop peuplée mais un endroit où elle passerait aisément inaperçue : Le fichu marché.

***

Drapée dans sa cape, Ayumi se déplaçait calmement parmi la foule. Son sang bouillait dangereusement, agacée par tout ce beau monde qu'elle ne désirait qu'éliminer, pourtant elle se retenait. Elle n'était pas là pour tuer et puis -bien qu'appréciant le danger- elle n'était pas non plus inconsciente d'être seule contre tous.
*Shieien, calme toi* songeait-elle mais au fond d'elle quelque chose la tracassait, elle n'était pas à l'aise ici, et pire, elle se sentait presque... il fallait qu'elle quitte ce lieu. Tout son être lui criait de partir, ou peut-être était-ce elle qui en avait tout simplement ras le bol de supporter ce bruit.

Cachée à l'ombre d'une échoppe, elle aperçut un spectacle pour le moins étrange. Elle observa attentivement, un jeune homme était poursuivi par des gardes. D'après son accoutrement il ne devait pas être bien riche et son sang ne l'excitait guère. Il n'était pas Nushi, il ne devait être qu'une vermine alors. Pourtant, il était intriguant : il ne ressemblait pas à ces autres poupées qui obéissaient bien sagement.

*Encore un spectacle...*
Ayumi soupira en son fort intérieur, elle était prête à partir mais elle n'y parvenait pas. Elle avait juste envie de voir comment cet imbécile d'esclave allait s'en sortir face à des Utsuwa. Le fait est qu'il avait réussi à tuer l'un d'entre eux, ce qui déjà méritait un grand respect pour ce qu'il était.

Délicatement, et avec une grande prudence mêlée à de la curiosité, la jeune demoiselle s'approcha, restant tout de même à l'abri des regards.

*Donnons lui une chance.*
Repérant sur un étalage à côté d'elle un objet quelconque, la sanguinaire contenue le lança vers le pauvre être encerclé. Ce n'était rien d'autre qu'une corde avec un pauvre morceau de métal noué au bout.
*A vous de jouer...*
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Korlen Yann

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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeLun 3 Mai - 22:28

Pof
*Gné?*
Une demoiselle encapuchonnée venait de lui balancer discrètement un bon bout de corde, un pied de biche malmené accroché au bout
*j’ai l’impression qu’on me lance des cacahuètes… bon elle l‘aura cherché*
Le Ningyô releva les yeux, les deux Utsuwas souriaient d’un air moqueur en le regardant, leurs sabres prêts à frapper.
*Ah oui, c’est vrai…*

Il se lança sur le côté, roula pour éviter les deux coups qui vinrent se ficher dans le cadavre au sol, Yann jeta sa main en arrière, à la recherche du petit cadeau inattendu, sa paume finit par effleurer la corde effilée, il s’en empara tant bien que mal, essaya de se relever, mais l’ombre du garde qu’il avait blessé tantôt approchait à son niveau. Vivement , il se jeta sur le côté, et fit tourner la corde à la manière d’un lasso, la barre métallique heurta violemment l’arcade de l’assaillant, dont le sang jailli presque aussitôt, la corde continuait son cercle, visant à nouveau la tête, le garde partiellement aveuglé l’évita en se baissant, et se rua sur le Ningyô encore au sol, le second garde continuait de se battre avec son compagnon mort, pour en retirer sa lame toujours plantée.
« vas-y butte moi cette enflure, j’arrive! »

Yann recula en déséquilibre, pour tenter de se mettre hors de portée de son assaillant, ou de se relever, il ne savait pas trop… toujours était-il que le jeune homme n’avait pas cessé de faire voler le pied de biche au dessus de sa tête, celui-ci revenait déjà droit vers l’abdomen de son attaquant, la lame du katana bien affuté vint trancher la corde qui le retenait, rendant l’arme de fortune inutilisable
*c’était trop beau*

Le garde s’était arrêté pour effectuer son coup, et son compagnon arrivait à présent à sa hauteur, ils marquèrent une pause en toisant le Ningyô bloqué contre un étal
« allez, arrête de fuir tapette et viens te battre, merde! »
« Maisheuu! »
*ces brutes attendent que j’attaque en plus…*

*…*

*en même temps, ils ont raison, au corps à corps contre les deux en même temps*

« héhé »

Ce petit rire sadique pouvait signifier deux choses:
Soit qu’il essayait de se redonner un peu de constance dans une situation désespérée, soit qu’il venait d’avoir une idée qui lui paraissait bonne.
Le deuxième cas de figure peut se révéler très, très dangereux pour tout le monde, et surtout pour lui…
Et ici c’est de ce cas qu’il s’agit

Yann dégaina son ninjato et fonça dans la direction des deux gardes
« Cacahuète attack! »
Le regard circonspect qu’avaient arboré les gardes leur donnait vraiment un air encore plus stupide, et une bonne partie de l’assemblée éclata de rire, c’était exactement la réaction que comptait provoquer le bricoleur, il profita de cette seconde de stupeur-perplexité des gardes pour lancer sur leur visage deux petites boulettes fabriquées à partir d’une coquille de cacahuète, (teintes en violet pour éviter de les confondre avec des vraies, on ne sait jamais) toujours est-il que ces petits projectiles éclatèrent au contact du visage figé des gardes, et un petit nuage pourpre en jailli, c’était ce que le bricoleur avait appelé des grenades aveuglantes.

Le principe était on ne peut plus simple: on ouvrait une cacahuète en deux, on y mettait la ‘poudre magique’ de Yann, c’est-à-dire du sel, du soufre, et un tas d’autres trucs qui vous brûlent les yeux correctement. Cette poudre devait être suffisamment fine pour former un petit nuage à l’ouverture des deux parois de cacahuète, reliées entre elles par un peu de cire d’abeille, en général, un petit choc suffisait. Le lanceur n’avait qu’à viser suffisamment près des yeux, de manière à ce que la poudre les atteigne, et la victime se retrouvait immédiatement aveuglée.
Ce fut le cas ici, le garde de gauche, qui venait à peine de rejoindre l’autre se retrouva instantanément aveuglé, l’autre voyait son œil qui n’était pas recouvert de sang subir le même sort. Yann accéléra sa course, et la lame de son Ninjato fit apparaître une ouverture béante sur la gorge du garde de gauche, laissant jaillir une fontaine de sang gluant qui s’accumula en une flaque rougeâtre à ses pieds.

Yann voulu se retourner pour infliger le même sort à l’autre Utsuwa, mais un éclair froid passa sur son bras droit. L’autre garde avait encore une certaine vision, son œil droit, alors fermé, n’avait pas été atteint par la poudre, il avait suffit au garde d’essuyer le sang pour en retrouver un parfait usage

*Aïe *
Il coupaient vraiment bien leurs sabres, pensa Yann, la lame lui avait entaillé l’avant bras si précisément que la douleur ne se faisait sentir qu’à présent
*merde*
Il avait lâché son sabre, et le garde s’apprêtait à attaquer de nouveau, sans réfléchir, yann courut dans la direction de l’étal qu’ils avaient fracassé plus tôt, le garde le suivait en criant
*Bordel de…*
« Crèèève! »
Il trébucha sur le cadavre, le garde poussa un cri de victoire et abattit sa lame, avant de se rendre compte qu’il s’était empalé sur celle de son compagnon mort que tenait le Ningyô en face de lui.
«Tu t’attendais pas à ça hein crétin? »
*moi non plus*
La lourde masse du garde s’écroula sur le Jeune homme, qui s’en dégaga péniblement. Il se releva, retira la lame du corps de son adversaire, prit le fourreau qui était resté au côté du premier soldat qu’il avait tué, et y remis la lame.
« toi, j’te garde! »
Puis il se remis à courir, il s’empara de son ninjato tombé à terre et s’écarta vivement du lieu du combat en tentant avec peine de se faire un bandage autour de son bras meurtri.
*merde le sac*
Et il se figea.
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Kumiko Ayumi
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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeMar 4 Mai - 19:43

De la chance... ou un semblant de talent ?
*Plutôt de l'inconscience...*

Ayumi regardait vaguement le spectacle qui se déroulait devant elle. La méthode -si c'en était une- de combat de cet étrange énergumène était pour le moins... impressionnante. Ce n'était qu'un Ningyô après tout mais au moins il savait se servir de sa tête même si ce n'était pas tout à fait honnête ou très respectable comme manière d'agir. Ce jeune homme devait être basé sur la survie ou quelque chose s'y rapprochant.

*En même temps... comment s'est-il retrouvé dans cette situation ?*
Ce n'était peut-être pas de la survie mais plutôt de l'inconscience. Oui, Ayumi y tenait, cet être qu'elle observait plus ou moins attentivement devait être complètement inconscient ou profondément débile...
Dans tous les cas, le fait qu'il soit parvenu à tuer deux gardes en un rien de temps méritait une petite considération ; qu'importe comment il y était parvenu. Pour cela, elle pouvait bien fermer les yeux. Cette créature n'était pas un homme à se plaindre de sa situation sans rien faire, il ripostait. Quoi qu'elle le jugeait peut-être un peu vite et puis...

*Je m'ennuie.*
La jeune demoiselle, à l'ombre du stand, avait envie de se divertir. Le spectacle était lassant, il n'était pas de haut niveau et donc pour elle il ne représentait pas un grand intérêt.

Observant les alentours, elle pensait que quitte à être venue sur le marché, elle pouvait au moins en profiter pour se trouver les quelques affaires qui lui manquaient. Des vêtements par exemple, elle les abîmait tellement vite que se saisir d'une ou deux tenues complète en ce jour ne lui serait pas inutile et puis elle avait repéré une petite armurerie.... Comment pouvait-elle résister ? Sa demeure était certes pleine de couteaux, de dagues, d'épées et de sabres dont elle ne se servait pas, elle ne pouvait pas s'empêcher d'en vouloir plus. Après tout, imaginons qu'elle se fasse attaquer par une petite troupe d'Utsuwa désarmés.... Il fallait bien qu'elle équilibre les camps... et puis ces armes lui permettaient toujours de s'entraîner car si elle en égarait quelques une dans la montagne, elle ne s'en voudrait pas. Sans compter les belles armes qu'elle gardait en collection, une lame finement aiguisée, une autre magnifiquement décorée... c'était juste trop beau pour être utilisé.

Se faufilant entre les échoppes, la demoiselle ramassait en toute discrétion tout objet qu'elle pouvait aisément transporter. Elle avait auparavant trouver un sac qui contenait des vivres -qu'elle avait gardé- et divers objets dont elle s'était en grande partie débarrassée car jugés inutiles. Traversant les étals, elle ne prêtait guère attention aux vaisselles, aux meubles -quoi qu'elle en manquait (mais se déplacer discrètement avec une commode sur le dos était osé, n'est ce pas ?) - aux objets futiles tels que les statuettes, les tableaux, ou tout autre décoration dont elle se passait très bien. En revanche elle fit une petite halte vers les vêtements, saisissant tout ce qui avait l'air de ressembler de près ou de loin à sa tenue habituelle, puis elle fit une pause plus longue vers les médecines et l'alimentation. Les stands d'alimentations étaient ce qu'elle préférait. Il y avait toujours quelques discutions entres les marchands. Ces derniers aimaient bien cracher sur leur maître, et le nom était bien évidemment souvent cité. Les petites informations, c'était tout ce qu'elle pouvait récupérer par ici pour le moment. De plus, elle n'avait plus tellement envie de faire de longues recherches. Au pire, elle irait ce soir à la taverne, là-bas il y avait moins de monde et les gens avaient la langue bien pendue.

Oui, ici, il y avait beaucoup trop de monde, et elle sentait la folie lui monter à la tête. Elle craignait de sombrer et elle savait parfaitement les conséquences de cet acte. Non, les morts, elle s'en moquait bien mais elle ne tenait pas particulièrement à éprouver cette nausée, et cette phase de néant...

*Elle est trop belle!*
Arrêtée devant l'armurerie, la jeune demoiselle avait les yeux rivés sur un petit bijou. Elle resta un instant figée devant, détaillant du regard la lame qui se trouvait face à elle puis elle aperçue un petit détail, minuscule...

_ Marchand... appela-t-elle d'une voix basse et sombre.
Ce dernier trop heureux d'avoir une cliente qui au vue de sa tenue et de son sac devait avoir quelques biens intéressants à échanger, s'empressa de venir à ses côtés. Il la salua avec tout le respect qu'il devait à un seigneur -la prenait-il pour tel ?- avant de lui demander en quoi il pouvait bien lui être utile.
Lentement elle releva la tête. Sa main s'empara de la nuque de l'homme qui faisait bien une tête de plus qu'elle avec des muscles assez imposants et elle lui colla le nez à quelques centimètres de la lame qui l'avait un instant hypnotisée.

_Que signifie ceci ?
Le regard de l'homme complètement paniqué, cherchait désespérément une explication à donner. Cependant il ne voyait nullement le mal. La lame qu'il avait sous les yeux étaient tout simplement parfaite. Son maître l'avait terminée le mois dernier, il l'avait admirée, longtemps hésité avant de la mettre en vente puis finalement avait convenu de s'en séparer. Que pouvait-elle avoir pour déplaire à sa cliente ? Il s'excusa platement, gémissant lamentablement qu'il ne comprenait pas son tort.

Ayumi serra les dents. Ainsi ce marchand n'était même pas capable d'observer proprement sa marchandise. Ce petit bijou... c'était si triste.

_ Bien...
La sanguinaire s'empara d'un ouvre lettre qui traînait par là, et s'apprêtait à le plonger dans la gorge du vilain. Pourquoi ?

*Il n'a pas du la protéger en la transportant ou peut-être a-t-il fait tomber une arme lourde dessus...*
Elle n'avait pas la moindre idée du comment ce petit détail avait pu arriver sur cette beauté mais une chose était sûre : là, sur cette lame, il y avait une rayure.
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Korlen Yann

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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeMar 4 Mai - 21:58

Le Ningyô était complètement abattu, toutes ces merdes qu’il s’était trimballées, ce combat, tout ça, il le devait uniquement à ce sac de toile, comme chaque semaine, le marchand y avait mis une bonne part des vivres dont avait besoin Yann pour survivre, si il voulait ne pas passer tout son temps en chasse du moins… et puis, il contenait également de nombreuses choses apparemment insignifiantes, Varty devait y avoir mis tout ce qu’ils avaient convenu dans leur échange, c’était surtout des matières premières: des pièces de métaux, parfois un outil, des tissus de temps en temps, et puis tout ce qui lui servait à faire ses bombes et grenades, il devait y avoir un bocal de souffre, peut être du salpêtre, du plâtre, … non, il n’allait quand même pas repartir sans tout ça, tout ce qu’il avait fait n’aurait servi à rien…
*où est-ce que j’ai bien pu faire tomber ce foutu bout de tissus… réfléchis…*

*…*

*attend voir; quand ces ordures m’ont fait tomber tout à l’heure… oui, ça doit être ça, merde, comment j’ai bien pu l’oublier!*


Le Ningyô se retourna, et commença à retourner d’un pas vif vers le lieu du combat, oui là où il venait de tuer trois Utsuwas, trois Utsuwas qui avaient bien sûr un maître, teigneux en plus… qui devait avoir d’autre serviteurs, d‘autres soldats… qui devaient tous être sur le lieu où il se dirigeait en ce moment même, en n’attendant qu’une chose, c’est-à-dire le tuer lui… et merde…

Comment il allait bien pouvoir faire pour se faufiler au milieu de la foule pour retourner fouiller les alentours d’un cadavre dont il était la cause… il s’arrêta, chercha des yeux un quelconque secours, ils s’arrêtèrent sur une vieille bâche de peau tannée qui recouvrait des réservoirs à viande, il n’y avait personne pour l’observer dans cette petite ruelle, il s’empara du drap miteux, et s’en enveloppa, à la manière d’un manteau à capuchon. Il se remit en marche, se replongea discrètement dans la foule encore excitée par le combat, il vit bien vite qu’il ne s’était pas trompé, il ya avait bien de nouveaux hommes d’armes qui étaient arrivés sur les lieux. Ils ne devaient connaître que sa description… par leur maître, il pouvait donc s’approcher d’eux, si il restait couvert et que l’envie ne leur prenait pas de vérifier plus précisément quel mendiant se promenait en dessous du capuchon, mais il ne fallait pas qu’il tombe sur le maître… même si celui-ci devait être parti depuis longtemps, du moins l‘espérait-il.
Il continua de se glisser au travers de l’attroupement agité, et finit par retrouver l’étal fracassé au côté duquel on avait rassemblé les corps des gardes
*bon ya plus qu’a trouver ce putain de sac maintenant… *

Rien à faire, il avait beau passer et repasser, pas la trace du sac, rien en vue qui y ressemblait, mais les soldats commençaient à prêter attention à ce mendiant qui faisait des allers-retours autour des corps de leurs camarades. Yann s’en aperçu, et décida de s’éloigner un peu, il passa dans le dos des gardes et un objet attira son attention, un objet brillant, il l’avait soudainement aperçue entre deux enjambées de passants affairés, à environ cinq mètres
*une plaquette d’acier*

Elle faisait partie des objets que le marchand lui avait promis, il releva la tête et, à une dizaine de pas environ, il en aperçu une autre, plus fine… en fait, en relevant les yeux, il s’aperçu que presque tout le contenu de son sac lui traçait comme une jolie piste à suivre, il sourit, intrigué, et ramassa le sac de farine, le sachet de plâtre, celui de souffre un peu plus loin, il superposait les objets sur les plaques de métal, on eût dit un serveur distribuant des poudres peu ragoûtantes… le Sel était un peu plus loin, puis le salpêtre l’attendait bien sagement, un peu écrasé, un petit sac de cacahuètes,… mais pas de vivres, nulle trace de la viande, des fruits qu’il était venu chercher… et la trace s’arrêtait, lui qui pensait retrouver son sac, il allait de voir se trimballer toutes ses babioles en équilibre sur plus de dix kilomètres… et oui, la route était longue pour qu’il puisse rentrer chez lui, il avait dû se lever tôt ce matin, pour pouvoir être à dix heures au marché. Il regarda autour de lui, encore des échoppes, plus grandes cette fois, et la foule s’était un peu éclaircie

« il doit bien y avoir quelqu’un qui pourrait m’échanger un sac dans le coin, excusez moi, s’il vous plaît monsieur, je.. »

« recule, sac à vermines! »
*forcément, qui irait adresser la parole à un mendiant dans ce coin… ce déguisement ne me sert plus à rien de toutes façons…*
Il ôta la son manteau de fortune, le plia, et le pris avec lui sur son coude, bien décidé à ce qu’on lui réponde sans le prendre pour un mendiant, il adressa la parole à une grande dame à l’air aimable qui passait.
« pardonnez moi, madame, je… »
« oh mon dieu, pauvre être, dans quelle misère vous semblez vivre! Rien ne sert de demander, tenez, regardez, je donne volontiers, vous en avez plus besoin que moi! non, ne me remerciez pas, c’est inutile! Au revoir! Et ne désespérez pas! »
Yann resta la bouche ouverte en regardant la dame qui s’écartait, puis fixa le pain qu’elle lui avait mis dans les bras…

*c’est vexant…*

Il considéra le pain un instant, puis haussa les épaules, et l’ajouta à la pile bancale qui s’élevait sur les plaques d’acier.
Après s’être bien rendu compte que tout le monde tenait absolument à croire que la seule raison qui pouvait le pousser à leur adresser la parole était pour leur demander à manger, il décida qu’il pourrait bien trouver par lui-même un quelconque marchand qui aurait une besace à lui troquer…

Après un certain temps de lèche-vitrine désespérée, il longea la boutique d’un couturier, il jeta un œil aux marchandises exposées… un sac, il y en avait un, et il était suffisamment grand! Et il y avait aussi un petit écriteau:

« SAC DE TRANSPORT DE VIVRES DE LUXE, PAR LE GRAND CREATEUR MIATO, BRODE OR, CE SAC A ÉTÉ REALISE EN SOIE, D’UNE MAIN DE MAITRE, POUR FAIRE TRANSPORTER VOS METS LES PLUS DELICATS PAR VOS SERVITEURS, LE MAITRE COUTURIER ILLIDOC, RECONNU COMME UN DES PLUS GRANDS ARTISTES COUTURIERS DE LA REGION EN A EFFECTUE LA CONCEPTION. VOUS POUVEZ ADMIRER LES NOMBREUSES ENLUMINURES DONT IL EST ILLUMINE, TOUTES REALISEES EN FIL D’ARGENT, D’OR OU DE SOIE, SI VOUS AIMEZ LE LUXE, CE SAC EST FAIT POUR VOUS!
Nous acceptons pierres précieuses, denrées rares, artefacts de collection, esclaves et autres objets de valeur »

*…*

Le jeune homme continua son chemin, sa pile sur les bras, la plaie sur son bras droit le faisait souffrir, et elle s’était rouverte, un petit fil de sang en gouttait régulièrement
*Il faut que je trouve un sac vite fait, je vais pas pouvoir me trimballer tout ça indéfiniment…*

Soudain il entendit des vociférations apeurées, on s’excusait, paniqué dans la boutique voisine, il y jetai un œil curieux, et cru voir une véritable œuvre du divin, c’était si beau, si pur ,si fin, ce qu’il avait sous les yeux l’éblouissait, tout simplement, là dans la pièce sombre à l‘ambiance tamisée, à l’ombre du soleil, à l‘ombre des regards, là, qui le regardait, juste là, sous ses yeux mouillés il y avait…
« Mon Sac!!! Ouuiii! Je l’ai retrouvééé!! »
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Kumiko Ayumi
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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeMer 5 Mai - 20:03

Dans son dos, Ayumi sentit une présence. Elle l'entendit également. Celle-ci ne représentait aucune menace, cependant le fait qu'une âme soit témoin de cet assassinat la dérangeait mais elle ne comptait pas s'arrêter là. Cet homme méritait son sort, il méritait la mort et elle était là pour la lui offrir. Elle ne ferait qu'un mort de plus par la suite, c'est tout. Dommage pour cet étranger qui se trouvait tout bêtement au mauvais endroit, au mauvais moment.

Le pauvre coupe papier qui n'avait rien demandé et dont la fonction était loin d'être celle à laquelle il allait servir se vit voler au dessus de la gorge du malheureux marchand. Ce dernier paniqué, tenta tout de même de se défendre. Il agitait vainement ses membres, saisit le poignet de la jeune fille qui le tenait fermement et essaya sans réussite à le tordre. Être stupide dont le comportement ne donnait à la demoiselle qu'une envie de meurtre, pire, de torture.

L'objet du crime à venir se retrouva en une seconde figé dans l'oeil gauche de la victime dont le cris résonna dans l'échoppe. Le marché à l'accoutumé si bruyant ne l'était pas moins aujourd'hui c'est pourquoi la sanguinaire ne redoutait pas une émeute dans l'armurerie ; et si cela venait à arriver, elle n'en serait que plus divertie. Elle s'ennuyait tellement, ou plutôt elle ne savait pas comment s'occuper : même les tueries ne l'amusaient plus autant en ce moment. Elle était dans la mauvaise période, celle où son sang maudit l'agaçait, ce sang stupide qui coulait dans ses veines et la rendait selon elle faible. Enfin, cela allait passer, cela passait toujours. Elle ne s'en faisait pas, seulement en ces périodes là, l'ennuie la rendait folle, et quand elle était folle... le pourcentage de meurtres augmentait tout simplement.

Ôtant l'arme de fortune du globe crevé, Ayumi répéta cette action avec le second oeil. Elle ne s'en réjouissait guère mais puisque ce faible n'était même pas capable de se servir de ses yeux pour admirer sa marchandise et en prendre soin, il n'avait donc aucune raison de garder sa vue. Alors qu'elle armait le bras pour une troisième fois, elle se figea. Un soupir gonfla sa poitrine puis elle expira en silence, elle jeta l'homme devant elle. Ce dernier déséquilibré chuta, sa tête se cogna contre une enclume, l'assommant à moitié. Elle souffla d'une voix à peine audible mais toujours aussi froide :
_ Je reviendrai.

Sur ce elle fit volte face, abandonnant le marchand dérouté à son triste sort. Il survivrait peut-être mais son maître chercherait certainement à se débarrasser de lui, sans doute allait-il devenir le goûter du seigneur ou éventuellement la pâtée des petits animaux de compagnie si à la mode ces derniers temps : des drôles de petits reptiles d'un mètre de long attrapés dans un marécage -tout juste découvert- du droit chemin. S'il parvenait bien évidemment à rentrer ou à trouver une âme charitable pour l'aider et le guider jusqu'à sa cage.

D'un geste simple, Ayumi lança le coupe papier qu'elle tenait à présent entre l'index et le majeur en direction de l'âme qui s'était un instant auparavant trouvée derrière elle. La lame infortunée se planta dans une main qui traînait par là et qui lentement se glissait vers le sac qu'elle avait du lâcher afin de châtier le marchand d'armes. Elle posa son regard sur cette vermine, un regard froid, dépourvu d'émotion. Elle l'observa deux secondes, puis elle se baissa, attrapa le sac et partie sans un mot.
La demoiselle avait reconnu cette personne. Elle avait donc décidé de la laisser tranquille, pour cette fois-ci en tout cas.

Sautant sur le toit d'une échoppe avec toute l'agilité et la grâce d'un félin, la guerrière se faufila sur les branches de l'arbre le plus proche et disparue dans les feuillages du droit chemin.
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Korlen Yann

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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeJeu 6 Mai - 17:37

« Hey! Mon sac! Attendez! »
La jeune fille du marché venait de lui repiquer sous le nez… alors c’était elle! C’était elle qui lui avait pris une première fois! Et en plus, elle lui avait lancé un truc sur la main, pour l’empêcher de le récupérer… il se retourna vivement, et la vit escalader l’échoppe qui leur faisait face, il eut juste le temps de lancer sur son sac un petit insecte volant qui s’y accrocha, et elle avait déjà disparu sur les toits avec une facilité qui forçait le respect.
*Aïe*
Décidément, tout le monde semblait décidé à s’en prendre à son bras droit aujourd’hui, il retira le coupe papier de sa main en serrant les dents et constata que la blessure était fort heureusement superficielle, la pointe avait frappé au milieu de la main, elle n’avait pas pu s’enfoncer bien profondément, cette région palmaire est blindée de cartilages et de petits os, elle n’avait fait que se ficher entre l’os du majeur et de l’annulaire, sans en handicaper trop fortement la mobilité.
*elle n’a pas voulu me tuer, ni même me blesser trop gravement… c’est bizarre, m’enfin bon, elle avait l’air tellement occupée, je ne m’attendais pas à ce qu’elle m’attaque… pourquoi est-ce qu’elle s’accroche à mon putain de sac comme un rapace qui chope un rongeur*

Il se releva et sortit de sa grande poche une petite boite en bois, il y avait à l’intérieur un autre insecte, mais moins coloré, un peu plus gros, qu‘il libéra. Il s’agissait en réalité d’un mâle Chryptofère, une espèce d’insectes peuplant la forêt du droit chemin, et l’insecte qu’il avait lancé sur le sac était une femelle.

Après une période d’observation, il s’était aperçu que ces petites bestioles pouvaient être très pratiques; Lors de la période de reproduction, marquée pour ces insectes par l’apparition des baies noires au printemps, la femelle va se poser sur un animal, ou une feuille agitée par le vent, ou n’importe quel objet en mouvement, et s’y fixe jusqu’à ce qu’un mâle vienne l’y rejoindre. Yann avait donc récupéré deux de ces insectes, à l’époque, et, pour simuler la période de reproduction, avait enduite la femelle de sirop de baie noire, il en fit de même pour le mâle, et il lança la femelle, qui à sa grande surprise, vola en une ligne parfaitement droite, puis évita un tronc, et alla se fixer à des feuilles basses agitées par le vent. Le mâle, fixé à un bâton par un fil qui lui laissait une marge de dix centimètres le guidait droit sur la femelle. Après avoir effectué plusieurs tests, il s’aperçu que cette attirance s’étendait jusqu’à environ cinq kilomètres… il avait alors pris l’habitude de marquer ses grosses proies lorsqu’elles étaient sur le point de s’échapper, pour ensuite pouvoir les retrouver sans problèmes…
*je savais que tu serais pratique!*

Il enjamba un homme qui traînait par là, écrasa une sorte de globe visqueux qui se glissa sous son pied, ramassa son bordel et se mis en marche. C’était vraiment pas pratique, cette pile le déstabilisait, le ralentissait, mais il ne pouvait pas l’abandonner. Le mâle Chryptofère s’agitait au bout de son fil, et essayait de rattraper sa dulcinée qui s’enfuyait, il fallait qu’il fasse un choix, soit abandonner les matériaux pour les vivres, soit les vivres pour les matériaux.
Il essaya une nouvelle fois de repérer un sac dans les environs, rien..
Il eut soudain une idée, il posa tout ce qu’il tenait dans ses mains, et déplia la bâche qui lui avait servi à se cacher plus tôt, il mit ce qu’il transportait en son centre, replia les bords et les noua entre eux
*c’est mieux que rien…*
Il jeta son balluchon de fortune sur son épaule droite et sorti du marché sur les instructions du petit insecte agité.
Il ressenti un intense soulagement en sortant de cet enfer surpeuplé, enfin, il respirait, et il ne risquait plus de se faire tuer par un abruti qui aurait vu son pied douloureusement écrasé…, il accéléra sa course, il avait déjà un bon retard à combler. La petite créature noire le guida hors du chemin, droit vers la forêt…

Il ressenti une étrange sensation, mêlée d’angoisse et d’espoir, cette forêt, il y avait passé toute sa vie, il la connaissait par cœur, mais il connaissait bien ses dangers également, et cette étrangère devait en avoir conscience elle aussi… quel genre de personne normale irait se réfugier directement dans la forêt sans être poursuivit, c’était pour la plupart un aller simple pour une longue errance paniquée à la recherche de la sortie, mais il se faisait conduire de plus en plus profondément à l’intérieur des bois, retrouvant un climat familier, ombragé, sombre, glauque. Un autre détail vint l’étonner, la demoiselle laissait très peu de traces, d’ordinaire, il aurait pu laisser l’insecte, et la filer grâce à celles-ci, mais en omettant quelques touffes d’herbe affaissées, des petites brindilles cassées, rien à voir avec le passage d’un guerrier ordinaire, qui laissait sur son passage un véritable chemin dégagé… Cette personne devait être habituée à se déplacer ici, peut être même connaissait-elle aussi bien ces arbres que lui…
Bon, vers où se dirigeait-elle, dans cette direction, il n’y avait pas trente mille endroits où aller, il y avait au Sud-est une petite clairière, qu’il avait nommée clairière de la roche fendue en raison d’un amas de pierre en son centre, il y avait le petit ravin à l’Est et une petite rivière qui formait un point d’eau de l’autre côté… elle devait sûrement se diriger vers le cours d’eau, si elle avait un campement dans les environs, c’était la seule source disponible, et de toutes façon, elle se dirigeait bien trop au nord pour aller vers la clairière, le ruisseau faisait un petit lac sur un de ses petits virages, c’était un coin sympa… et c’était sûrement là qu’elle allait. Mais il allait falloir qu’elle contourne le ravin, et elle devait déjà être en train de le faire, à en juger par la direction que prenait l’insecte, pointant au Nord-est. Il arriva au ravin, pris un instant pour se repérer, et repérer où se trouvait son sac, l’insecte lui indiquait qu’elle se trouvait sur sa gauche, au nord, en amont du ravin, il avait donc vu juste, elle allait contourner celui-ci.
La seule chance de la rattraper qui s’offrait à lui était un pont de fortune qu’il avait remarqué un peu en aval de sa position, un arbre couché qui enjambait la faille, et qui, du même coup, le rapprochait du bras du cours d’eau vers lequel elle se dirigeait.
* allez… pour la bouffe!*
Le bouleau couché était en vue, il traversa rapidement le ravin, au fond duquel d’immenses buissons de ronces l’appelaient à les rejoindre, et arriva bientôt en vue du petit lac.
Il ralentit le pas, l’insecte indiquait qu’il avait dépassé la jeune fille, qui commençait maintenant à revenir vers le point d’eau, elle se trouvait au Nord-ouest de sa position.
Il s’approcha de la rive, et y trouva plusieurs corps étendus, dont un gisait sur le bord du cours d’eau, sa tête étrangement penchée.
L’insecte s’excitait encore d‘avantage, elle ne devait plus être très loin.

*Si je lui tend un piège, je suis mort, non? Ça doit être elle qui les a massacrés…*


À en juger par ce qu’il avait pu voir du caractère et de la puissance de la demoiselle, elle se libèrerait facilement des pauvres petits pièges qu’il avait emporté, et le tuerait effectivement sans hésiter…

*Si je lui arrache le sac, je me fait tuer aussi, n’est-ce pas?*

La question ne se pose pas…

*…*

*Mais si je lui demande gentiment, je risque aussi de crever…*

*…*

*et si elle me trouve la première, et qu‘elle me trouve agressif, je suis déjà mort…*

*…*

*donc y faut que je fasse quelque chose, soit aller la voir et lui demander poliment, soit avoir l’air totalement inoffensif quand elle me tombera dessus…*

*Mais tout à l’heure, j’avait DÉJÀ l’air inoffensif quand je me suis pris son machin pointu dans la patte! Il va falloir que je trouve mieux*

*J’ai faim…*


Il écarquilla soudain les yeux, il avait peut être eu une idée, elle ne s’en prendrait sûrement pas à un pauvre Ningyô en train de grailler… en tout cas pas tout de suite, il aurait au moins le temps de lui expliquer sa présence… du moins l’espérait-il.
Il traversa la petite mare en passant par les arbres, et s’assit sur la rive opposée, bien en vue, il posa son sac de fortune à côté de lui, en sorti le gros pain, et commença à manger en attendant son hôte…

L’insecte devenait presque fou, elle devait être toute proche, il leva les yeux et aperçu sa silhouette dans les branches basses de l’arbre en face du lac.

*hum…*

« Mademoiselle? Heu… loin de moi l’idéeuh… de vous déranger, je ne prétends nullement me battre contre vous hein! je heu.. Suis conscient que cela signerait mon arrêt de mort, je ne prétend pas avoir les compétences nécessaires ne serait-ce que pour survivre dans un duel nous opposant… mais heu… je… vous ai suivie afin de vous demander, enfin j’aurais souhaité vous demander si, par hasard, vous auriez eu la bonté de me rendre la nourriture que contenait mon, sac… enfin peut être simplement une partie, mais heu… comprenez moi bien, c’est pour cette nourriture que je travaille, et je… c’est elle qui me force à quitter ma forêt, croyez bien que jamais sinon, je ne m’amuserais à aller rechercher la compagnie de tous ces abrutis en dehors… mais heu… vous semblez bien la connaître également, et ainsi, j’ai osé penser, que vous me comprendriez un peu, vous qui ne semblez pas faire partie de cette assemblée de moutons engraissés, et que peut être vous accepteriez… »


Il avait dit cela très vite, sans marquer de pause, en s’inclinant, tout en jetant de brefs coups d’œil à la demoiselle de temps en temps… elle n’avait pas bougé, et le fixait à présent…
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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeSam 8 Mai - 19:04

La forêt... le calme de cet environnement doux et chaleureux, bienveillant apaisait la sanglante dont la présence de ces centaines d'âmes avaient eu la mauvaise idée d'éveiller ces instincts meurtriers. Pourtant, traversant ce territoire si familier, la demoiselle commençait à se sentir étrange. Ce n'était pas l'atmosphère pesante qu'elle connaissait si bien ni les nombreuses menaces tapies dans l'ombre qui l'inquiétaient, loin de là, mais elle avait toujours cette sensation de manque qui la tourmentait et s'accentuait à présent. Elle tentait au mieux de l'ignorer, elle accusait l'ennuie de lui gâcher son plaisir et puis elle mettait tout sur le dos de la faim. Son estomac pourtant pas vide, réclamait quelques mets : elle avait fait une bonne chasse aujourd'hui, elle n'allait pas s'en priver, même si ce n'était que de la pure gourmandise car elle avait plutôt bien festoyé la veille.

Tandis qu'elle s'enfonçait dans les profondeurs du droit chemin, la jeune fille sentit une présence qui depuis le marché lui était devenue familière. Cette personne était-elle encore entrain de la suivre ? Dans quel but ? Elle accéléra le pas, se faufilant avec aisance entre les arbres centenaires qui habitaient cette belle forêt. Son attention était toute portée sur la petite âme qui se trouvait derrière elle.
Ayumi était intriguée, comment ce pauvre Ningyô parvenait-il à la suivre dans ce lieu ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à le semer, ne serait-ce que par la distance et les rares détours qu'elle effectuait ? Elle n'en avait pas la moindre idée mais comme à son habitude elle était certaine que les réponses viendraient en temps et en heure. Elle savait par moment être patiente, il ne fallait tout simplement pas trop lui en demander et surtout il fallait savoir à quel moment poser les questions. En général, les duels étaient propices à la conversation ; comme le septième verre à un ivrogne.

Inattentive au chemin qu'elle prenait, la gamine se rendit compte que ses pas la ramenaient au lieu de ce matin. Sans doute était-ce son envie de se reposer dans un endroit charmant pour casser la croûte, et puis outre tous les corps qui étaient à présent entrain de se décomposer, il fallait le reconnaître : le bord de la rivière était un très bel endroit pour faire une petite sieste après un festin. Ayumi en pensant au repas qu'elle allait se faire, se souvint un instant d'une vielle connaissance qu'elle n'avait pas revu depuis des années. Celui-ci était un guerrier sauvage, comme elle, qui avait un don pour la cuisine. Elle se souvint des repas qui à présent lui manquaient un peu. Ce n'était pas tant le fait qu'elle ne sache pas cuisiner mais plutôt qu'elle ne prenne pas le temps de le faire alors forcément, elle ne mangeait pas tout le temps correctement et puis elle avait bien compris qu'un verre de sang, trois fois par jour, lui était suffisant pour vivre. Pourquoi se prendre la tête alors à allumer un feu, faire cuire des aliments pour enfin pouvoir les déguster ?

Revenue au point de départ de ce jour dont les événements avaient été plutôt divertissants -mais pas assez-, la jeune fille s'installa sur sa petite branche après avoir bu une gorgée d'eau fraîche. Elle passa une jambe de chaque côté de la branche, posa le sac devant elle, l'ouvrit, et jeta un coup d'oeil sur ce qu'elle pouvait bien dévorer tout de suite. Elle trouva un morceau de viande qui semblait répondre à ses attentes. Elle le tira hors du sac, accrocha ce dernier sur une branche, à sa droite, un peu plus en hauteur d'elle et commença à manger.

Son ouïe se concentra naturellement sur les bruits d'un petit être vivant qui rodait non loin. Ce dernier selon elle n'avait strictement rien à faire ici mais puisqu'il y tenait, elle allait le laisser traîner encore un peu. Elle le vit s'installer et sortir un pain d'un sac de fortune. Son regard fut attiré par l'objet qu'il tenait en main. Il y avait là quelque chose d'étrange, une sorte de bestiole, toute petite qu'elle avait peine à distinguer. En réalité, d'où elle se tenait, elle ne voyait qu'un point noir et au sol une ombre fine et longue... un cheveux ?

*Un fil plutôt...?*
Elle se demanda ce que pouvait bien être ce drôle d'objet mais n'aimant pas trop se poser de questions auxquels elle n'allait pas fournir de réponse immédiate, elle décida d'y réfléchir plus tard. Quand elle aurait éliminé cet intrus par exemple. Elle l'avait épargné une fois et il avait fait l'indécente erreur de la suivre, elle n'allait tout de même pas lui laisser la vie sauve une seconde fois, si ?
*A moins que je m'en serve...

Alors qu'elle terminait son goûter, Ayumi constata que l'homme avait levé la tête, et l'observait à présent. Une seconde plus tard il se mit à débiter un flot de paroles que la demoiselle écoutait vaguement, ses pensées dirigées sur d'autres questions importantes : qu'allait-elle faire de lui ? Qu'allait-elle bien pouvoir lui faire ? Comment allait-elle le terminer ? A quel jeu avait-elle envie de jouer ?

Elle fronça légèrement les sourcils lorsqu'elle comprit le pourquoi de cette poursuite. Elle dissimula un sourire amusé. Ce pauvre fou l'avait suivie, elle, dans le droit chemin de surcroît, pour récupérer ce malheureux bout de tissus avec les aliments qui étaient compris dedans ? Était-il à ce point inconscient ou avait-il une chance de survie inouïe ? Mais... que venait-il de dire ? Qu'il ne quittait jamais la forêt sauf pour se rendre au marché ? Il ne faisait pas partie de ces poupées que les seigneurs adoptaient comme souffre douleur ? Alors... il était quoi ? Sur cette terre s'il n'était ni Ningyô, ni Utsuwa ni même Nushi, qu'était-il ?

*... une erreur... Un homme libre dans mon monde ? Un faible qui serait parvenu à survivre par lui même ?

Ayumi basculait entre l'envie de l'éliminer dans la seconde même, ou d'en apprendre plus. Cet homme remettait son monde parfait en question. La belle terre que la demoiselle aimait tant, hébergeait un... elle ne savait pas ce qu'il était. Il était un humain, enfin de chair et de sang mais en quoi était-il utile ? Ce n'était qu'une proie dans ce cas là, il devait être présent pour que elle, elle puisse s'amuser un peu.

*Peu importe.*
Oui, en fait il restait un Ningyô, au détail près qu'il n'avait pas encore de maître. Si tel était le cas, il suffirait qu'elle repère sa demeure -celle-ci devait ressembler à une petite maison en bois ou quelque chose du genre, repérable mais pas trop dans le droit chemin- et qu'elle attire quelques seigneurs par là.
Elle verrait.

Son regard fixé sur la créature non loin d'elle, la jeune fille ne savait plus trop que faire. Le tuer ne serait pas si divertissant que cela, à cette heure-ci mais ne rien faire de lui semblait laisser passer une bonne occasion de s'amuser. Or, Ayumi voulait s'amuser.
En un instant elle se retrouva à côté de lui. Elle jeta rapidement un coup d'oeil à l'objet qui l'avait intriguée auparavant, en pris connaissance et nota l'ingénieuse astuce employée pour la traque, puis, elle plongea son regard dans celui de l'homme. Une main posée tout naturellement sur la garde de Shieien. Elle l'observa attentivement. Elle se tenait tout près de lui. D'un point de vue extérieur, elle devait ressembler à un gros chat intrigué par une grenouille ou quelque chose dans ce genre.
Sa voix dans un souffle à peine audible comme à son habitude, laissa entendre :

_ Pourquoi serais-je aussi généreuse ?
Sur cette terre ce n'était pas le travail qui était récompensé alors pourquoi reconnaîtrait-elle les efforts que cet étranger avait du faire pour ces quelques vivres ? Il n'allait pas les récupérer si aisément. Non, elle n'avait aucune intention de les lui rendre et en temps normal il serait même déjà mort cependant...

_ Il est vrai que vous n'êtes pas en mesure de me vaincre... dit-elle en se reculant de ce malheureux.
Elle se redressa sur ses deux pattes et reprit une allure qui lui était bien familière : l'allure parfaite d'un guerrier.
_ ... mais si vous parvenez à récupérer votre sac dans l'heure, il est à vous.
C'était le ticket de survie du jeune homme, il avait plutôt intérêt de le saisir, et bien car la moindre erreur pouvait lui devenir fatale.
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Korlen Yann

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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeDim 9 Mai - 23:14

_ Pourquoi serais-je aussi généreuse ?
*pourquoi je ne suis pas étonné…*
En même temps, pourquoi aurait-elle accepté, elle était en position de force, et puis la charité était à peu près aussi courante sur l’île qu’un vol de dromadaires… De toutes façons, cette jeune personne avait plutôt l’air qu’un tigre que d’un chat dressé.
Cependant c’était étrange, pourquoi avait elle soudain changé d’expression lorsqu’il avait parlé de « sa » forêt, cela l’étonnait sûrement qu’il soit libre… ou plutôt qu’il soit encore libre ou encore vivant
_ Et il est vrai que vous n'êtes pas en mesure de me vaincre, mais si vous parvenez à récupérer votre sac dans l'heure, il est à vous.
Elle venait de prendre la pose standard du « vient bouffer du lion, de toutes façons t‘as aucune chance… » cependant, son  attitude restait étrange pour un Utsuwa de sa dimension… en général, on aurait déjà essayé de le tuer, mais il eut l’impression que la demoiselle cherchait plutôt à le tester, ou à jouer comme un chat jouerait avec sa souris. Elle semblait tellement sûre d’elle-même que le Ningyô pressentait plutôt la deuxième solution, pourquoi fallait-il qu’il se mette toujours dans des situations désespérées?

Et elle attendait qu’il bouge, forcément, elle n’allait pas lui laisser d’ouvertures, elle voulait le pousser à venir se faire tuer tout seul comme un grand, à petit feu, et puis quoi encore, et puis, après avoir fait tout ça, il n’allait pas repartir sans le sac, de toutes façon, elle ne le laisserait pas… et il n’en avait pas envie. Evidemment, elle devait se morfondre, et il ne devait sembler être qu’un Ningyô comme un autre, un souffre-douleur, quoi.
M’enfin bon, soyons réalistes, ils étaient tous deux sur la rive est, parallèles au lac, le sac se trouvait sur une branche d’un arbre qui surplombait le point d’eau, et dont le tronc se trouvait sur la rive ouest… il y avait à tout casser environ cinq mètres d’eau peu profonde d’une rive à l’autre. Il y avait d’autres arbres qui étendaient leurs branches au dessus du point d’eau, qui permettaient de rejoindre aisément l’arbre où reposait le sac. Mais il restait tout de même un problème sur deux pattes non négligeable… Ils étaient face à face, à environ trois ou quatre mètres de distance, le Ningyô était toujours à genoux, le dos droit, son balluchon ouvert posé derrière lui.

Il fallait donc qu’il trouve un moyen de rejoindre ces branches sans se faire découper. La jeune fille semblait tout aussi agile que lui en forêt, et le fait qu’elle ai réussi à rejoindre cet endroit directement, sans se perdre prouvait qu’elle connaissait un minimum la forêt… que pouvait il faire, il ne pouvait pas simplement tenter de la prendre de vitesse… et encore moins engager le combat avec elle… il se débrouillait avec un sabre, mais faut pas déconner non plus…
Bon il ne lui restait plus qu’à faire preuve d’ingéniosité, il connaissait toujours mieux la forêt qu’elle; et il lui restait mine de rien un paquet de babioles prêtes à l’usage dans ses deux sacoches latérales.
*merde, tant pis…*

Il se leva doucement, elle le laissa faire, en le fixant droit dans les yeux, prête à bondir.
« mademoiselle, vous me voyez honoré de voir que vous me laissez une chance, aussi infime soit elle, mais, j’espère que si par miracle je récupère mon sac, vous n’engagerez pas le combat. »
*même si je n’y crois pas une seule seconde… bon c’est partit*


Il y a des fois comme ça, où il faut agir vite, il prit six boules à sa ceinture, deux vertes, deux bleues, deux noires sur lesquelles s’étendait un trait blanc. Il les tenait entre ses doigts, une bleue entre l’index et le majeur droit, une verte entre le majeur et l’annulaire, une noire entre l’annulaire et l’auriculaire, le pouce aidant, il en allait de même pour l’autre main. En même temps que la demoiselle s’élançait vers lui, il lança à ses pieds la boule noire de sa main gauche, lacrymogène, il avait fermé les yeux et retenu sa respiration, il ne doutait pas que la jeune fille en eût fait autant, dans le cas contraire, elle se serait trouvée aveuglée, et suffoquerait déjà, bon, tout dans le toucher et dans l’ouïe à présent, la boule bleue à ses pieds, il jeta également la verte un peu en retrait, et les trois autres sur l’arbre où il devait aller, et il plongea dans l’eau.
La demoiselle l’avait presque touché, au moment où il entra dans l’eau, il senti le vent frais d’un coup de sabre lui courir sur les talons. Cependant, dés que sa tête avait été à l’abri de la surface, la boule bleue éclata en une explosion ahurissante, la demoiselle se trouvait instantanément assourdie.
*Bon, elle ne peut plus entendre ce que je fait, ni voir, il ne lui reste plus que le toucher et l’instinct pour me trouver*
La demoiselle avait dû sentir sur sa peau le souffle de deux nouvelles explosions, une derrière elle, et une autre de l’autre coté de l’eau. Elle ne pouvait plus savoir où il se trouvait dans l’instant présent…
Il vit au travers de l’eau la silhouette de la jeune fille s’élancer vers l’arbre sur lequel devait être perché le sac,… il ne s’y trouvait plus, l’arbre avait été abattu par la bombe que le Ningyô avait lancé à sa base, le lourd tronc avait chu dans l’eau et Yann avait vu le sac tomber non loin de lui, sous l’eau. Il s’en était emparé, était remonté à la surface.
*yataaaa! Ça a marché!!!*
Le nuage s’était dispersé, et la demoiselle sur la rive pouvait voir un abruti avec de l’eau jusqu’à la taille porter à bout de bras un vieux sac rapiécé.
Il arborait maintenant un sourire désolé (sincèrement!!!) et un peu craintif en face de la demoiselle qui le fixait.

*j’espère que je l’ai pas trop énervée, j‘espère que je l‘ai pas trop énervée…*




NDLA: les action d’Ayumi ont étés confirmées par l’auteur
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Yûta
Le Héron
Yûta


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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeDim 20 Juin - 17:56


*Ces techniques... reflètent-elle un savoir faire employé pour la survie uniquement ? Je doute posséder une telle chose...*

La survie, cette volonté de vivre qui dépasse l'entendement et qui ne s'explique par nulle autre raison que cette envie de s'agripper à la vie -parce que celle-ci est aimée ou bien plus souvent parce que la mort est crainte- est un fait qu'une petite minorité ne peut comprendre. De fait, les membres de cette minorité ne tiennent à leur vie que par courte période ; lors d'une mission qui leur tient à coeur, lors d'un duel qu'ils veulent remporter, lors d'un petit moment privilégié : à ces instants alors peut-être, désirent-ils vivre et feront-ils preuve d'un instinct de survie mais la plupart du temps ils se laissent mourir. Ce sont des pauvres créatures qui ne sont ni à plaindre ni à envier car s'ils ne font rien pour changer, c'est qu'ils sont bien ainsi.
Des êtres pareils, Yann en était actuellement entouré. D'abord, il y avait cette jeune fille qui était quelque peu décontenancée par tout ce qui venait de se passer mais qui parvenait tout de même à faire bonne figure. Elle se tenait au bord de l'eau, son regard rivé sur l'homme qui se trouvait à quelques pas d'elle. Ce dernier abordait un grand sourire face à la froideur que portait le visage de la demoiselle. Celle-ci n'était pas réellement énervée -si ce n'est contre elle-même- mais plutôt... agacée, un peu étonnée voir même perturbée (quoi que cela, elle l'était... d'une autre manière). Ayumi fixait ce misérable, comment lui, un être qui n'avait pas sa place sur cette île, pouvait-il parvenir à faire de telles choses ? Son esprit lui passait en détails les événements qui venaient tout juste de se dérouler, elle analysait le moindre geste, la moindre action, rien ne prêtait au combat, tout était dans l'esquive et la fuite. Elle sera légèrement la mâchoire, faisant grincer ses molaires. Cet homme... elle le détestait. Ce qu'elle avait vu de lui -bien que cela fut fascinant et qu'elle admirait toutes ces petites techniques- ne l'orientait que vers une seule idée : il était un lâche.
Ayumi ne pouvait simplement pas admettre que ce jeune homme était quelque peu réfléchi. Contrairement à elle, il ne fonçait pas la tête baisée et il faisait en sorte de rester en vie et surtout en entier dans ce genre de situation débile. Cela elle ne pouvait pas le comprendre, elle ne visait que très rarement la survie. Vivre... pour elle se résumait au combat, et c'est bien parce qu'elle aimait cela qu'elle vivait. Mourir n'était pour elle que le repos qu'elle mériterait à la fin de ses batailles, ou quelque chose dans ce genre. Ce n'était pas encore très clair pour elle. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle ne pouvait pas agir comme cet individu.

Yûta non plus... Ce dernier se trouvait à quelques pas de là. Il était arrivé à la mise en place du jeu et avait eu l'honneur de visualiser en toute tranquillité les explosions. Le comportement du jeune homme lui était étrange, il ne comprenait pas l'utilité de tous ces artifices mais une part de lui parvenait à saisir ces agissements. Lui qui n'avait pas le droit de mourir, parfois se devait de fuir. Son seul soucis étant qu'il ne savait pas encore comment le faire, ce n'était pas une chose que ses maîtres lui avaient appris et comme il ne tenait pas plus à vivre qu'à mourir, il s'en remettait au volonté des autres. Quand Seiichi lui disait de gagner, il se devait de tout faire pour vaincre, quand il lui disait de foncer, de reculer, de rester en vie ou d'arrêter de respirer, Yûta le faisait. Il n'était qu'un pantin qui savait parfaitement comment agir tant qu'il en recevait l'ordre.

Ayumi resta un long moment à fixer cet étranger, elle pouvait le tuer. Son sabre désirait voir le sang de cet importun couler et souiller la pureté de l'eau dans laquelle il baignait. De plus si elle l'éliminait cela faisait un être libre en moins dans son monde parfait. L'idée qu'une personne puisse agir comme bon lui semble sur cette île qu'elle chérissait tant la répugnait. Elle seule devait être en mesure de pouvoir agir à sa guise, tous les autres devaient être soumis aux Nushi, et ces derniers même étaient sous l'emprise des Reihô mais... Sa main caressant la garde de Shieien, Ayumi expira longuement avant de reculer de trois pas. Elle dégageait le chemin pour ce misérable.

_ Bien, comme dit, ce sac est à vous.
La demoiselle le laissait à contre coeur. Elle ne s'était guère divertie et elle avait tout de même quelques effets dans ce fichu sac mais puisqu'il en était ainsi, puisqu'elle n'avait pas précisé la manière dont il pouvait récupérer ce sac et puisqu'elle avait juste voulu voir de quoi il était capable, elle ne pouvait rien faire.

Dans son dos, à l'ombre d'un arbre, Yûta songeait à faire demi tour. Il venait de repérer du coin de l'oeil, l'origine des traces qu'il avait repéré en partance du marché et quelque chose lui susurrait de déguerpir pour éviter les problèmes. Bien sur, il était curieux et si il devait se passer ici quelque chose d'important qu'il pouvait raconter à son maître ou bien lui servir à lui ? Il ne parvenait pas à partir. De plus, il était désespéramment entrain de chercher dans sa mémoire le nom de cette jeune fille. Il était persuadée de l'avoir vue quelque part, ou en tout cas il était persuadé qu'elle était quelqu'un de connue peut-être même d'important.

*J'espère juste que ce n'est pas une Dame.*
Yûta aurait été bien embêté. Ici, il ne repérait aucun seigneur, ce qui était à son avantage, mais le fait que cette demoiselle fusse là le dérangeait. Pourquoi ?
*Je la connais, j'en suis sûr, cette tenue, ce visage...*
Le jeune homme l'observait, et il guettait également la troupe de gardes. D'après la position des individus, il repéra facilement leur cible.
*Étrange, il semblerait que ce soit cet homme qui soit visé...*
Le héron en toute discrétion se rapprocha de la scène, qu'avait cet individu de si particulier pour avoir tout un corps de gardes après lui ?
Ayumi avait senti les présences étrangères, il y avait sept âmes. Elle se tenait prête, si jamais l'un d'eux avaient le malheur de s'en prendre à elle, ce serait un massacre. Elle était énervée. Elle avait juste envie de jouer un peu, et comme elle n'y arrivait pas... seul le sang pouvait l'apaiser.

L'Utsuwa eut un sourire en coin de lèvres, une idée pas bien méchante venait de lui traverser l'esprit. Il se dirigea vers les gardes et tapota sur l'épaule du plus proche, il le fit tenir le silence et lui susurra à l'oreille :

"L'ami de votre seigneur m'envoie en renfort."
Le garde eut l'air de se méfier un instant mais comme il n'était pas en position de savoir si telle était la vérité ou non, et que de toute manière lui et ses camarades étaient en forêt et qu'ils ne pensaient pas qu'un Utsuwa puisse vouloir protéger leur proie, ils l'acceptèrent parmi eux.
"Est-ce notre homme ?"
Le garde fit un signe de tête.
"Qu'a-t-il fait pour enrager votre seigneur et le mien ?"
Le garde arqua un sourcil. Cet homme se devait être au courant s'il était venu en renfort...
"Un messager est venu me quérir, je me suis rendu au marché et l'on m'a seulement indiqué une direction à prendre. Je n'ai eu qu'à suivre vos traces pour vous retrouver..."

*Au fait, je fais tout ça pour quoi déjà ?*
"Le maître veut sa tête, inutile d'en savoir plus." Murmura le garde.
"Bien, qu'attendons nous ?
- Que les mains sanglantes disparaissent.
- Qui ?
- La jeune fille pardi !"


*... ah...*
Maintenant il se souvenait pourquoi ce visage lui était aussi familier. Maintenant il savait pourquoi il la connaissait : à l'époque, il n'y avait pas un jour où son nom n'était pas cité dans son entourage. Seiichi aimait bien parfois lui conter une histoire avec elle comme... héroïne n'était pas vraiment le mot. Enfin, il se souvenait que son maître aurait aimé rapporter sa tête. Un jolie trophée qui lui aurait fait gagner l'admiration et le respect de tous.
Pourtant, elle n'avait pas l'air si forte... Après tout, elle avait perdu face à cet individu...

[Désolé pour l'attente, il a fallu faire le post par mp.]
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Korlen Yann

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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeJeu 29 Juil - 23:23


Yann était un peu anxieux, après le soulagement qui avait suivi la prise du sac, il se retrouvait maintenant face à une guerrière qui n’avait pas beaucoup d’efforts à faire pour le mettre en pièces, et pourtant elle lui accordait la victoire, elle lui permettait de conserver le sac. L’eau même semblait frémir sous l’aura qui émanait de cette personne, elle voulait le tuer, elle était vexée, on le sentait, et pourtant, elle était généreuse, le laissait partir avec son sac.
Pourtant le Ningyô ne pouvait pas s’empêcher d’être vraiment anxieux, il n’était pas certain des intentions de la jeune fille, elle lui avait paru l’incarnation de l’impulsivité depuis qu’il l’avait rencontrée, et pourtant, elle parvenait à se contenir alors qu’il l’avait battue à son jeu. Enfin ce qui inquiétait Yann, c’était que la jeune fille ne semblait plus rancunière, juste écœurée, elle avait l’air de s’ennuyer plus qu’autre chose.
Il fixait la demoiselle, étonné, s’inclina pour la remercier, il sentait que ce n’était on ne peut moins le moment d’être arrogant.

Il s’apprêtait à partir lorsqu’un évènement attira la guerrière et le Ningyô, un véritable vacarme parvenait jusqu’à leurs oreilles, et le bricoleur ne mit pas longtemps pour savoir ce qui faisait ce bruit. « Tout un corps de gardes en armure, équipés jusqu’aux dents qui discutent, on pouvait difficilement faire moins discret… »

Ils ne semblaient pas avoir l’intention de bouger, ils n’étaient pas loin, on eu dit qu’ils voulaient attaquer, mais ne bougeaient pas. Pourquoi étaient-ils immobiles… la raison de leur présence ne pouvait être que la guerrière, qui devait surement être recherchée, ou lui même, en raison de sa petite promenade matinale.

Cependant, s’ils visaient la jeune fille, ils devaient être soit des guerriers très expérimentés, qui n’auraient jamais fait un tel vacarme en arrivant, soit totalement inconscients, et dans ce cas, pourquoi n’attaquaient-ils pas? La réponse vint au pauvre petit Ningyô, ils étaient là pour lui, et ils attendaient qu’elle parte pour lui sauter dessus, pourquoi cela n’arrivait-il qu’à lui? On supportait donc si peut de le voir libre?

C’est vrai que ça n’était pas courant, non, on pouvait même dire qu’il était le seul Ningyô à avoir la chance d’être libre. Il devait cela en grande partie à ce bon gros monsieur Varty, un des rares Akuyô à s’être consacré à sa passion, aussi humble soit-elle, et qui n’aspirait pas aux désirs de domination et de puissance, ce qui était généralement le cas de ses confrères. Yann lui permettait d’exercer sa passion en lui fournissant ses commandes, pourquoi donc l’aurait il dénoncé ou révélé aux autres? De la même manière, il ne désirait pas non plus asservir cet homme, et il portait de l’attention à son travail, il avait donc gardé le secret sur son existence pendant des décennies, en commerçant avec eux, il leur avait même permis de prétendre qu’il était leur maître lorsque les rares individus qui découvraient leur habitation leur demandaient qui ils étaient. Et de cette manière, nul autre seigneur n’était venu les priver de leur liberté. Mais si jamais Varty mourrait, là Yann se retrouverait dans la merde, pour parler franchement, jamais on ne permettrait qu’il puisse vivre sans un supposé maître…

Mais pour le moment, il était encore libre, même si il se trouvait en danger, et qu’il avait un choix à faire.
Après avoir un peu étudié ce personnage, il lui semblait qu’elle attendait qu’il parte, justement pour qu’il puisse se faire poursuivre, depuis le début, il avait l’impression qu’elle l’utilisait pour se divertir, depuis qu’elle lui avait lancé ce truc au marché en fait… elle devait sûrement attendre de voir comment il allait se débrouiller face aux gardes, jusqu’à maintenant, il semblait l’avoir déçue, son regard de dégoût en témoignait, peut être qu’en adoptant une attitude moins… lâche, qui sait…
Mais il sentait aussi qu’elle mourait d’envie de trancher de l’Utsuwa… si il partait, les gardes le poursuivraient, finiraient bien par le rattraper, il pourrait en tuer deux ou trois, peut être quatre, et il finirait par se faire abattre, alors seulement elle viendrait pour les terminer. C’était pas vraiment une bonne solution.

Et si il fonçait dans le tas?

Si pour une fois, il essayait de ne pas fuir? Il ne lui restait pas grand-chose en stock, deux couteaux en bon état et un qu’il avait récupéré sur un garde, ses sacoches de bombes lui semblaient atrocement légères, il n’avait plus que son sabre et des lames de lancer, il pouvait, en profitant de l’effet de surprise que cela provoquerait, en tuer un ou deux… et puis, il était sur son terrain, non? Ils devaient être un peu moins d’une dizaine, vu le bruit que produisaient leur barda, pas plus… bon pas moins de six non plus, de toutes façons il allait crever si il fuyait, face à lui il y avait la demoiselle, et derrière, les gardes.

« Je suis désolé, je suis conscient de vous avoir ennuyé depuis ce matin, vous deviez sûrement espérer un meilleur combat, en me venant en aide, et je suis conscient de vous avoir déçue, je m’excuse également de vous avoir poursuivie, cela n’a du provoquer qu’un ennui supplémentaire pour vous, notre jeu ne vous a pas amusé non plus, mais vous avez bien sûr entendu cette bande d’abruti qui nous observent, ils sont là pour moi je n’en doute pas, ils vous craignent, et ils ont bien raison, ils ne vous procurerait aucun amusement de tuer des proies si faibles, mais si vous le permettez, je peux essayer de vous offrir un spectacle moins piètre que ce que vous avez pu voir plus tôt, je ne suis qu’un Ningyô, mais je peux toujours essayer de vous distraire, enfin je l’espère »


Elle continuait de le fixer d’un air blasé, on aurait dit un petit tigre pépère, les pieds dans l’eau qui regarde un rat déplumé se faire attaquer par une bande de chiens errants, mais il sentait que cela avait ravivé sa curiosité, car elle était curieuse, il en était sûr à présent, elle n’aurait pas observé son combat au marché, ni erré dans les rues sans raison, pour arriver dans l’armurerie, tout cela était sûrement guidé par la curiosité de ce guerrier félin.
Elle regardait avec la même étincelle dans son regard droit ce rat tourner les talons sans dégainer son arme, qui fonçait droit sur l’endroit où les gardes étaient dissimulés.

Ils s’agitaient se relevaient péniblement, dans de grands mouvements désordonnés, il avait raison: ils ne s’attendaient vraiment pas à ce qu’il charge, il les voyaient maintenant, six gardes en armures, deux avec des lances, les quatre autres armés de sabres, et une ombre discrète qui disparaissait dans la forêt derrière eux. Ils n’étaient vraiment pas habitués à combattre en forêt, on le voyait, ils trébuchaient en se relevant, et semblaient même paniquer.
Le Ningyo senti comme une lueur d’espoir venir en lui, il était pourtant seul contre six, il courait droit dans leur direction, ils n’étaient qu’à deux ou trois mètres à présent, les lanciers étaient en première ligne, entre deux arbres, les quatre autres se bousculaient derrière, il ne fallait pas dégainer trop vite, se rappela Yann, en revoyant cet homme, ami de son père, et grand guerrier qui était venu souper chez eux, il pris appui sur un arbre, s’élança vers un autre, pris de la hauteur pour s’aider d’une branche pour poursuivre son saut. Il se retourna, face au sol, et vit en dessous de lui les gardes, il était parvenu à prendre suffisamment de hauteur pour passer au dessus des lances, et ceux qui les maniaient étaient à présent totalement déséquilibrés. Il saisit l’occasion, il fallait éliminer les sabres en premier, les deux couteaux qui lui restaient ne demandaient que ça, il était au dessus de ses cibles, elle n’avaient pas de casque, les lames vinrent se ficher droit dans les nuques poisseuses de deux Utsuwa surpris qui s’écroulèrent. Il atterrit tant bien que mal, trébucha, tomba sur le dos, il se releva juste à temps pour dégainer et parer l’attaque du plus prompt des gardes, les lames s’entrechoquèrent au dessus de sa tête. Il y avait de la force dans cette frappe, beaucoup plus que ce que l’Utsuwa pouvait produire, mais c’était à son avantage, il fit glisser la lame de son adversaire sur son côté droit, qui, emporté par sa force, trébucha, et s’empala sur le couteau que le Ningyô avait dégainé de la main gauche. Ils n’étainent plus que trois contre lui, les deux lanciers et le guerrier au sabre restant, ils approchaient doucement, prudemment, séparés d’un arbre chacun. Yann n’avait plus d’armes de lancer, sa blessure à la main droite le faisait souffrir, et une douleur le frappait par vague au niveau de sa cheville droite.
Il prit un instant pour observer la situation: un lancier à droite, un à gauche, et le sabre au centre. Il sourit et s’élança sur sa gauche, entre les arbres, pour venir sur le côté de la petite formation, face au lancier qui ne pouvait qu’observer, sa lance bloquée par les arbres trop nombreux, quelle idée de se battre avec une lance dans une forêt… les arbres empêchaient ses alliés de le contourner, il était piégé, il lâcha sa lance mais n’eu pas le temps de dégainer son sabre, la lame du ninjato lui transperçait la gorge. Cependant, le Ningyô, trop plein d’espoir, et surtout surpris par sa performance, ne pu parer la lance qui transperça le corps du garde qui s’écroulait, et elle vint se ficher en haut de sa cuisse droite.

Il fixait le lancier par-dessus l’épaule du garde mort, il ne pouvait presque plus s’appuyer sur sa jambe droite, mais la lance était bloquée dans le cadavre. Il roula sur le coté du corps encore debout, et évita le sabre du deuxième garde de justesse. Il recula péniblement, pour se mettre hors de portée des deux gardes qui riaient face à ses difficultés, il ne pouvait plus fuir, pourquoi donc se presseraient-ils? Le lancier abandonna son arme et s’empara du sabre qu’il avait à la ceinture les deux Utsuwa riaient ouvertement en s’approchant .

« alors, comment on te finis, tu te rends? »

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Kumiko Ayumi
Les Mains Sanglantes
Kumiko Ayumi


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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeDim 1 Aoû - 18:01

_ Qu'en est-il de vous ?

Le timbre de cette voix à lui seul suffisait à glacer le sang des personnes présentes. Il était dépourvu de chaleur, menaçant et direct. Aucune hésitation, aucune plaisanterie ni même force ne se trouvait dans ces paroles, il n'y avait qu'un murmure, quelques mots libérés parce qu'il le fallait, parce que la situation l'exigeait. Cette voix bien sûr appartenait à la sanguinaire. Elle seule pouvait se faire entendre dans un susurre de manière distincte. C'était une voix que personne ne pouvait oublier : sans doute parce qu'elle leur rappelait leur rencontre avec la demoiselle.

Celle-ci par ailleurs se tenait derrière les Utsuwa. Michi caressait la gorge dénudée du garde à gauche. Si ce dernier avait le malheur d'effectuer ne serait-ce qu'un mouvement suspect, il suffirait à la gamine d'un geste du poignet pour lui trancher la jugulaire. Quand au second opposant, Shieien ne demandait qu'à s'en occuper.
Un rictus se dessina sur les lèvres d'Ayumi : ces misérables pensaient-ils qu'elle s'en irait ainsi ? Elle ne comptait pas partir de sitôt. Elle n'allait pas laisser cette occasion de se divertir, depuis le temps qu'elle recherchait quelque chose à faire.

Son regard se porta sur la faible créature qui lui avait proposé un spectacle, celui-ci avait été bien piètre mais il fallait le reconnaître, elle en avait retiré quelques intérêts. Premièrement elle avait pu constater que ce lâche savait se débrouiller. Deuxièmement, qu'il pouvait quand il le voulait se battre ; bien que cela restait quand même minime par rapport à ce qu'elle attendait de lui. Troisièmement, elle...

_ Restez en dehors de cette histoire, nous sommes là pour lui.

Les paroles atteignirent la jeune fille. Une lueur brilla un bref instant dans son regard : comment cet insecte osait-il s'adresser à elle ? Le flanc de Michi s'appuya un peu plus contre la gorge de l'homme. Ce dernier déglutit et rajouta un faible :

_ S'il vous plaît mademoiselle...

Ayumi relâcha la pression. Elle se recula d'un pas. Elle restait sur ses gardes, dès fois que ces jeunes importuns aient dans l'idée de la prendre en traître : quoi qu'ils pouvaient toujours essayer, elle doutait fort qu'ils réussissent ne serait-ce qu'à la blesser, frôler ; eux qui n'étaient même pas parvenus à se défaire d'un simple Ningyô. Elle entendit le souffle du menacé trembler. Ce dernier tentait de se calmer et il se persuadait que tout allait à présent bien se passer. Cependant la jeune fille pouvait ressentir son stress, son petit coeur affolé ou en tout cas elle pouvait visiblement voir les tensions qui parcouraient chaque muscles de ces survivants. Elle prit une profonde inspiration tandis qu'une légère brise se leva. Celle-ci s'engouffra dans sa chevelure et lui caressa le visage.
Un effroyable sourire se dessina en coin de lèvres...

Il est là. Tapit dans l'ombre, il observe. Son regard attentif. Son regard... à peine présent. Ayumi sentait glisser sur sa peau une irritation. Son âme se gonfla d'une désagréable sensation mêlée à de l'excitation. En effet, apportée par le vent, une odeur qu'elle connaissait trop bien venait de chatouiller son odorat. La gamine l'avait déjà repéré mais cette fois-ci la distance était réduite, son parfum était plus fort, elle le voulait. Depuis le temps qu'elle l'attendait, il était enfin là, juste à quelques mètres d'elle. Pouvait-elle se rapprocher plus encore, venir l'admirer de plus prêt ?
*Souiller mes mains de son sang ?*

Sa langue caressa le coin de ses lèvres. Ayumi se redressa et ferma un instant les yeux. Elle savoura cette délicieuse présence puis dans un susurre elle se prononça :

_ Prenez le, je n'ai que faire de cette créature.

Ces paroles surprirent les deux gardes qui d'un bref regard s'interrogèrent : était-ce un piège, pouvaient-ils le saisirent sans qu'elle ne les en empêchent ? Pourquoi alors était-elle intervenue au moment où ils avaient toutes les chances de l'avoir ? Ils se tournèrent comme un seul homme vers le serviteur quand Ayumi rajouta :

_ Montrez vous, Cher Héron.

Il y eut comme un silence. Une courte pause tel un mauvais feuilleton durant lequel nul n'osait émettre le moindre bruit ni faire le moindre geste puis les gardes se retournèrent, s'observèrent et prononcèrent le nom du légendaire. Ils n'en croyaient pas leurs oreilles pourtant un lien se tissa dans leur esprit. Ils réalisèrent soudainement qu'en effet, la personne qui les avait rejoint ressemblait fortement à cet Utsuwa disparu mais ils ne purent s'empêcher de dire :

_ Vous devez certainement vous tromper, cet homme est mort.

Et pourtant... Ayumi ne pouvait avoir tort. La personne qui se cachait là ne pouvait être que lui. Elle le connaissait que trop bien pour avoir ne serait-ce que l'ombre d'un doute.

_ M'enfin comme renfort celui là, il ne vaut rien... Il faudra qu'on le rapporte au maître.

Un cris étranglé se fit entendre juste avant qu'un corps ne s'effondre au sol, la carotide tranchée. La jeune fille essuya Michi sur l'intérieur de son poignet puis jeta un regard à l'autre garde. Ce dernier se recula, s'effaçant presque derrière le bricoleur...

Ayumi observa ensuite un point de la forêt, elle l'attendait et s'il ne venait pas, elle irait à lui.
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Yûta
Le Héron
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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeMar 3 Aoû - 13:19

Papotant avec les gardes dont toute la concentration était dispersée, Yûta avait plaisir à observer l'inefficacité de ceux-ci. Ils n'étaient pas entraînés pour ce genre de mission, la furtivité était de loin leur point faible et puis ils n'étaient pas attentifs. Ce travail, ils le faisaient parce qu'ils devaient le faire, parce qu'ils risquaient d'être éliminés s'ils ne parvenaient pas à l'accomplir : ils n'avaient pas la volonté. Cette force qui boue au fond de l'âme et qui donne le courage d'avancer un jour de plus, qui permet de se donner jusqu'au dernier souffle, passant outre toutes les souffrances, toutes les peines possibles à endurer. C'est une chose qui leur manquait, contrairement au Héron. Ce petit piaf, persuadé d'être devenu un bon à rien, avait assez de panache pour aller jusqu'au bout de ses ambitions, et s'il n'en avait pas, il avait au moins ses promesses.

Cachés, ils patientaient, ils attendaient le bon moment mais ils ne s'attendaient guère à cette situation. Leur proie fonçait droit sur eux. Elle se dirigeait dans leur direction, sans arme, et Yûta décida de se reculer en toute discrétion. Il était après tout venu observer et bien qu'il aurait pris par au jeu, il se demandait pourquoi cet homme venait si aisément à eux. Dans le doute, il était préférable de se tenir à l'écart, après tout, il ne savait rien de ce bougre, de plus il y avait la demoiselle. Si les rumeurs étaient aussi vraies qu'elles en avaient l'air, il était donc prudent de ne pas trop s'en approcher.

Le combat entre les gardes et l'homme fut bref et le champion étouffa un rire. Ces serviteurs n'avaient pas fait long feu, il fallait croire que leur maître leur déplaisait ou... peut être considérer ce jeunot comme quelqu'un d'assez fort. Malheureusement du point de vue de l'oiseau, cela était peu probable. Non, ils étaient tous faibles mais certains étaient tout bêtement plus rusés que d'autres. Ce qui semblait être le cas cependant tout dérapa et voici que le Ningyô se retrouva dans une mauvaise posture. Intéressé par ce retournement, Yûta daigna tourner la tête afin de voir ce qui se passait exactement. Néanmoins ses sens furent attirés par un autre événement : quelqu'un approchait. Son regard se ferma un instant, son ouïe se concentrant sur les bruits de pas, si légers, si agiles. Il savait qui venait mais il n'était pas visé, ce n'était pas lui la victime, non, c'étaient ses compagnons. La voix qu'il entendit soudain lui glaça le sang. Comment se pouvait-il qu'un timbre fusse dépourvu de toute vie ? Bien sur il pouvait être étonné, lui qui ne montrait plus aucune vie dans son regard, lui dont le corps même trahissait l'absence de toute passion. Il était une loque, un blasé et puis... cela lui allait bien.

Les actions qui suivirent retinrent l'attention de Yûta qui s'allongea au pied d'un arbre, laissant sa tête basculer en arrière. Il laissa sa fine oreille le guider à travers les moindres gestes et paroles des protagonistes présents. Avoir de la compagnie était une chose qu'il avait oublié, il ne se souvenait que de celle de son tendre maître. Celle qu'il n'avait pas su garder. Un soupir pesa sur sa poitrine lorsqu'il fut tiré de ses pensées par une sombre voix. Il reconnu Ayumi et le pire était que celle-ci s'adressait directement à lui... à l'ancien lui, à la légende, ou tout simplement au piaf qu'il était. La sanguinaire l'avait appelé le Héron. Elle l'avait donc reconnu, sans même le voir ? Juste par sa présence ? Celle qu'il avait pour habitude de dissimuler ? Ou était-elle parvenue à l'entrevoir entre deux bourrasques ? Les questions jusqu'à là étaient inutiles, ce qu'il lui fallait c'était agir.

Son nom tant glorifié à l'époque lui donnait à présent des frissons. Il reflétait toute la grandeur de son incapacité, de son échec, de sa honte. Il en souffrait mais n'était-ce pas là un délice ? Lentement il se releva, embêté que des tiers aient pu entendre ce nom. Il ne voulait pas que l'on cria sur tous les toits son retour. Pour le moment, les gens le pensaient disparu, voire mort et cela lui allait très bien mais voilà qu'une gamine haute comme trois pommes vint à crier sans gêne aucune sa réapparition. Il n'était pas heureux pourtant il savait qu'un jour cela arriverait.
Soudainement il vit une échappatoire, l'un des gardes venait de périr, il n'en restait plus qu'un et il ne lui faisait aucun doute qu'il ne survivrait pas. L'homme ou la sanglante finirait par le tuer, pour une raison x ou y, et au pire, peut-être pourrait-il s'en débarrasser lui même... L'idée de tuer un confrère pour une raison aussi futile le dégoûta. Du sang, n'en avait-il pas assez fait couler ? Bien sur, il en ferait couler encore et encore mais pas aujourd'hui, pas tout de suite.

Yûta hésitait, devait-il se montrer ? Il pouvait toujours disparaître, prétendre ne pas l'avoir entendue et prendre la poudre d'escampette mais... que lui voulait-elle ? D'où connaissait-elle son nom, comment l'avait-elle reconnu, quel était son point faible ? Les mains sanglantes comme premier présent à son maître.... Il y songeait mais un combat lui semblait pour le moment dérisoire. Il avait tant de choses à faire, il avait tant de choses à régler avant de retrouver une vie qu'il n'avait pour le moment aucune motivation pour se battre contre elle.

Dans un geste peu déterminé, le jeune homme décida de faire son premier pas, en direction de la demoiselle. Il s'avança prudemment, prenant appuie sur Yûyake. Son regard clos, il n'osait l'observer. Il ne savait pas comment la considérer. En revanche il laissa ses yeux gris sans vie glisser sur les courbes du Ningyô puis il s'inclina légèrement en direction d'Ayumi.

"A qui ai-je l'honneur et en quoi puis-je vous être utile ?"

Pour le moment, mieux valait être prudent.
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Korlen Yann

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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeMer 4 Aoû - 14:57

Yann avait écouté à moitié la petite discussion entre les différents protagonistes de la petite troupe.
Il avait tout de même partiellement atteint les objectifs qu’il s’était fixés: il était vivant, pas trop amoché, et il avait quand même étalé quatre Ustuwas, lui, un esclave…
Il fallait quand même noter qu’il avait profité d’un avantage certain, l’effet de surprise, premièrement, puis l’incapacité des gardes à agir de concert, le fait qu’ils n’avaient pas l’habitude de se battre en forêt, qu’il y ait eu parmi eux des lanciers, tous ces points étaient autant de chances supplémentaires données au Ningyô.

Il ressentait une sorte d’appréhension, de panique, il avait envisagé de se retrouver dans cette situation, où la sanglante ne résisterait pas à l’envie de venir cueillir les restes, mais maintenant qu’il voyait la lame sur la gorge du garde s’éloigner, une pensée survint, il avait bien vu une ombre s’écarter tout à l’heure non?
Il semblait que, tout comme lui, la sanglante semblait plus intéressée par ce petit bout d’ombre que par les deux gardes, il était habité par une véritable panique, un pressentiment, une angoisse, toute l’excitation de la guerrière, une véritable euphorie meurtrière difficilement dissimulée, effrayait Yann, Que pouvait donc être cette ombre pour qu’elle puisse être à ce point extatique?

Il en avait presque oublié les gardes, l’un d’eux s’écroula, vomissant son sang, devant lui, et il pouvait voir l’autre reculer vers lui, le cœur battant… non, il n‘allait pas le laisser faire... Il lui bouchait la vue! La lame du Ningyô se glissa entre les côtes de l’inconscient et transperça le palpitant organe.

Le Héron, elle l’avait appelé le Héron. Ce nom résonnait entre les oreilles du bricoleur, il l’avait déjà entendu, de nombreuses fois, on en parlait comme d’un Champion révolu, tombé, d’une ancienne légende… Il ne savait pas exactement de qui ou de quoi il s’agissait, tout ce qu’il savait c’est qu’il n’allait louper pour rien au monde une occasion de satisfaire sa curiosité.

Il se recula pour s’adosser à un arbre, posa son sac à ses côtés, et retira de sa sacoche dorsale un morceau de tissus et un cataplasme. Il appliqua celui-ci sur la sanglante entaille qui lui trouait la cuisse, et la banda du tissus grisâtre avec une grimace.
Son regard fut Capturé par la silhouette qui sortit finalement de sa cachette… c’était ça le Héron? Une loque vêtue d’un long manteau noir qui approchait prudemment, appuyée sur un long bâton, l’air branlant, fatigué, les yeux fermés? Dans cette silhouette on ressentait pourtant de l’ampleur, de la force, et surtout, on percevait l’aura du personnage, qui, malgré son apparence placide, possédait cette étrange force, celle qui fait savoir aux autres que derrière ce manteau de misère se cache un grand combattant.

Il ouvrit un instant les yeux, et accorda un regard dépourvu d’intérêt au Ningyô blessé, puis, referma ses paupières et renvoya son attention à la jeune fille.
Yann se redressa, s’installa plus confortablement, attrapa le tanto qui était tombé de la veste du soldat mort, ainsi qu’une branche assez épaisse, et il renvoya son attention aux deux acteurs.
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Kumiko Ayumi
Les Mains Sanglantes
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MessageSujet: Re: Livraisons perturbées   Livraisons perturbées Icon_minitimeMer 20 Oct - 0:25

Son sang bouillait, son corps frissonnait, son regard le dévorait ; il était là, devant elle. Il était... Ayumi serra légèrement la mâchoire. Qu'était-ce que cette chose ? Ce qu'elle avait sous les yeux n'était qu'un fantôme de cette île bénite, il n'était ni champion, ni même être qui vaille la peine d'être nommé vivant. Ce n'était qu'un corps, une sorte d'enveloppe charnelle qui voulait tant bien que mal se faire passer pour humaine. Ayumi dévisagea cette créature qui osait se prétendre homme, elle l'observa de la tête aux pieds, chaque détail de sa personne passait sous ce regard inquisiteur.

_ ...
*Je vois*

En effet, la demoiselle comprenait ce qui se tenait devant elle. Ce qui était autrefois un majestueux volatile - car il était bien le héron, elle ne pouvait se tromper là dessus-, avait aujourd'hui perdu ses ailes. Quel misérable avait donc pu réussir une chose pareil ? Qui avait pu oser s'en prendre à cette légende ? Mais surtout qui l'avait devancée ? Une rage certaine s'éveillait dans le coeur de la jeune sanglante. Sous quelle immonde stratégie cet Utsuwa avait-il bien pu succomber ? C'était un fait, aux yeux d'Ayumi jamais personne n'aurait pu venir à bout de cet oiseau sublime en combat loyal, mis à part elle bien évidemment.
A moins qu'il ne fusse pas si exceptionnel...
Peut-être que son jugement avait été influencé par toutes ces rumeurs extérieures. Peut-être s'était-elle laissée tromper dans sa quête d'un adversaire à sa hauteur. Peut-être qu'elle s'était efforcée de croire qu'il était majestueux... ou peut-être existait-il un être encore plus fort, tout simplement.

La vague d'excitation s'était dissipée, laissant place à la déception que la demoiselle cachait à la perfection. Sa main caressait avec tendresse Shieien, ce dernier aurait tellement aimé goûter au sang légendaire, mais ce n'était pas pour ce jour. Les deux parties le savaient. Ils attendraient donc que le Héron redevienne lui-même, et si cela ne venait jamais, ils feront un massacre avant d'éventuellement trouver un nouvel adversaire. Après lui, il y avait bien celui que l'on nommait le Paon.
Mais pour le moment, il fallait patienter... encore.

_ Je crains que dans votre état vous ne me soyez d'aucune utilité.

Ayumi observait toujours cet homme, la dernière fois qu'elle l'avait vu, il avait la fonction de ses deux yeux avec une cicatrice en moins également, des cheveux longs bien coiffés... il avait en effet beaucoup changé...

_ Je vous retrouverai quand vous serez à nouveau digne d'intérêt...
*Si cela arrive un jour*

En effet quelque chose soufflait à l'oreille de la jeune demoiselle qu'il était fort probable que le Héron ne revienne jamais, sans doute parce qu'il ne le désirait guère mais peut-être qu'elle se trompait, ou peut-être voyait elle juste : le Héron pouvait en effet jamais revenir mais un autre pouvait bien prendre sa place et ce par ce même jeune homme qui essayerait de changer de vie... Seul l'avenir pouvait le lui dire et pour le moment il était préférable de ne pas y penser. Il y avait là bien trop de déception pour s'en faire de nouvelles et si elle ne pouvait avoir son duel en ce jour, alors elle attendrait.

Jetant un regard désintéressé sur la misérable créature qui les observait, la jeune fille fit un léger signe de tête pour saluer les deux protagonistes avant de se détourner d'eux. Il n'y avait en ce lieu plus rien qui ne la retienne ; elle pouvait donc poursuivre sa route et si ces êtres abandonnés désiraient la rattraper, libre à eux de le faire car elle se déplaçait sans précipitation. C'était d'un pas posé qu'Ayumi s'enfonçait dans la forêt, guidée seulement par sa volonté de voir autre chose, ailleurs. Elle devait changer d'air : ici, il était bien trop... pour qu'elle puisse l'apprécier. La rare odeur de sang provenait d'une basse extraction, cela lui donnait la nausée ; elle avait besoin de savourer un sang plus noble, souillé d'égoïsme, d'arrogance et de vices. Ou pouvait-elle trouver une telle perle ?

*Il me trouvera*

Pourquoi irait-elle chercher qui que ce soit ? Dans cet univers si parfait, il lui suffisait d'aller errer en ville ou dans une petite ruelle pour se faire agresser par maintes personnes et il y avait bien plus de chances que ce fussent un seigneur qu'un malheureux serviteur... à moins que celui-ci ne fusse suicidaire.
Marchant tranquillement, Ayumi se perdait dans ses pensées, Mai approchait... Le spectacle des poupées aurait bientôt lieu, peut-être cette année pourrait-elle participer ? S'était une chose à laquelle elle pouvait songer, après tout cela était un divertissement comme un autre seulement elle ne s'était pas inscrite.... alors pour l'année prochaine... Septembre était malheureusement encore loin pour obtenir ce qu'elle désirait réellement... Sa patience se faisait de plus en plus rare ces derniers temps, peut-être lui manquait-il quelque chose ?

*....*
Ayumi chassa cette pensée de son esprit, ce n'était pas le moment de s'assombrir les idées, elle était assez de mauvaise humeur. D'ailleurs cela se sentait, une aura néfaste l'entourait...
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